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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai découvert Olivier Bordaçarre en 2014 avec « Dernier désir », un thriller génial, en poche maintenant. Vient de paraître « La disparition d'Hervé Snout » et c'est toujours aussi EXCELLENT ! Avec Bordaçarre, on est dans le roman social : l'auteur nous offre une analyse sans concession, glaçante et vraiment très drôle de notre monde. Il excelle à mettre en évidence les travers de la société moderne et l'on est à la fois horrifié et amusé par l'écriture incisive et le ton ironique.
Nous découvrons, dans ce roman, la famille Snout : le père (un gros con) (je sais, c'est un peu vulgaire mais je ne trouve pas de synonyme qui rende aussi bien compte de ce qu'est fondamentalement cet homme : un con : dominant, prétentieux, violent, mauvais, autoritaire, sadique...), la mère, Odile Stout (mais qu'est-ce qu'elle fout avec un mec pareil?) et deux gosses : un fils moche, écervelé et dangereux (le portrait du père en devenir) et une fille sensible, intelligente et qui n'a qu'une hâte : quitter au plus vite le domicile familial où l'ambiance est horrible. Une famille dysfonctionnelle donc (pléonasme?) La description des ados est vraiment remarquable de justesse !
Ah, oui, j'oubliais de vous dire : Snout est directeur d'un abattoir. Pas sûr qu'après la lecture, vous puissiez avaler votre steak. Mais bon, faut assumer hein ? Et chacun d'entre nous ferait bien de passer une demi-journée dans un abattoir histoire de découvrir l'horreur absolue qui règne dans cette industrie du carnage. Bref… le problème, c'est que notre abruti d'Hervé Snout disparaît. Plus aucune trace ! Comme c'est dommage ! Bon, c'est quand même un peu embêtant et Mme Snout commence à s'inquiéter même si elle se sent parfois un peu soulagée. Où est passé son mari ? Départ volontaire ? le jour de son anniversaire en plus ! Enlèvement ? Ou … Tout le monde demeure perplexe.
Je me suis régalée à la lecture de ce thriller engagé : on est porté par le suspense, on découvre des personnages hyper bien rendus. La construction non chronologique du roman donne l'impression d'un puzzle qui prend forme petit à petit. Et enfin, disons-le, qu'il est plaisant de lire un polar bien écrit ! Franchement je recommande la lecture de ce roman noir ! Et la fin… alors là, vous n'êtes pas près de l'oublier !
Une fable sociale saisissante, « saignante et engagée »
Un régal !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Voici un roman tout à fait inhabituel dans mon univers familier de polars/thrillers/romans noirs.
Après un prologue où, en 2004, nous faisons connaissance d'une famille de personnes absolument adorables (dont nous ne saisirons le rôle que bien plus tard), un bond temporel nous conduit en 2024, dans la cuisine d'Odile Snout, qui attend vainement son mari, dont c'est le quarante-cinquième anniversaire. Il est pourtant parti, ce matin, à vélo, comme d'habitude, au travail. Il est le directeur de l'abattoir local, Hervé. Peu à peu, on comprendra que sa personnalité ne suscite pas un enthousiasme délirant dans son entourage.
Olivier Bordaçarre a adopté un style inhabituel, le narrateur omniscient décrit, avec une certaine distance, les événements et les pensées des divers protagonistes, que nous observons comme des bestioles sous une loupe, et joue avec des allées et venues dans le temps. J'ai beaucoup apprécié, outre l'effet de surprise, les traits d'humour noir, qui m'ont fait passer parfois sans transition de l'horreur au fou-rire. La couverture, qui m'avait semblé esthétiquement douteuse, s'avère totalement pertinente.
Bref, sous le couvert d'une classique énigme de disparition, l'auteur nous livre une critique sociale au vitriol, critique de la souffrance au travail, critique des faux-semblants dans les familles dysfonctionnelles ...
Un roman très réussi que je suis ravie d'avoir découvert et que je vous recommande. Attention toutefois : certaines scènes, notamment à l'abattoir, sont assez dures. Et malheureusement réalistes.
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De quoi devenir végétarien et misanthrope..
De la maltraitance animale et humaine..
Une hécatombe animale
Des dommages collatéraux
Nous sommes dans un abattoir
La barbarie est contagieuse ,
elle est partout.
Des élans d'humanité bienvenus dans ce cloaque .
La fragilité est une insulte à la virilité.
La réussite sociale trouée par l'ennui..
Une écriture laser qui découpe les personnages ,
les situations et nous tient en apnée.
Un regard sans concession sur notre société
C'est talentueux !
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« La disparition d'Hervé Snout » est le dixième roman d'Olivier Bordaçarre dont j'avais déjà lu « Appartement 816 ». Je me souviens qu'à l'époque j'avais été assez impressionnée par son écriture qui avait déjà un sens de la formule très marqué. Autant vous dire qu'ici, c'est l'autoroute du bonheur malgré les horreurs racontées dans ce texte.

