C’était un vrai moulin à paroles parce que, quand tu ne te vois qu’un week-end sur deux, le silence pèse. Alors que quand tu vis ensemble, si tu te tais, c’est comme si tu continuais à parler.
Sitôt rentrée à la maison, j'ai fait le numéro sans prendre le temps de retirer mon manteau parce que le souci était urgentissime. Grand-mère a décroché presque tout de suite et quand elle a dit : "Allô", de sa voix usée par le temps, j'ai senti l'odeur de la poudre sur ses joues comme si je l'embrassais.
Tibère a levé le doigt. Il a expliqué que le sucre attaquait les dents, même celles de lait. Il le savait parce que son papa était de la partie.Si tu te les laves pas après chaque repas, le sucre y creuse des tranchées qui s'appellent des carries, les virus s'y mettent et détruisent les gencives. Total, quand tu deviens vieux t'es bon pour le dentier qui se décolle tout le temps et que tu avales quand on opère.
Quand je serais grande, j'aurai un mari pour moi toute seule et des enfants qu'on fera dans les même lit sans rien demander à personne.
On a fini par trouver la molécule étrangère à mon organisme. Ce n'étaient pas les acariens, ni les graminées, ni Gustave. C'était la drôle de plante que le voisin inondé du dessous m'avait confiée en me donnant dix euros pour que j'en prenne grand soin pendant qu'il faisait sa cure et que l'assurance de maman repeignait son appartement. A son retour, j'aurais droit à dix euros supplémentaires si je gardais le secret.