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Critique de AltroMondo


Il s'agit de la biographie autorisée de Jacquelines de Ribes, riche et belle aristocrate devenue icône de l'élégance française, au temps des grands bals à thèmes, des dîners mondains interdits aux divorcés, d'Ibiza avant les complexes hôteliers, des vacances à la neige qui durent plusieurs semaines, des femmes qui ne se remettent pas de ne pas avoir été assez aimées par leur mère mais qui ne semblent pas avoir de temps à consacrer à leurs enfants. Les domestiques sont là pour cela. Née dans l'argent et mariée dans l'argent, la toute jeune Jacqueline de Ribes qui sort de l'école sans diplôme dispose de six domestiques investis au point que Madame la Comtesse – c'est son majordome qui le dit – n'aurait jamais su où se trouvaient les interrupteurs électriques de son propre domicile. On pourrait penser au temps libre que cela dégage. Que nenni, l'autrice Dominique Bonna nous informe que c'est bien du travail de gérer autant de domestiques et aussi que « la vie mondaine et publique est aussi épuisante qu'un travail à l'usine ou aux champs «.
Jacqueline de Ribes, s'épuise donc en essayages chez les meilleurs couturiers, Yves Saint Laurent en tête, sa fortune familiale établie à la fois dans le caoutchouc du temps des colonies et dans la banque ne lui imposant aucune limite. Soyons justes, la Comtesse passe aussi du temps à recueillir des fonds auprès de ses amis au profit de l'enfance défavorisée. Il est aussi question de sa propre maison de couture qu'elle mena pendant une dizaine d'années et que son richissime mari refusera toujours de financer. Cette contribution au monde de la mode lui a valu en 2015 une exposition dédiée au Metropolitan Museum of Art de New York, dans laquelle furent présentés 30 de ses modèles, mêlés à 30 modèles achetés chez les couturiers les plus célèbres. Les visiteurs ont dit-on parfois eu du mal à déterminer qui avait dessiné quoi, tant la qualité des modèles signés Jacqueline de Ribes étaient exceptionnels.
Il est aussi – trop ? – abondamment question des fameux dîners dans l'hôtel particulier des Ribes, rue de la Bienfaisance à Paris et qui semblent épater l'autrice. Des listes d'invités à donner le tournis sont livrées, ainsi que des listes « de plats exquis, préparés sur place, en cuisine «. L'autrice n'en finit plus de vanter le talent unique de Jacqueline de Ribes pour rassembler des gens qui ne semblaient pas destinés à se parler et à qui l'occasion est donnée de manier l'art si français de la conversation. Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing sont invités, de même qu'Audry Hephburn et Liz Taylor. Sachant que la banque du Comte a financé la campagne présidentielle de Georges Pompidou, on est peut-être aussi proche du dîner d'affaires que de la franche camaraderie…
Quoiqu'il en soit, la vie est parfois cruelle. Quelle déception en effet lorsque le jeune Vincent Bolloré – accueilli comme un fils spirituel par Monsieur le Comte - raffle tout, les dizaines de milliers d'hectares de plantation de caoutchouc et autres caféiers ainsi que la précieuse banque… La Comtesse en tombe malade, ayant l'impression de voir son grand père « mourir une deuxième fois «. Que l'on se rassure toutefois, la Comtesse aura les moyens d'aller se faire soigner aux Etats-Unis, à bord du jet privé… de Vincent Bolloré.
Et c'est finalement ce que l'on retient le plus de cet ouvrage : la description d'un formidable esprit de caste, que rien, absolument rien, ne remet en question, même au XXI e siècle.
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