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3,42

sur 176 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  


Agathe est un roman que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire, je l'ai lu quasiment d'une seule traite, ne faisant que de courtes pauses. J'ai été très touchée par cette tranche de vie, cette rencontre entre deux solitudes. le narrateur a 72 ans et est sur le point de prendre sa retraite. J'ai envie de dire : il était temps. Je ne dis pas ceci à cause de son âge, je dis ceci à cause de son manque criant d'investissement. Il écoute ses patients, distraitement, tout en dessinant, et en ne retenant pas grand chose de ce qu'ils lui disent, comme en un bruit de fond. Il compte les rendez-vous qui le séparent de la retraite. Oui, il pense à sa succession, il pense aussi à sa fidèle secrétaire madame Surrugue qui, il faut bien le dire, outrepasse son travail au tout début du roman : elle a accepté une nouvelle patiente, une allemande. Jamais, vu le temps qui le sépare de la retraite, il ne pourra effectuer un travail sérieux avec elle ! Il ne se rend pas compte qu'il n'effectue plus vraiment de travail sérieux avec personne.
Et puis... l'impensable se produit, lentement. Comme si la vie du vieux psychanalyste revenu de tout, qui se préparait à attendre seulement la mort, en contemplant peu à peu le temps affaiblissement de son corps, la perte de ses moyens, se mettait tout à coup à repenser les tenants et les aboutissants de son métier. Pour la première fois aussi, il s'intéresse à la vie personnelle de madame Surrugue, parce que, pour la troisième fois au cours de leurs longues années de travail commun, elle lui demande un congé, pour prendre soin de son mari, atteint d'un cancer en phase terminale. C'est comme si, pour la premi-ère fois, il prenant conscience de ce que signifiait veiller sur l'autre, prendre soin de lui, se préoccuper de lui. Monsieur Surrugue est toujours, malgré la maladie, l'homme qui aime sa femme, et sait que, si le présent est douloureux, le futur le sera aussi.
Et Agathe ? Elle se raconte, peu à peu. Elle raconte celle qu'elle n'est pas, celle qu'elle n'a pas voulu être. Qui Agathe est-elle vraiment, alors ? A elle de se (re)construire.
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Ce livre m'a été conseillé par un critique littéraire, et... quelle surprise !
Un roman concis et intelligent pour évoquer les angoisses de vie, qui vous prend par la main pour explorer les petits mouvements de l'âme. Par petits chapitres, le narrateur nous emporte dans ses obsessions de psychanalyste proche de la retraite : comment écouter encore avec attention quand la pensée se dérobe ? Comment venir en aide à une personne en détresse ? Comment retrouver le mouvement du désir ?
Ces thèmes, délicatement abordés, m'ont vraiment intéressée car l'écriture est subtile et le propos sans détour : tout invite à l'empathie.
Un moment de lecture très agréable...
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Agathe d'Anne Cathrine Bomann est un roman d'une délicatesse absolue.
D'une sobriété infinie. D'une fragilité grandiose.
Subtile, raffiné, éthéré, il a quelque chose de la broderie. Fine, envolée. Chevillée sur la trame soignée de l'étoffe musquée.
Quelque chose de la plume de geai aussi, virevoltante dans les vagues de la brise hivernale.


C'est un roman qui pourtant, ne paye pas de mine.
Il a la blancheur de la neige et la finesse du temps qui passe.
Mais il irradie. D'une lumière opalescente. Terriblement puissante, immaculée.


Cent-soixante pages de psychanalyse. Pas bien vendeur me direz-vous !
Et pourtant. Il y a entre ces lignes plus d'intelligence et de tendresse que dans le regard du merveilleux Vieillard de Ghirlandaio (1490, conservé au Louvre).
Il y a ce je ne sais quoi capable de transformer un roman en chef d'oeuvre.
Cette grâce, cet esprit,
comme sculpté pour déplacer des montagnes.
Celles de nos angoisses et de nos peurs.
De nos doutes et de nos incapacités à vivre.


J'ai goûté chaque ligne de cette histoire,
Et aimé chacun des personnages.
Quelle n'a été ma tristesse hier soir, lorsqu'au détour d'une page, j'ai réalisé que déjà, c'était la fin. Que cet homme et cette femme qui m'étaient devenus si intimes, étaient voués à rester accrochés à la blancheur du papier.
Figés dans le marbre du roman.
Je n'ai cessé, une fois le livre terminé, de le rouvrir pour relire une page, m'imprégner d'une ligne, inspirer l'oxygène d'un paragraphe.


Alors j'imagine que s'il m'a été si douloureux de quitter Agathe d'Anne Cathrine Bomann, c'est qu'un moment ou un autre, le jeu en a sacrément valu la chandelle.
Et le fait qu'il ait déjà été traduit en une vingtaine de langues prouve que je ne suis pas la seule à en être convaincue.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Ils sont trois:

– le narrateur, psychanalyste désabusé, qui fait un triste décompte des consultations qui lui restent avant de prendre la retraite.

– Mme Surrugue, secrétaire du psychanalyste un peu têtue et désobéissante.