« La disparition d'Hervé Snout » commence comme un fait divers presque banal (et j'occulte volontairement le prologue dans un premier temps) : un homme ne rentre pas chez lui pour dîner. le fameux « il est parti chercher des cigarettes et n'est pas jamais revenu ». Sa femme, Odile Snout semble être morte d'inquiétude : elle avait préparé un boeuf bourguignon pour l'anniversaire de son mari. Elle pensait, avec ses deux jumeaux dizygotes, Eddy et Tara âgés de 14 ans, fêter dignement cet événement. Les heures passent, toujours pas de Snout à l'horizon…

Envoyez les carpaccios !

Dans « La disparition d'Hervé Snout », il est énormément question de viande, puisqu'Hervé dirige un abattoir ! Oui, mesdames, messieurs, chez les Snout on aime la barbaque, morte ou vive, et on traite les membres de la famille comme les animaux qu'on zigouille, sans grand respect. Olivier Bordaçarre utilise la disparition de Snout pour dérouler le fil de toutes les péripéties qui s'y produisent durant les heures de cette interminable attente, et en profite pour subrepticement nous présenter les membres de cette famille lambda à travers les voix de ceux qui la composent. D'abord la mère Odile, épouse très épanouie sous le joug de son cher mari (non, je rigole), enfermée dans un mariage qui la ronge de l'intérieur. Hervé n'est pas rentré, finalement est-ce une si grosse catastrophe ? Elle saura bien s'occuper sans lui… Puis, le fils Eddy, tueur né, rugueux, ultra réceptif aux préceptes enseignés par son père, qui tente de s'imposer comme un mâle dominant, souvent une terreur des bacs à sable à l'école. Tout doit aller dans son sens, de gré ou de force ! « Tu seras un tueur, mon fils ». Enfin, la fille Tara, un ovni dans cette famille de carnivores qui s'affirme par son végétarisme, par rébellion, mais aussi par croyance profonde. Les principes du paternel, elle les hache menu ! Pour fuir sa famille, elle n'a trouvé qu'un seul moyen : avaler des kilomètres en courant.

Je prendrais bien un petit tartare…

Petit à petit, des indices presque insignifiants apparaissent dans le texte pour laisser entrevoir les failles de cette famille presque ordinaire, traces qui permettent d'appréhender que les abats de la discorde ont été semés depuis longtemps et qu'ils mijotent ! En attendant le père, on ingurgite le boeuf bourguignon, on régurgite de petites pensées assassines « (…) mais un repas sans dispute ou simplement sans tension, c'est toujours cela de gagné, on digère mieux. » Tiens, tiens, chez les Snout, on n'a pas l'air de beaucoup aimer les dîners familiaux… Adieu veau, vache, cochon, quand le Snout n'est pas là, les pensées des agneaux dansent. Car, dans « La disparition d'Hervé Snout », tous les personnages sont atteints de délires existentiels dus à l'évaporation d'Hervé. « Est-il humainement possible de connaître chaque coin d'une âme, même la plus proche de soi ? Constituée d'innombrables anfractuosités, interstices et galeries, fissures et gouffres, ondes et méandres, l'âme, ou la psyché, en évolution permanente, demeure pour l'explorateur, une terra incognita. » C'est l'heure du grand étripage des ruminations… L'auteur, un peu sadique, nous fait entrer dans la tête de ses personnages, et croyez-moi, on n'a qu'une envie : celle de se barrer ! Difficile d'aimer qui que ce soit dans cette famille (à part peut-être Tara… on se demande d'ailleurs par quel infructueux hasard elle a atterri là) et pourtant, on continue la lecture avec avidité en s'empiffrant de ces tripes et boyaux. Qu'est-il arrivé à Hervé ? Olivier Bordaçarre nous tient, en nous caramélisant les papilles.

