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3,28

sur 85 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
''Hildur, je suis encore morte''. Tels auraient pu être les derniers mots de Siggý à sa fille dans la lettre qu'elle vient de recevoir. Car Siggý, mère et femme fantasque, aimait mourir...d'ennui, de chagrin, d'autre chose. Pour mieux renaître...dans les rires, les chants, les danses. Cette fois pourtant, sa mère est vraiment morte et Hildur sent les souvenirs l'envahir : Siggý dansant dans la salon en riant et elle couchée dehors dans la neige pour ne plus la voir; Siggý toute habillée dans son bain, le rimmel lui coulant sur les joues tandis que l'eau refroidit; Siggý laissant les chats envahir sa maison et leur donnant plus d'attention et d'amour qu'à ses propres enfants; Siggý triste ou joyeuse, mais jamais maternelle. En se rendant sur l'île de Flatey dans la petite maison jaune qu'elle lui a légué, Hildur revit son enfance, les extravagances de cette mère qui n'en fut pas une, la fuite de son père, les moments de répit auprès de Láretta, sa grand-mère. Comment, après tout cela, aurait-elle pu être mère à son tour ? le mal qui la rongeait, l'impossibilité d'assumer la maternité et une maison isolée, voilà les legs de Siggý à Hildur qui doit elle aussi renaître pour se retrouver.

Etrange et onirique, ce premier roman au titre poétique exerce une sorte d'envoûtement sur le lecteur, un peu comme l'Islande ensorcelle les voyageurs. Entre rêve et réalité, souvenirs pesants et moments de grâce, les pensées d'Hildur s'envolent des excentricités d'une mère bipolaire au prosaïsme d'une grand-mère plus terre-à-terre, de la difficulté d'être mère à l'espoir d'être heureuse un jour. Sur cette terre isolée, on se laisse porter par la beauté des lieux, la solitude d'Hildur, le poids de ses souvenirs et l'espoir qui renaît grâce aux yeux vairons d'un pêcheur de l'île. J'ai toujours ton coeur avec moi est un roman d'amour, l'amour d'une fille pour une mère imparfaite mais terriblement vivante qui lui lègue une clé, celle de sa maison jaune ou celle d'un avenir moins sombre. Un très beau roman, sauvage et sensible.
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magnifique écriture, l'Islande, la brume, la pluie, un hommage à la mère, et à la mer, très beau portrait de femme. Petit bijou à mon sens.
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Une femme va enterrer sa mère au nord de l'Islande et va prendre possession de sa maison perdue sur une petite île. Lui remonte alors les souvenirs douloureux de sa relation tourmentée avec sa mère.

Dit comme ça, cela pourrait donner l'impression d'un roman un peu triste. Et bien non ! Car nous sommes au coeur de l'Islande sauvage et que Soffia Bjarnadottir réussi à nous faire ressentir les forces invisibles de la nature et la poésie tellement particulière à ce pays. Mais la lumière vient aussi du fait que l'auteur nous parle de résilience et de comment aller de l'avant, même quand la vie n'est pas tendre...

Un très beau premier roman !
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Voilà un texte étrange car il résiste un peu, la narratrice entremêle passé et présent (un présent situé en 2018-2019, mais aucun effet d'anticipation, plutôt un élément de plus dans le côté décalé de ce premier roman), elle (ou sa mère ?) semble avoir des hallucinations bizarres, des mouches, des vers, des plumes collées, des cheveux gris, une tête dans un évier. Et puis il y a ce personnage de Siggy, une mère qui ne l'a jamais vraiment été et n'a donné aucune clé à sa fille pour devenir à son tour femme et mère. Elle lui a plutôt transmis un mal-être dont on découvre la nature à la fin et qui fait partie de la « résistance » : j'avoue que je n'avais rien lu ou presque sur ce roman, je n'aurais pas pensé à cela (je suis naïve, je me laisse raconter une histoire) et je préfère ne pas le révéler ici (le roman ne fait que 142 pages).

Une fois cette explication donnée, on comprend mieux comment la mort de sa mère pèse sur la jeune femme mais elle fait quand même passer Hildur de la résistance à la résilience, à travers un parcours semé de souffrance, de tristesse, d'incompréhension, d'angoisse. Et on se dit que cette jeune auteure a un don pour raconter la folie, le deuil, pour se glisser avec empathie dans la peau d'une petite fille ou d'une femme adulte qui n'ont pas les codes « normaux » pour affronter la réalité. Tout cela est raconté par petites touches, par courts chapitres et finit par créer le portrait attachant de Siggy et de Hildur, entourées par quelques hommes qui leur tiennent la main ou balisent leur chemin, le temps de quelques pages ensorcelantes.
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Avec ce roman de Soffía Bjarnadóttir, je me suis replongée dans cette atmosphère propre à la littérature islandaise (que l'on retrouve, par exemple, dans les livres d'Auður Ava Ólafsdóttir). Il y avait ce quelque chose de poétique mais en même tant de mystérieux… Un déchiffrage qui ne peut se faire que par l'émotion, par cette sorte de curiosité affective et émotive que le lecteur/ la lectrice développe tout le long de sa lecture…

J'ai toujours ton coeur avec moi parle avant tout d'une relation mère/ fille. D'un manque, d'un vide à combler. Mais c'est aussi un chemin vers un soi plus profond, vers la vie, les rêves et les choix que l'on a pris et/ou qu'il nous reste à prendre. Un voyage de pensées qui permet à Hildur de bâtir son deuil sur fond de souvenirs… Un dialogue avec le réel et ses créatures mystiques…