Agathe, ultime patiente du psychanalyste, qu'il accepte de recevoir à contrecoeur, sous pression de Mme Surrugue.

Trois âmes seules, trois corps perdus, trois êtres prisonniers de leurs peurs, à une époque où l'on parle peu, où les angoisses sont tues.

Agathe ne sait pas vivre, perd son temps, s'en veut, se déteste et se fait mal; Mme Surrugue regarde mourir l'amour de sa vie; le psychanalyste a passé un demi-siècle à écouter les cerveaux torturés, les caprices futiles, les malheurs des autres, n'aspirant qu'à une retraite tranquille, trop tranquille.

À leur manière, sans vraiment le vouloir, ces trois êtres vont s'aider, rendre leur solitude moins lourde et atténuer leurs peurs en redonnant un peu de sens à leur vie.

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C'est un roman de la lenteur, du savoir écouter, qui demande de peser chaque phrase et d'être un brin perspicace pour comprendre la psychologie des personnages, esquissée par la plume subtile et humaine d'Anne Catherine Bomann.

J'ai aimé ces trois personnages et l'intelligence de ce premier roman.

Encore une découverte agréable grâce au challenge « Varions les éditions ».

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Traduit du danois pas Inès Jorgensen.
Lien : https://carpentersracontent...
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Agathe c'est l'histoire d'un psychanalyste dans les années 40, qui à 72 ans passés, n'attend plus que la retraite. Il n'accepte plus aucun patient et compte les jours qui le séparent de la fermeture de son cabinet. Jusqu'à l'arrivée d'une jeune femme, Agathe qui a perdu toute envie de vivre mais qui va cependant le convaincre de la prendre en thérapie. Qui est-elle ? Quel est son parcours ? Pourquoi veut-elle le voir avec tant d'insistance ? Un magnifique roman, émouvant et bien écrit . A découvrir!
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Lorsqu'un psychanalyste se met à décompter le nombres d'entretiens qu'il lui reste à faire avant sa retraite, je me dis qu'il ne sera guère réceptif aux récits de ses patients. de surcroît, une nouvelle patiente réussit à s'imposer pour un suivi alors même que lui n'en voulait pas. Cette Agathe semble être un caillou dans la chaussure de notre personnage.
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Anne Cathrine Bomann décrit de façon froide et factuelle la vie personnelle et le travail de ce psychanalyste. Point d'effusion, de sentiments. Cohérence avec sa profession. Seul petit sursaut sur cette ligne droite : sa curiosité. Mais ce discret pic n'entrave pas la linéarité de sa vie et de ce que le texte dégage. Je me demande où l'auteur va nous mener car si je suis consciente que quelque chose flotte au-dessus de cette ambiance, quand cela retombera-t-il ? Cela retombe toujours de façon inattendue. Pic élevé à la page 142. Je découvre en même temps que notre thérapeute l'histoire d'Agathe. Aussi surprise que lui, visiblement. La droiture que dégageait le texte devient courbe grâce au trouble. A ce moment, j'aime encore plus cette histoire et ses personnages.
Le sursaut que j'escomptais est arrivé et je me plais à penser que celle qui semblait plomber la vie et la fin de la carrière du psychanalyste pourrait la transformer comme elle l'a fait pour moi en octroyant au roman un aboutissement tant dans la forme que le fond.
Une belle lecture.
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Empreint de gravité, d'une authenticité hors norme, « Agathe » de Cathrine Bomann est une étoile de mer. On voudrait garder ce récit en soi, à l'éternel dédié. Un premier roman dites -vous ! Quelle force ! Quel poids ! Un levier magnétique s'enclenche dès l'incipit. « Je regardais par la fenêtre, assis dans mon salon, lorsque c'est arrivé » Voici une invitation à l'universelle alliance des rencontres hédonistes. Tout est beau dans cette écriture aérienne, sans ce trop-plein qui déborde et qui pourrait lasser. Ici, se dévoile, un hymne d'intelligence et de criante vérité. Pas de pathos, d'ennui, ce récit à double lecture écarte les poussières sous le tapis avec brio. le narrateur de 72 ans est un psychanalyste qui compte les jours restants à effectuer dans son cabinet en nombres d'heures de séances. « Les seules choses que je pouvais être certain, n'étaient-ce l'angoisse et la solitude ? Pathétique. Je suis exactement comme eux, pensai-je… » Dans ce personnage il y a le protagoniste de « Mes amis » de Bove. Glissant sur la vie comme sur une savonnette, encerclé de souffrances, d'un habitus où l'essence même n'est plus. Agathe Zimmerman, allemande, souffrante va frapper à la porte du cabinet. Forcer cette dernière paraboliquement. Un roseau frêle, pétri de douleurs. Une jeune femme très malade, belle si belle. Il ne sait plus le Dire, ne croit plus en lui, ses doutes sont vifs et tragiques. Et pourtant ! Cette jeune Agathe dont l'aura crayonne des notes salvatrices en douce pour son psychanalyste va créer un prodige. Nous sommes dans cette dimension où la fusion des manques est régénératrice. Tout se passe dans un silence et des non-dits, dans l'attente fiévreuse d'une guérison pour Agathe. Sortira t'elle du sombre de son puits ? Et lui « Lorsque le réveil sonna, j'en fus réduit à une série de routines accomplies avec balourdise. » Va-t-il rejoindre la rive d'une vie réalisée ? Il y a la teneur d' « Amélie Poulain » dans ce récit. le gris est une fusion de couleurs qui va éclore en invisibilité. Subséquemment, à l'instar d'une analyse métaphorique, la magnificence verbale de l'auteure posée, si posée va oeuvrer à « L'Ere des Petits Riens ». Une tarte aux pommes, (je n'en dirai pas plus) va transformer les chenilles en papillons de lumière. Un lieu, un café pourtant si anonyme, échappé du terne, sera la caverne des retrouvailles intérieures. La sincérité de l'instant, l'apothéose des gestes en épiphanie allouée. Publié par les Editions La Peuplade, ce roman culte est à lire tous les temps.
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Un psychanalyste de plus de 70 ans, proche de la retraite, décompte le nombre de rendez-vous qu'il lui reste à honorer d'ici à son départ .