Il faut bien admettre que son écriture est savoureuse à souhait. Il a un sens de la formule sans pareil pour raconter des horreurs grâce à un humour caustique. Je suis passée du dégoût le plus profond au fou rire le plus incontrôlable ! Si « La disparition d'Hervé Snout » est le centre du roman, elle n'est pourtant qu'un prétexte pour aborder d'autres thématiques lorsque l'on enclenche le second degré de lecture. Soyez attentif au prologue, gardez-le à l'esprit, Bordaçarre le fait macérer au vin rouge et petits oignons, et vous le dépèce au compte goutte dès la deuxième partie. Les choses se corsent alors, puisque le lecteur est embarqué dans le passé, environ deux mois avant la disparition de Snout. Comment est votre blanquette ? Épicée ! C'est le grand rendez-vous avec Hervé, pas disparu, sur son terrain de jeux préféré : son entreprise, l'abattoir. Quel charmant personnage ! En raison d'un certain évènement de jeunesse que je vous laisse découvrir, Monsieur Snout est devenu un homme odieux. le voir évoluer sans son milieu naturel permet à l'auteur de s'en donner à coeur joie. D'idées, il n'en manque pas, de sujets non plus. Il décortique le monde du travail, dont celui des abattoirs avec brio en adaptant et l'ambiance et le langage. Il scrute la famille et le couple sous sa lampe torche en aromatisant le tout d'une bonne dose d'années qui passent… « La routine est le nom de l'insecte xylophage dans la charpente du couple », on saura apprécier. C'est l'heure de la grande régalade, des règlements de compte intérieurs et extérieurs. Chaque raconte sa vérité et ça sent la viande faisandée !

Le prologue vient alors s'entremêler à l'histoire de la famille Snout. Deux personnages centraux font leur apparition. Ceux-là, je les ai passionnément aimés. Au milieu de cet univers cauchemardesque, ils brillent par leur humanité. Leurs liens sont profonds, leurs sentiments, l'un avec l'autre, viscéraux. Qui se frotte à ces paupiettes de veau tendres et réciproquement bienveillant risque fort de rôti en enfer !

Dans « La disparition d'Hervé Snout », Olivier Bordaçarre nous entraîne dans un tourbillon d'horreurs familiales et professionnelles, de délires existentiels, où la viande est autant un ingrédient de cuisine qu'une métaphore pour les rapports humains. Grâce à une écriture savoureuse et corrosive, l'auteur nous convie à un banquet littéraire où l'humour noir côtoie les tréfonds de l'âme humaine. Entre macabre et hilarité, ce roman très noir nous confronte à la vérité crue de l'existence, dans le domaine privé et professionnel, tout en nous faisant dévorer avidement ses pages, aussi dérangeantes soient-elles. Une expérience littéraire à la fois succulente et crispante, où chaque bouchée nous rapproche un peu plus de la vérité dissimulée au coeur de cette famille. La dernière citation du livre (Paul McCartney) résonne dans ce texte qui explore, en plus des thématiques déjà citées et de celles cachées, la relation des hommes aux animaux dans notre rapport à la consommation de viande. L'occasion de réfléchir encore une fois à la façon dont nous nous comportons et d'apporter une nouvelle lumière sur le roman et son sens. À méditer…
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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2004, chez les Raybert, on a le sens de l'hospitalité. Les parents en premier lieu, Nadine et Alain, qui se sont constitués famille d'accueil pour les enfants en difficulté. Leur fils Gabin ensuite, qui fidèle à l'engagement de ses parents, se démène pour apporter un peu de chaleur aux vies cabossées des ados qui leur sont confiés, comme Gustave, traumatisé par ses mère et grand-mère qui l'ont séquestré et torturé toute son enfance. À force de patience, une amitié indéfectible naît entre les deux garçons…
2024, la famille Stout s'apprête à fêter les quarante-cinq ans de monsieur. Odile a préparé un bourguignon, les jumeaux de quatorze ans, Eddy et Tara, ont faim, mais Hervé est en retard. Une heure déjà qu'il aurait dû être rentré. Pourtant, normalement, on n'oublie pas son propre anniversaire…

Un homme a disparu. le temps s'est figé, chacun est dans l'attente, sa famille, ses employés, et c'est une diapositive qui apparaît, version haute définition. Olivier Bordaçarre explore, scrute le moindre détail, le met en lumière puis modifie l'éclairage afin que toutes les aspérités soient visibles au grand jour.
Les Snout sont une famille ordinaire, plutôt aisée. Les parents forment un couple vieillissant de quinze ans d'âge, ce qui n'a pas forcément bonifié leur relation. Leur fille, discrète, rêve d'émancipation tandis que son frère, futur winner auto proclamé en phase d'apprentissage de son rôle de futur mâle alpha, commence à penser aux filles comme à des proies. Une famille ordinaire… Dont le père n'a plus donné signe de vie, ce qui a tout déréglé.
Cette mystérieuse disparition confronte ceux qui y sont soumis à leurs propres failles. C'est un phénomène de résonnance qui se met en place et les échos sont nombreux.

le temps passe sur les couples et les use plus rapidement qu'un galet de granit. le galet, lui, s'érode, s'arrondit, se polit, embellit, tandis que le couple se creuse, perd ses rondeurs au profit d'angles et d'arêtes tranchantes, gagne en rugosité, se ride, vieillit (…)
Elle forme avec Hervé un couple sans histoires (inutile d'être fin psychologue pour déceler, dans cette expression tant maladroite que malheureuse, le terrible poids de l'ennui. Qu'est-on sans histoires ? Un vide ? Un trou de mémoire ? Une absence ?).