Ouvrez donc la première page de ce livre, laissez-vous emporter par cette brise de mots, par ce flot de poésies, par cette plume froide, fantasque et touchante qui vous séduira à coup sûr !
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J'avouerais volontiers qu'en ce qui concerne ce roman, je me suis plus laissée entraîner par l'origine géographique, la couverture et la confiance en l'éditeur qu'autre chose. Résultat, je n'avais plus aucune idée du sujet du livre au moment où je l'ai ouvert, plusieurs mois après son achat. Les histoires de mères dépressives ou bipolaires ne m'attirent pas forcément par elles-mêmes, et pourtant dès la première page, c'est bien de cela qu'il s'agit.
Hildur s'envole vers l'Islande pour enterrer Siggy, sa mère qu'elle n'a pas revue depuis des années. On comprend rapidement que sa survie à elle dépendait de cette éloignement avec une mère qui n'en avait jamais vraiment été une. Hildur, devenue mère à son tour, se devait de rejeter cette enfance aux pieds d'argile, ces années passées à être la plus forte, la plus blindée, face à une génitrice éthérée… Hildur revient vers l'île de Flatey, et une petite maison jaune dont elle hérite, mais qu'elle n'a jamais connue.
C'est là une façon bien terre à terre de résumer ce roman, car avec Soffia Bjarnadottir, dont c'est le premier roman, cela part tout de suite beaucoup plus dans le bizarre, l'étrange, l'inhabituel… Des notations comme « l'hiver des lombrics », le « rêve des mûres » annoncent un récit rempli de métaphores, d'allusions à la nature hostile, de situations rêvées ou vécues, on ne sait pas trop, de brèches ouvertes dans des souvenirs trop présents encore. Heureusement, quelques rencontres, comme celle d'un ancien ami de sa mère, ou d'un homme aux yeux vairons, ramènent par moments les pieds sur terre à Hildur, laquelle en a bien besoin.
Même si le thème ne m'enthousiasmait donc pas, je me suis laissé porter par ces pages, qui plairont à celles et ceux que ne déroutent pas les récits parfois oniriques, emplis de situations insolites, et parfois déroutantes. Bravo au traducteur qui a, autant que je peux en juger sans connaître la version d'origine, bien rendu l'atmosphère singulière et la belle langue de ce court roman.
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Voici un livre typiquement islandais et islandais féminin car j'ai retrouvé des atmosphères et des émotions rencontrées lors de la lecture des livres de Auður Ava Ólafsdóttir et Steinunn Sigurdardóttir. Cette histoire de mère indépendante, décalée, un peu folle et de sa fille qui vient assister à ses funérailles sur l'île de Flatey et qui avait des relations très distantes avec elle, m'a beaucoup touchée. Surtout parce qu'on sent que la fille, qu'elle le veuille ou non, a hérité de sa mère et que sa vie n'est pas si différente de la sienne. Pour son premier roman, Soffía Bjarnadóttir nous livre une histoire lente, mélancolique, pas vraiment triste pourtant ; une histoire, peut-être une de plus, où l'héroïne regrette, au moment du deuil, de n'avoir pas mieux compris sa mère, tout comme peut-être son propre fils ne la comprendra jamais.
C'est un roman très court, c'est peut-être son principal défaut car j'ai le sentiment que l'autrice avait encore des choses à nous dire. Nul doute qu'il y aura un second ouvrage dans quelques temps ...
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C'est un petit roman tendre et profond sur le deuil. Les souvenirs et les regrets. Hildur perd sa mère, cette mère qu'elle n'a jamais su comprendre, cette mère un peu absente, toute à ses délires. le deuil permet de repenser les liens, les siens avec sa mère, les siens avec son fils, quand Hildur a été mère à son tour. Les liens de Siggy, quels hommes peuplaient sa vie, il y en a-t-il seulement eu ? C'est un petit roman très poétique, très imagé, à la manière de la littérature islandaise. Et c'est ce qui me plait, cette écriture imagée, poétique, et crue à la fois, pour illustrer le trivial. La plume peut dire l'atrocité avec du beau. C'est une petite prouesse, des lignes qui donnent envie de vivre, rallument l'espoir dans le noir. J'ai beaucoup aimé embarquer dans cette contrée froide mais pleine de couleurs, dans ce deuil lumineux, dans ces bilans de vie. Des personnages apparaissent, comme par flash, puis disparaissent et reviennent quelques pages plus tard. Ils ont tous un petit air mystique, des mots choisis, frappant au coeur.

J'ai beaucoup aimé l'ambiance, la construction poétique, qui m'a rappelé celle de le rouge vif de la rhubarbe, Ava Audur Olafsdottir, elle aussi islandaise et publiée aux éditions Zulma. Je crois que j'ai un faible pour la littérature islandaise...

Et vous ? Connaissez-vous la littéraire islandaise ? Avez-vous des titres à me conseiller ?
Lien : https://librairieenfolie.wor..
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Hildur apprend le décès de sa mère, Siggy. Sur le trajet qui la mène à l'île où à lieu l'inhumation (et la dernière demeure) de sa mère, elle se remémore la vie décousue avec sa mère, mal intégrée dans la société et qui s'est peu occupée de ses enfants. Adulte, Hildur rencontre également des difficultés et se réfugie régulièrement chez sa grand-mère. Les personnages déstabilisants sont toutefois très attachants. La langue très belle et poétique plonge le récit dans une ambiance très réelle, mais à la fois irréelle. Pour avoir eu le plaisir de les écouter lors d'une rencontre, j'ai pu apprécier la complicité de l'auteure et son traducteur, aussi bien à l'écrit que dans la vie réelle.


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La folie, la famille, le deuil sur fond de paysage islandais
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