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Citations sur Comme à la guerre (55)

Mes grands-pères se sont battus, ont écrit [dans leurs carnets intimes] et se sont tus. Ils ont été héroïques et sont revenus à des petites vies modestes [après la 2e Guerre mondiale]. Sans la ramener. Eux qui ne disaient rien, nous qui parlons trop.
Nous parlons trop et on ne s'entend pas. Des enfants de colonisés, des petits-enfants de déportés, des arrière-arrière-petits enfants d'esclaves se livrent à une concurrence victimaire féroce qui crispe l'ensemble de la société. C'est une sale bataille où tout le monde perd. On préfère s'engueuler à propos d'hier plutôt que de construire demain. Si vous n'êtes pas d'accord, comparez les audiences des articles sur les polémiques mémorielles et de ceux traitant de l'environnement.
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J'avais vu assez de gamins abandonnés, affamés et rongés par des maladies évitables pour apprécier à sa juste valeur l'environnement privilégié dans lequel évoluait mon rejeton. Avant sa naissance, la souffrance d'un enfant me heurtait, naturellement, mais un efficace mécanisme de distanciation protégeait mes émotions. Désormais, lors de mes séjours en Inde, en Afrique ou dans le métro parisien, le spectacle des petits crève-la-faim me retourne, la carapace tombe en miettes. Dans le même registre, les blagues pédophiles me font un tout petit peu moins rire. La paternité m'avait rendu à la fois plus fort et plus vulnérable.
(p. 35)
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La bouche pleine de loukoums, [mon fils] a demandé :
- Papa, tous les gens, ils sont gentils ?
Dans ma tête : non, pas tous, loin de là. Il y en a qui torturent, tuent et mangent d'autres gens, et il y en a même qui ne trient pas leurs déchets.
(p. 261)
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Une vraie mixité sociale venait chercher ses colis sous les néons [de la Poste] car nous étions tous égaux devant le facteur qui dépose un avis de passage sans sonner à vote porte (parce que les facteurs sont des feignasses, si vous êtes de droite, ou parce qu'ils sont pressurés par les cadences impossibles imposées par des méthodes de management glaciales, si vous êtes de gauche).
(p. 247-248)
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On doit s'y résoudre : la croissance d'un enfant s'accompagne de la perte progressive de son innocence. C'est une loi de la nature et ça vous fout en l'air. Etrange sensation que cette nostalgie par anticipation, ce bonheur presque douloureux qui s'empare du parent, spectateur privilégié d'une existence qui démarre, des premières fois qui, par définition, ne se reproduiront pas et nous renvoient à ce que nous ne serons plus jamais. La joie pure de vivre ces moments le dispute à la mélancolie de les voir disparaître, engloutis par le cours des choses.
Dans une dizaine d'années, ce petit être qui murmure 'coucou papa' au réveil sera un adolescent qui écoutera de la musique pourrie, se branlera trois fois par jour, emploiera des expressions que je ne comprendrai pas, me considérera comme un vieux schnoque ; et je l'aimerai comme au premier jour.
(p. 102-103)
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Sa grammaire encore imparfaite (il persistait à dire 'ils sontaient' pour 'ils étaient') se hissait légèrement au dessus de celle de certains footballeurs.
(page 216)
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Mon grand-père a peut-être tué quelqu'un. Plusieurs personnes. Peut-être pas. Il est probable que lui même n'en ait rien su. Des rafales lâchées à l'aveugle derrière un talus, qui sait où atterrissent les balles ? Il a pu se poser la question toute sa vie, ai-je tué ? Un jeune allemand qui n'avait pas plus que lui l'envie de faire la guerre. Est-ce que ça a pesé sur sa conscience ?
P. 97
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Nous étions en plein 'terrible two', la fameuse phase des deux ans durant laquelle l'enfant s'affirme en défiant l'autorité, en s'immisçant dans les moindres failles de la muraille parentale. Il refusait d'entrer dans son bain, puis refusait de sortir de son bain. Chaque étape du quotidien pouvait engendrer un casus belli.
[...]
Son besoin d'opposition était d'autant plus épuisant qu'il ne s'activait qu'avec ses parents. Il se montrait angélique avec les autres adultes. Quand il tapait un scandale dans la rue (parce qu'une voiture rouge venait de passer alors qu'il préférait les voitures bleues), j'étais tenté de demander de l'aide à des passants pour le sermonner à ma place avec plus d'efficacité. 'Je vous en supplie, maîtrisez cet individu. Tenez, je vous file 10 euros.'
[...]
Avant, quand je voyais des gens s'énerver sur leur enfant dans la rue, je secouais la tête en pensant 'Allons, allons, ce n'est pas comme ça qu'il faut faire.' Depuis que je suis passé par là, j'ai envie de leur taper fraternellement sur l'épaule : 'Lâche rien'.
(p. 191-193)
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Peu de temps après, dans un processus d'affirmation de soi, il [l'enfant] a découvert un nouveau mot, simple et efficace, un palindrome redoutable, qu'il utilisait sans modération.
- Non.
- Mais j'ai rien dit.
- Non.
Nous avons tenté de lui inculquer la beauté du oui. Il s'en souciait comme de sa première tétine, préférant manier le pouvoir du non. Un non de principe, de ponctuation, rhétorique.
- Non.
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Je n'allais pas laisser l'air du temps polluer mon bonheur.
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