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Critique de ODP31


Visite guidée proposée par un explorateur de mirages.
Lors d'une traversée du désert... Sud Lybien, Augustin Harbour égare sa raison, sa boussole perd le Nord et il tombe sur une oasis sortie de nulle part, sinon de son imagination. Point de palmiers ombrageant une mare d'eau cristalline dans laquelle Shéhérazade prendrait son petit bain. Nul chanteur ventru et barbu en train de chanter les mérites d'un jus de fruit. Cette Oasis Oasis , Oh, Zindän, c'est le nom du patelin, est une cité qui réunit une population d'égarés bigarrés issus de plusieurs époques.
Comme Augustin Harbour est scientifique avant d'être cintré, il va multiplier les croquis, prendre des notes et décrire avec minutie les moeurs et coutumes de cette étrange peuplade plus ou moins imaginaire. Notre professeur Tournesol ensablé va se mêler aux quelques castes qui structurent cette petite société : le clan des mangeurs de crevettes, celui des Trayeurs de chiennes, celui des Amazones et celui du Jujubier. Comme tout peuple qui se respecte et angoisse au sujet de sa finitude, ce petit monde va s'inventer un Dieu, Hadj Hassan, qui, comme sa phonétique le précise, préfère vivre dans le voisinage avec sa charmante vestale Marushka Matlich que dans les cieux.
40 ans plus tard, on retrouve Augustin Harbour dans une clinique privée pour VIP au Chili, séjour dans une maison pas de tout repos mais qui va lui laisser le temps de rassembler ses notes et croquis pour raconter son excursion à Zindän.
Chaque chapitre est un constitué d'une description détaillée et azimutée de cette évasion spatio-temporelle puis de quelques tranches de vie parmi les patients de la clinique.
Comme à son habitude, Jean- Marie Blas de Robles nous transporte dans des contrées inconnues où se mêlent érudition et fantasmagories, il nous ouvre son carnet de curiosités infinies et en profite pour glisser de ci de là et un peu n'importe où, quelques pensées autour de la relativité de la vérité, quelques piques au folklore religieux et quelques sarcasmes sur nos morales à géométrie variable.
Claude Lévi-Strauss posa que "l'humanité se décline au pluriel". Blas de Robles mélange tous ces pluriels pour créer des êtres singuliers, dotés de têtes de figures célèbres (Hugo, Darwin, lui-même...) posés sur des corps indigènes. Les dessins et gravures de qualité qui envahissent chaque page de ce roman font de ce livre un objet rare et précieux qui interroge l'imaginaire et la fiabilité de nos mémoires.
De tatouages en QR codes, de tabous alimentaires aux vertus du cannibalisme, de rites funéraires endiablés à la codification des ébats amoureux, l'auteur n'épargne aucune Mythologies avec la plus grande fantaisie. Je ne pense pas avoir compris la moitié des références glissées dans l'histoire mais chacun peut y faire son marché.
Ceux qui connaissent Jean Marie Blas de Robles ne seront pas étonnés de ce scénario foldingue et je ne peux que conseiller cette lecture décalée aux amateurs d'ovnis littéraires. Pas de petits hommes verts mais des êtres lunaires peuplent ce délicieux récit.
Du Jules Verne sous camisole.

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