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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le livre de l'écrivaine israélienne Hila Blum , découvert grâce à l'amie babeliote mollymonade, débute avec une scène qui en dit long sur les relations complexes entre une mère et sa fille unique. Une femme parcourt des milliers de kilomètres pour espionner une famille. Seule sur une route sombre, Yoëlla regarde la famille à travers leurs fenêtres éclairées. À l'intérieur se trouvent sa fille Léa et ses deux petites-filles, mais elles ne savent pas qu'elle est dehors : Yoëlla n'a pas vu Léa depuis des années et n'a jamais rencontré ses petites-filles.« ….les histoires de mères et filles partent toujours du milieu, on retourne en arrière jusqu'au point de départ, mais il n'y en a pas. C'est simple et c'est tordu : le commencement ne cesse de se dérober derrière nous. C'est comme l'univers, ou les nombres, il n'y a pas de commencement. »

À travers un plaidoyer douloureux Yoëlla, essaie de nous convaincre et de se convaincre , qu'elle n'a pas mérité cette situation . Son sens de culpabilité face à l'attitude de sa seule fille est immense , elle décortique tout son passé pour essayer de découvrir où elle a fait le faux pas pour en arriver là. “Léa est une énigme,…Mais moi aussi j'ai été une énigme pour ma mère, et ma mère l'a été pour la sienne……, j'ai souvent pensé que si Léa avait eu un frère ou une soeur nous aurions été sauvées. Mais nous étions une dynastie de filles uniques, ma mère avait été la fille unique de ma grand-mère, j'étais la fille unique de ma mère ».
Comme nous n'avons pas la version de Léa , nous sommes confinés à écouter l'histoire du seul point de vue de la mère, qui ne parle que de son immense amour pour cette fille unique. C'est poignant , je sens cette détresse face à certaines situations que moi aussi perso j'ai vécu durant l'adolescence difficile de ma fille. On voudrait toutes être des mères parfaites surtout quand on aime beaucoup ses enfants, mais ce n'est jamais si facile vu les aléas de la vie et notre propre bagage de relations avec notre mère, qui remonte encore plus loin à sa propre mère…..
Je crois vraiment que j'ai découvert une autre excellente auteure israélienne, une littérature dont je raffolle par la finesse de la psychologie de ses personnages et sa façon de sonder l'âme humaine dans le contexte intéressant d'un pays empêtré dans un conflit sans issu.
Laureat du prestigieux Prix Sapir 2023 , prix littéraire israélien.

« Dotée d'une maîtrise phénoménale du langage et d'une conscience perspicace qui ne cesse de remettre en question et de réfléchir, Blum n'a besoin que de son premier roman pour nous convaincre qu'un nouvel auteur puissant et unique est entré sur la scène littéraire. »
( Etgar Keret, parlant du tout premier roman de Blum , « The visit » non encore traduit).
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« La première fois que j'ai vu mes petites filles, j'étais de l'autre côté de la rue, je n'ai pas osé m'approcher »

Cet incipit est intriguant. le personnage principal est présenté, on identifie une grand-mère. Mais la relation avec ses petits-enfants ne manque pas d'étonner. C'est habituellement à la maternité ou au domicile de la jeune mère que cette première rencontre se fait. Qu'est-il donc arrivé pour pour qu'elle puisse ne pas connaître ces enfants ?

Il faut remonter aux origines, des années plus tôt lorsque Léa est un bébé puis une petite fille et une ado, période bénie où la narratrice est unie par un amour fusionnel à la chair de sa chair.

« chaque chose liée à elle – la bave nichée dans son menton, son cou et l'encolure de sa chemise, les couches lourdes d'urine, les sécrétions lors de ses conjonctivites, le contenu de son nez–, chaque chose chez Léa était bonne à mes yeux. »

De cet amour immense, réciproque, fragile par la tension qu'ii implique, s'en suivra la rupture, pressentie puisque le roman commence sur ses conséquences, rupture aussi radicale que les liens étaient forts.

Dans ce roman original par son sujet, l'autrice dépeint avec virtuosité la complexité d'un lien mère fille intense et réciproque, et qui en est d'autant plus fragile et voué à l'échec à long terme, afin que l'enfant puisse s'affirmer et vivre sa propre vie indépendante. Aucune volonté de nuire de part et d'autre, ces deux êtres sont victimes de leur proximité et de l'amour qui les unit.