Si la première partie du récit consiste en l'autopsie fouillée d'une famille morte, la seconde se présente comme un léger flash black à travers lequel on découvre mieux la personnalité d'Hervé Snout. Il dirige un abattoir d'une main de fer et, parmi ses employés, on retrouve nos deux adolescents du début, assignés au poste de tueur. Vingt ans ont passé, ils ont bien grandi, mais rien ne les a séparés. Gabin veille toujours sur Gustave, chétif, fragile et inadapté compte tenu de son passé douloureux. Dans sa nouvelle famille, lui a appris à se reconstruire, tant bien que mal, avec les morceaux qui lui restaient et sous la bienveillance de ses parents adoptifs. Une famille aimante pour réparer les dégâts d'une autre, destructrice.

Ce retour en arrière, ces multiples déplacements dans le temps devrait-on préciser, vont éclairer les circonstances de la disparition d'Hervé Snout et ce sera un voyage glaçant au pays de l'horreur ordinaire. Avec une froideur clinique, sans un sourire, Olivier Bordaçarre va nous confronter au quotidien de ses personnages. Ce sera notamment l'occasion de découvrir un monde caché que personne ne désire voir en face : celui de l'abattoir et du sort réservé tant aux animaux qui y finissent qu'aux hommes et femmes qui y travaillent. Qu'on le veuille ou non, c'est tout un univers qui existe, pas forcément reluisant, derrière le film d'une barquette.

Dans ce récit aussi poignant qu'horrible, peu de lumière à l'horizon. Les relations humaines y sont tordues, hypocrites, contraintes. Que ce soit au sein du cercle familial ou au coeur du monde du travail, ce ne sont que noirceur et violence, luttes de pouvoir, qui ont pourtant, et paradoxalement, le parfum de la « normalité ».
Et c'est bien ce qui rend cette lecture addictive. Chacun se reconnaîtra dans l'un ou l'autre des personnages, dans l'une de leurs maladives facettes, et l'on enchaînera, dévorera même, les chapitres, jusqu'à l'écoeurement final.

Olivier Bordaçarre est un observateur attentif. Sans jamais forcer le trait, il dresse un portrait marmoréen de la misère ordinaire, celle qui guette, tapie dans l'ombre, et qu'on côtoie au jour le jour en détournant le regard. Sombre jusqu'aux extrêmes, La Disparition d'Hervé Snout est un drame savamment construit, déroutant, dérangeant, qui appuie là où ça fait mal. le genre de littérature dont on peut se payer une tranche. de temps en temps…
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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Livre très surprenant ! Mais j'ai adoré ! Attention à vous si vous êtes végétarien(ne) 🫣. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir l'originalité de ce bouquin 👌. Très très dur de s'en détacher que je l'ai dévoré (oh le jeu de mot 🤣) en 3 jours seulement. Je recommande +++
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38//2024

Gros coup de coeur pour cette incroyable découverte :)

OLNI inclassable, tant sur le fond que sur la forme, on dévore avec envie ce drôle de roman où la disparition d'un père, mari et chef d'entreprise tient toute la place.

Sur la forme, on a une construction un peu à la Gone Girl de Gillian Flynn, avec le point de vue de l'épouse d'abord, puis du disparu ensuite. Sur la forme toujours, on retrouve un peu du Chainas époque Versus dans cette critique au vitriol de la société et de ses différents maux, évoquée à travers différents protagonistes du récit. L'écriture du roman est un vrai point positif, avec des envolées poétiques par moment sur la vie, la mort, la famille, le sens du travail, l'adolescence, bref un nombre incalculable de sujets abordés et entre ouverts au gré des réflexions de chacun...

Sur le fond on a un remarquable roman social noir, avec du gore en arrière plan, une critique également du monde des abattoirs, avec une vague enquête de gendarmerie sur ce qui ressemble à un départ volontaire...

