Le pire était cet article où un psy débile prétendait que la mère prenait une part importante dans la décision de la fille de se faire diminuer ou augmenter les seins. Il disait que la fille, avant de se lancer, devait avoir avec la mère une "relation apaisée", ah ah ! Il trouvait même moyen d'y mêler le père, écrivant de sa plume sirupeuse que, si une bonne entente sexuelle régnait dans le couple parental, la fille accepterait plus facilement la venue en elle d'un corps étranger, pauvre papa, qu'est-ce qu'il venait faire là-dedans ? Sans compter qu'il s'appelait Robert, d'où son prénom à elle, Roberte, merci pour le cadeau.
"Tu ne m'en veux pas ?"
Comment en vouloir à Bobine ? L'empoisonneuse de service, notre poil à gratter depuis plus de vingt ans, la cause de nos plus noires colères et de nos rires les plus fous.
A quel moment avais-je compris que ce serait la défaite ? Que j'avais perdu la partie ?
Sans doute une dizaine de minutes avant la victoire, lorsque le premier rire a éclaté dans l'assistance : un rire féminin chargé de haine.
Pourtant tout avait si bien commencé !
J'aime fureter chez ma libraire, cueillir à la racine la première phrase d'un livre pour en humer l'odeur, piocher des mots au hasard des pages et voir si la musique s'y trouve, la vie.
J'ai une mère qui parle peu. Trop peu d'ailleurs à mon goût et à celui de Caroline. Nous le lui avons souvent reproché. Pas Hugues.
Les seuls mots dont elle ne se montre jamais avare sont ceux de la tendresse. Encore se contente-elle le plus souvent de nous les transmettre avec les yeux.