Les années Giscard. La politique économique 1974-1981 de
Valéry Giscard d'Estaing
Le projet réformateur de VGE se place, à partir de 1972, sous des vocables tels que croissance civilisée, modernisation de la société française, libéralisme avancé, libéralisme éclairé, économie sociale de marché, nouvelle croissance. Le processus de réforme doit être « dédramatisé », soustrait aux aléas de l’affrontement gauche/droite. L’intention clairement affirmée est d’« introduire une dimension sociale dans la vie économique », autrement dit de mettre davantage le progrès économique au service de la justice sociale. Dans le langage plus simple de la campagne électorale, le candidat Giscard dénonce en mai 1974 une société où il y a encore « trop d’inégalités et trop d’injustices ». Les deux termes ne sont pas interchangeables, ils ne sont pas redondants. Ce qui est visé, ce n’est pas l’affirmation abstraite d’un principe général d’égalité, mais plutôt des mesures concrètes et ciblées en faveur de différentes catégories d’exclus : les handicapés, les veuves, les rapatriés (qui attendaient toujours depuis 1962 les indemnisations promises), les travailleurs immigrés, et même les détenus. La plupart des mesures interviennent dès le début du septennat. Au-delà de ces actions ciblées, il y a la volonté de remédier, plus largement, aux discriminations envers les femmes, de promouvoir les travailleurs manuels et l’égalité des chances à travers la formation des jeunes. Enfin, il faut faire une place à part à l’action en faveur du troisième âge, dont on verra plus loin tout le poids quantitatif. La conviction sous-jacente est que « le système d’économie de marché [doit être] capable d’absorber bien des réformes sociales sans que la croissance soit compromise.
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