Il est fatigué, perclus de douleurs, n'aspire qu'à se retrouver seul, et on le sent las d'écouter les plaintes ...

Contre sont gré, sa secrétaire à accordé un entretien à une nouvelle patiente, Agathe, une jeune femme mystérieuse d'origine allemande qui ne souhaite être prise en charge que par lui ...

Et c'est un jeu de miroir qui se met en place entre elle et lui, les amenant, progressivement, chacun à une autre vision de soi.

Ce récit, à la première personne, aborde avec beaucoup de bienveillance les thèmes difficiles que sont la vieillesse, la mélancolie, la solitude, la mort, sur un ton intimiste à la fois délicat et solaire. le seul reproche que je lui ferais est d'être bien trop court, tant sa lecture est plaisante et enrichissante ...
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Agathe d'Anne-Cathrine Bomann
Editions La Peuplade
PP : » Si je prenais ma retraite à soixante-douze ans, il me resterait cinq mois de travail. Soit l'équivalent de vingt-deux semaines et donc, si tous les patients venaient au rendez-vous, 800 entretiens exactement. »

Voici le livre qui a clôturée l'année 2019, un roman très intéressant et une lecture des plus agréable.
Je permets tout comme l'auteur d'écrire 800 et non huit cents.
800, c'est le nombre d'entretiens qui reste à se psychanalyste avant la retraite.
800 tête à tête, à écouter, entendre, comprendre l'homme retranché dans ses douleurs, ses manies et sa folie douce.
800 rendez-vous à noter, annoter, griffonner dans son calepin le mal être de ses patients.
Et puis un jour, Agathe
Et si Agathe était ce qu'il a toujours attendu, un souffle, un élan…
Et si Agathe l'emplissait d'humanité et de chaleur…
Et si Agathe l'aidait à aller enfin et sincèrement vers les autres, à leur rencontre…
Emma aime :
-Cette couverture au terrible regard
-La douceur de l'écriture
-ce petit retour de vie


Lien : https://www.instagram.com/le..
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Agathe - Anne Cathrine Bomann : Traduit du Danois par Inès Jorgensen

Mathéma
Si je prenais ma retraite à soixante-douze ans, il me resterait cinq mois de travail. Soit l'équivalent de vingt-deux semaines et donc, si tous les patients venaient au rendez-vous, 800 entretiens exactement. En cas d'annulation ou de maladie, ce nombre diminuerait bien sûr. C'était là une certaine consolation, malgré tout.

Soixante-douze ans passés, un demi-siècle de pratique et huit cents entretiens restants avant la fermeture de son cabinet : voilà ce qu'il subsiste du parcours d'un psychanalyste en fin de carrière. Or, l'arrivée imprévue d'une ultime patiente, Agathe Zimmermann, une Allemande à l'odeur de pomme, renverse tout. Fragile et transparente comme du verre, elle a perdu l'envie de vivre. Agathe, c'est l'histoire d'un petit miracle, la rencontre de deux êtres vides qui se remplissent à nouveau.

Anne Cathrine Bomann signe ici un roman intelligent et inattendu, décortiquant avec tendresse les angoisses humaines : être, devenir quelqu'un, désirer et vieillir. Serait-il possible de découvrir enfin de quoi on a vraiment peur ?

Tout le monde sait qu'on ne doit pas mélanger la thérapie et la vraie vie ; vois ce qui est arrivé à ce bon Jung.

Anne Cathrine Bomann est psychologue et vit à Copenhague. Elle est douze fois championne danoise de tennis de table et conquiert maintenant le monde littéraire. Traduit dans une vingtaine de langues, Agathe est son premier roman.

Un roman lumineux, pétillant ! Dès les premières pages on est absorbé par cette magnifique lecture ! Un ouvrage qui fait du bien, une belle analyse sur la vie, sur les questions que nous nous posons tous. Je remercie la Librairie Lucioles de Vienne de me l'avoir donné en conseil de lecture. A LIRE de toute évidence
Lien : http://binchy.canalblog.com/..
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