Robert Laffont 252 pages 24 Août 2023
Traductrice : Valérie Zenatti

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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A la nuit tombée, une femme espionne par la fenêtre une famille dans son quotidien. Cette femme est une mère qui n'a pas vu sa fille depuis 6 ans et qui est censée ignorer que celle-ci est mariée et qu'elle a deux petites-filles.
Mais elle a déjà commencé l'enquête pour la retrouver et de retour à Jérusalem, elle va fouiller dans le passé pour tenter de comprendre la raison de cette fracture.

Yoella devient alors la narratrice de sa propre vie et Hila Blum a choisi de ne laisser entendre que sa voix et donc uniquement son récit.
Mais nous savons que d'autres récits sont possibles. Celui de l'époux Meir serait probablement différent, celui de Leah leur fille proposerait sans nul doute une autre version.
L'auteure, en taisant la voix de Leah, requiert l'imagination du lecteur pour compenser le manque et deviner les non-dits. Elle nous invite à l'interprétation, à l'analyse psychologique, à l'exploration du coeur humain.
Nul besoin de nous interpeller formellement : si l'on veut comprendre ce roman, il va falloir combler les vides.

Mais Yoella se faisant détective devient aussi suspecte. Lorsque le lien entre une mère et sa fille se brise, il faut bien que l'une ou l'autre soit responsable.
Pour s'absoudre de toute culpabilité, le discours de la mère déborde d'un amour absolu : " Je ne voulais d'aucun manuel. Je reniflais ses chaussettes et ses pantalons avant de les fourrer dans la machine à laver, j'humais ses cheveux gras, son haleine matinale, ses douces puanteurs. Elle rampait pieds nus dans le bac à sable, se précipitait sur la fourrure des chiens du quartier. Je me fichais des contraintes, des règles et je tenais à brandir devant ma mère cet amour pour ma fille que j'avais inventé toute seule, si différent de l'amour que ma mère avait pour moi. "

Hila Blum fait ainsi vaciller son personnage entre la certitude d'avoir été une mère aimante et l'inquiétude d'avoir été maladroite . En brandissant cette appréhension, probablement partagée par un grand nombre de parents, elle s'assure de la complicité et de la participation du lecteur à la résolution de cette énigme.
Beaucoup de parents débarquent dans la parentalite avec les meilleures intentions du monde : aimer son enfant, le protéger, lui permettre de devenir autonome, assurer son avenir. Les décisions à prendre sont parfois difficiles et peuvent avoir des conséquences insoupçonnées.
Lorsque Yoella raconte l'histoire de sa famille , nous sommes , en tant que lecteur, juge des réactions qu'elle peut avoir en réponse à certains événements.
Mais ce que nous percevons est lié à notre propre subjectivité, aux relations que nous entretenons avec nos propres enfants.

