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3,28

sur 85 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Coup de coeur pour ce premier roman de l'écrivaine islandaise Soffia Bjarnadottir !

Novembre 2018, Hildur est en route pour l'île de Flatey, une île perdue au large de l'Islande, pour rejoindre la petite maison jaune que vient de lui léguer Siggy, sa mère, qui n'est plus de ce monde. Une mère dont elle dit: "Qui était cette femme? Ce n'était pas ma mère. Pourtant elle m'avait mise au monde.Voila pourquoi il m'arrive de l'appeler maman. Je la vénère et je la crains, comme le dieu Shiva qui façonne et défait toute chose".
Siggy était une marginale, " un touareg solitaire", " qui portait en elle une blessure profonde qui parfois se rouvrait"....une blessure qu'héritera aussi sa fille. Une relation mère-fille d'une force indéfectible, pourtant apparemment inexistante. le titre du livre , d'ailleurs, qui vient d'un très beau poème de E.E. Cummings fait référence à cette blessure de la mère ressentie par la fille à l'évocation du cerf du poème qui meurt dans la forêt," je sens la blessure de Siggy qui gonfle, s'embrase comme une forêt et disparaît..."
D'autres personnages insolites peuplent ce récit émouvant, Grand-mère Laretta, "vierge" pudique, seul refuge d'Hildur, Kafka, le voisin de maman,sensible et introverti,son coéquipier " d'équipes de secours", Théofilus ,l'homme à tout faire, David, l'homme aux yeux vairons et bien sûr ,Tumi.......je vous laisse le découvrir.
C'est une histoire douloureuse et très triste, mais la plume pétillante ,pleine d'humour et de poésie de l'auteur la rend unique dans son genre.C'est ce que j'appelle Littérature !
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Hildur qui n'a pas vu sa mère depuis de nombreuses années, apprend que celle-ci vient encore de mourir mais cette fois pour de bon. Elle se rend donc à ses obsèques et alors qu'elle est en route, le passé s'abat sur elle comme "un tas d'ordures sur un royaume de ruines fumantes ". Son esprit dérive, elle se souvient de Siggý , cette femme qui l'a mise au monde mais dont la santé mentale défaillante l'a empêchée d'être un mère aimante. Un trouble émotionnel important ravive chez Hildur des plaies profondes et mal cicatrisées. La douleur qu'elle en ressent provoque une reviviscence de ses propres troubles névrotiques qui ne lui ont pas permis à elle non plus d'être une mère comme les autres.
Le roman de Soffía Bjarnadóttir est tout simplement envoûtant. L'errance d'Hildur à l'ouest de la réalité au gré du souvenir , de l'imagination et du rêve est à l'image de l'Islande, pays isolé à la beauté sauvage, pétri de contes et de surnaturel depuis la nuit des temps.

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Et si la mort d'une mère pouvait signer une seconde naissance?

Siggy est morte et Hildur ressent comme un trou dans son coeur à l'annonce de ce décès. Pourtant elle ne l'a plus vue depuis si longtemps.
Entre elles, ça n'a jamais été l'amour fou ni l'amour fusionnel. À seize ans, Hildur quitte le domicile conjugal, comme son frère quelques années auparavant. Pourquoi?
Parce que la vie avec Siggy était impossible. Emprise avec un mal qu'on pourrait qualifier de bipolaire, cette mère n'avait aucune conscience de ce qu'elle pouvait faire endurer à ses enfants. Hildur étouffait, devait se protéger pour survivre à la cohabitation avec cette mère insaisissable.
Hildur se réfugie chez sa grand-mère qui lui offre une vie aux allures à peu près normale. Mais elle ne peut rester plus longtemps, elle a besoin de s'éloigner encore plus. Elle parcourt le monde et devient archéologue. Et puis cet appel téléphonique d'Islande la chamboule, elle doit assister à l'enterrement et surtout revenir sur les traces de sa mère.

Une fois sur l'île, elle retourne dans la maison léguée par la défunte, que va-t-elle pouvoir trouver? Comment sa mère va-t-elle encore la surprendre? Deux hommes changeront ce voyage. Il s'agit de Kafka, surnom pour l'amant sa mère et David, un homme aux yeux vairons qui l'émeut et l'obsède.

Elle repense à sa vie, sur cette relation étrange, sur les mécanismes de défense qu'elle a dû inventer contre sa mère, comme de s'imaginer insecte, s'imaginer au-dessus de cette mère et filtrer la réalité.
Je pourrais continuer à écrire les citations qui m'ont troublée tout au long de l'histoire, mais je crains de ne recopier tout le livre. Ce petit bijou d'une petite centaine de pages est une réelle surprise.
Le livre flotte entre le réel et l'imaginaire. Hildur utilise des métaphores pour expliquer ses remparts contre sa mère et le réel nous ramène douloureusement à la mort. Comme un poème, il nous transporte parmi les beaux paysages de l'Islande, j'y ai vu la brume qui s'élève, les phoques et les elfes secourant les âmes perdues.
Il faut accepter de se laisser prendre par la main et de se laisser guider par Hildur. J'ai lu quelques avis négatifs par ici qui reprochent à ce livre de ne pas être « clair », de jouer sur les sous-entendus… Ce procédé me parle beaucoup plus que si tout était écrit noir sur blanc.
La mort est tristement présente et pourtant, je n'ai pas ressenti de lourdeurs. Les chapitres sont courts et permettent de souffler, d'observer la vie de Siggy et de s'interroger sur ses intentions envers ses enfants. J'ai aimé voir l'évolution d'Hildur, qui a hérité, malheureusement, du caractère dépressif de sa mère mais qui tout doucement, retourne à la lumière et puise dans ses forces pour s'extraire de ce destin. Comme le souligne une autre blogueuse "Beaucoup de ténèbres, certes, mais aussi une belle lumière."
Lien : https://pagesversicolores.wo..
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