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En retournant de chez ses parents : lui, le père
nonagénaire dégoulinant sur son fauteuil roulant et elle,
la mère, dont l’ego était si éblouissant qu’il brûlait
toutes celles et ceux qui l’approchaient, il envoya ce
texto à ses enfants : « si un jour je me suicide, je
n’aurais pas besoin de laisser un mot ! »
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C’est au moment et au centre d’une curieuse torpeur
que Toussaint se murmura : « Moi, je regarde et
considère ces jeunes gens comme s’ils avaient mon âge
et, eux, me voient comme si j’avais le mien…»
Au bruit d’une feuille froissée, il se retourna.
Pourquoi le regardait-elle ainsi ?
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Depuis longtemps, très jeune, déjà, il parlait de la
vieillesse, de sa vieillesse et le voilà ce matin,
septuagénaire, en train de se brosser les dents en se
mirant dans la glace de la salle de bain…
En fait, de cet état, de cet âge, il n’en savait rien.
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Ainsi va la vie, on perd de vue des amis très chers
irremplaçables au détour d’un jour, ou à la fin d’une
interminable nuit on ne sait même plus s’ils sont vivants
ou morts et soudain…
Lecture des textes de Jean-François Bory par Julien Blaine au Festival de Poésie Marseille 4eme, en novembre 2007 au Musée D'Art Contemporain de Marseille.