Roman dur, plein de sensibilité et de réflexions suscitées, il pourra autant émouvoir que donner envie de vomir, mais restera quoi qui arrive une expérience littéraire marquante et vraiment originale :)
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Mais où donc passé Hervé Snout ? Etrange quand même qu'il ne soit pas rentré chez lui après sa journée de travail, le soir même de son anniversaire. Sa femme se montre plus agacée qu'inquiète, car leurs derniers échanges au sujet de leur couple l'ont laissée dubitative. Ses enfants adolescents s'en désintéressent, sa fille y voyant même la chance de ne pas être contrainte de manger de la viande ce soir, elle qui a décidé de devenir végétarienne. Sa belle-mère y voit une occasion de plus d'accabler ce gendre qu'elle ne cesse de critiquer. Ses employés quant à eux sont presque soulagés, heureux pendant quelques jours de ne pas subir le caractère acariâtre de ce tempétueux patron. Quant aux gendarmes, même eux semblent peu enclins à diligenter une enquête tant la probabilité d'un départ volontaire leur semble privilégiée.
Parce qu'il faut dire que c'est un sacré personnage cet Hervé Snout ! Autoritaire, colérique, rigide et un brin réac, il est partout désagréable. En famille, où il néglige également femme et enfants, insensible à l'ennui de l'une et aux névroses des deux autres. Mais aussi dans son entreprise, l'abattoir local qu'il dirige avec fierté mais surtout rudesse. Un patron odieux et maltraitant, employant la même brutalité avec ses employés qu'avec les pauvres bêtes qui ont le malheur de finir leur vie dans son sinistre établissement.
Alors, pourquoi Hervé Snout a-t-il disparu ? Et qui est responsable ? L'enquête est ouverte.
.
Ce livre est une divine surprise. le genre de bouquin que tu ouvres un peu par hasard un jour de déprime et qui te colle illico le sourire aux lèvres. C'est drôle, c'est mordant, c'est très satirique, mais c'est surtout sacrément bien écrit et très habilement construit.C'est jouissif de suivre l'itinéraire de cet homme pour le moins détestable, et certaines scènes sont franchement hilarantes. D'autres sont assez gore, il vaut mieux le savoir, et on ne regarde plus tout à fait pareil son rôti de boeuf à l'issue de cette lecture. Mais au-delà de son aspect réjouissant et divertissant, ce livre est bien moins léger qu'il n'y parait. Car finalement ce qui sous-tend les rapports entre cette galerie de personnage c'est la violence. Violence familiale, par les propos, par le dénigrement ou par la négligence. Violence au travail quotidienne, généralisée et même légitimée quand elle émane du Directeur lui-même. Violence envers les animaux enfin, poussée à son paroxysme dans cet univers sanglant et macabre. Une violence qui devient presque normale, qui se banalise et se transmet de façon insidieuse, car finalement comment l'éviter quand on tue toute la journée ? Un roman qui au final questionne et interpelle et qui a mon avis viendra bousculer les certitudes des plus sceptiques sur la question de la condition animale.
Un livre que je recommande et que je suis heureuse de retrouver dans la première sélection du Prix Orange 2024
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S'inspirant de Perec dans sa narration, Bordaçarre nous entraine comme il en a l'habitude dans le quotidien de gens ordinaires confrontés à l'inattendu : la disparition du pater familias également premier employeur du coin et accessoirement une brute épaisse bas de plafond qui cumule toute les tares du beauf profond. Les chapitres alternent les points de vue des différents protagonistes à plusieurs moments de l'histoire avec pour axe temporel cette disparition mystérieuse et nous amènent progressivement à la résolution de l'affaire. Et quelle résolution : un crime parfait ! Bon, faut avouer, ce type, personne ne l'aimait, et les gendarmes locaux ne sont pas des limiers au taquet, ça aide. Et David qui triomphe de Goliath -de tous les Goliath- ça fait tellement de bien. Féroce, réjouissant, égratignant les violents, les médiocres, plein d'empathie avec les les petits et les sans-grade, Bordaçarre au sommet de son art !
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Hervé Snout a disparu .ce père de famille, directeur d'un abattoir n'est peut être pas l'homme irréprochable qu'il paraît être . Sa femme demande à la gendarmerie d'ouvrir une enquête mais il lui est répondu que chacun a le droit de disparaitre.
Ce n'est pas un livre que j'aurais choisi spontanément et j'aurais eu tord .
Heureusement je l'ai reçu et lu avec beaucoup de plaisir .
C'est sanglant, cruel et drôle .
L'écriture de l'auteur nous plonge dans une histoire glauque où l'on se prend à détester cordialement certains personnages et à en aimer d'autres , même s'ils ne sont pas innocents pour autant .
Bonne lecture
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