La relation fusionnelle entre Yoella et Leah qui semble réciproque tout au long du récit rend la séparation encore plus douloureuse. le récit de ces moments de complicité, les escapades mère-fille, le partage des émotions dans l'adolescence et celui des premiers amours exclut toute rupture.
Et pourtant à 18 ans, Leah est partie sans un mot et a choisi de mener une vie dont sa mère serait absente.
Si quelques indices nous donnent à penser que le lien s'est rompu lors du renvoi de Dennis, le diagnostic importe peu de même qu'il n'est pas possible de désigner une coupable.
En choisissant une narration à sens unique, l'auteure nous permet de réfléchir à la complexité du lien familial et de mesurer à quel point l'amour peut être toxique lorsqu'il est à ce point fusionnel.
. "Je savais que l'amour maternel pouvait être sauvage, effréné, mais je n'avais pas compris l'épopée de l'amour quotidien. Et puis je compris. Je donnais naissance à Léa, et je compris."
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Groningue, Pays-Bas. Yoëlla, la narratrice, regarde, de l'extérieur, sa fille Léa, qu'elle n'a pas vu depuis 6 ans, qui ne lui a pas dit où elle habitait, qu'elle était mariée et qu'elle avait deux filles puis, sans se manifester, rentre en Israël où elle vit. Elle se replonge alors dans le passé depuis sa grossesse; elle se souvient de Léa à toutes les étapes de sa vie, Léa qui était le centre de la sienne mais qui est partie sans explication à l'âge de 18 ans et n'est plus revenue, sauf à la mort de son père pour la période de deuil.
Roman de l'amour maternel, de la relation mère-fille mais qui ne nous est présentée que de l'unique point de vue de la mère : un amour à la limite de l'obsession, un amour étouffant au moment de l'adolescence, un amour exclusif où il n'y a de place pour rien et personne d'autre, un amour égoïste au point d'empêcher Léa de dire une vérité qui pourrait nuire à son avenir et lui en faire porter la culpabilité, au point de lui révéler anonymement la trahison de son mari pour la ramener vers elle. Nous ne savons pas vraiment comment cet amour est reçu par Léa; c'est la raison pour laquelle, je n'ai pu que me livrer à des conjectures pour expliquer cette coupure radicale du lien de la part de Léa. Rejeter sa mère, la sortir de sa vie de femme est une décision très lourde, qui remet en cause une relation fondamentale et qui ne peut être la conséquence d'une petite dispute mais le résultat d'un profond malaise.
L'auteure a des mots très justes pour expliquer que l'arrivée d'un enfant, fille en particulier, permet de comprendre la relation à sa propre mère et peut être un révélateur de soi-même. Mais elle ne doit pas devenir le réceptacle de névroses que l'on projette sur un être que l'on considère comme un deuxième soi.
Certains passages du roman restent brumeux de par l'absence du point de vue de Léa, dont on ne comprend pas toujours les réactions. Mais il n'en reste pas moins vrai que cet amour maternel, pour excessif qu'il soit, est magnifiquement évoqué.
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Depuis qu'elle a accouché d'une petite fille, Yoëlla va entamer une relation mère-fille de mutuelle dépendance dans laquelle sa fille Lea est inconsciemment mise en position d'enfant-guérison de ses blessures anciennes. Par ailleurs Yoëlla, dont nous écoutons la voix tout au long de ce récit se rend régulièrement chez son psychiatre
Parce que sa mère s'accroche à elle vitalement, maladivement, Lea ne peut dormir chez une amie sans culpabiliser, malade de laisser sa mère angoissée et triste. Elle est également obligée de tout lui raconter sous peine d'être harcelée par sa mère la suppliant de tout dire.
Certes Lea aime infiniment sa mère et recueille du bonheur dans cette relation fusionnelle, mais peu à peu cet amour l'étouffe et la prive des joies normales à l'adolescente qu'elle devient.
A l'âge de 18 ans, Lea disparaît sans laisser d'adresse mais rassure sa mère sur son état en recourant à des intermédiaires. Cela ne suffit pas à Yoëlla qui ne cesse de rechercher sa fille, la poursuivant, la traquant dans l'espoir de renouer ce lien exclusif.
Ce livre d'une écriture magnifique tout courbures et en nuances dit aussi, avec des mots d'une beauté et d'une sensibilité rares, la souffrance d'une femme hypersensible et blessée par la vie. Ce récit est sa thérapie mais aussi le ratage de sa thérapie, l'amour dévorant l'Amour.

Merci à Babelio et sa Masse Critique ainsi qu'aux éditions Robert Laffont.
Lien : https://trancheslivres.wordp..
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Ce récit, d'une grande originalité de par sa construction, relate l'enfance d'une petite fille du point de vue de sa mère. Une mère qui va venir décortiquer ses souvenirs avec sa fille, et par ce biais se révéler elle-même.
Au fur et à mesure des scènes, on voit cette petite fille grandir, évoluer et s'émanciper. Toujours du point de vue de sa mère.

J'ai trouvé cette histoire bien écrite, émouvante et immersive. C'est un roman qui fait réfléchir sur les relations mère/fille mais aussi sur les chamboulements qu'une jeune mère peut éprouver. Les chapitres sont courts, le livre se lit vite. Attention il y a peu d'action puisque toute la force réside dans la narration.

Ce roman a été primé en Israël. J'aime le fait de pouvoir explorer à travers les livres des approches différentes propres à chaque pays et chaque culture. . le thème de l'amour maternel peut nous parler de près ou de loin, mais le message est universel, et j'ai trouvé ce constat touchant.
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Quel livre dérangeant ! le titre pose une question essentielle "Comment aimer sa fille". Mais la narratrice a une façon bien étrange d'aimer sa fille. Tout dérape à l'adolescence, période de tous les dangers pour la relation parents/enfants, où la mère impose à sa fille une décision qui va tout changer dans leurs apports. On referme le livre avec un sentiment de malaise parce que la fin est à l'image de cette mère : incompréhensible et malsaine.
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Yoëlla nous raconte ses souvenirs avec sa fille, l'amour qu'elles se sont donné. Mais un jour, Léa quitte ses parents sans prévenir.
Cette mère se remémore la façon dont elle aimé sa fille. L'a-t-elle trop aimée ? Mal Aimée ? Aimée comme il faut ? A-t-elle été une bonne mère ?
Ce récit est simple, vrai et touchant. Les courts chapitres permettent de se laisser emporter par cet amour maternel.
Lien : https://2smp1c.fr/
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