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Citations sur Vie et mort d'un crabe (6)

Ces jours durant tu avales de nombreux produits pour essayer de faire taire la bête qui lève en toi ses crêtes calcifiées : Doliprane et Di-Antalvic, aspirine et Efferalgan codéiné. Jamais pourtant tu ne peux dire : c'est la paix, car toujours la chimio te rattrape et ton crabe qui se meurt trouve, du fond de son agonie, le moyen de te faire encore souffrir. Vous êtes deux en un, on ne se quitte pas comme ça.
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Dans ce vieil hôpital de Laennec jadis nommé Hôpital des Incurables les bâtis gothiques ont des réveils dignes des Flandres de Van Eyck. Il est notamment un cloître veillé par un antique beffroi, un vieux puits, des arcades moussues et des mosaïques de fleurs. A huit heures un matin, ta perf à la main et un masque blanc sur la bouche, tu salues le lever du soleil, le flamboiement d'avril et les restes de la nuit mauve qui fuient par-dessus les toits.
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"A droite il y a la mort, à gauche, la vie, au milieu la voie de la guérison. C'est aussi simple que ça." L'explication lapidaire va droit au but : ton médecin a raison d'oublier ses gants : ton sort est à ton choix.
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En ce premier avril tu sors de l'hôpital avec beaucoup de vertiges et bien peu d'humour. Tu n'arrêtes pas de tripoter ce collier de nodosités suspectes, tu t'accroches à la plus bénigne des trois gradations symptomatiques : la tuberculose. S'opère alors en ton crâne une curieuse dissociation; c'est de toi qu'il s'agit mais ce n'est pas de toi qu'on cause, un autre est concerné qui est ton corps mais pas ta tête. Tu te places vite au-dessus de la tragédie que tu sens se nouer, tu adoptes le parti, sinon de la bonne humeur, n'exagérons rien, mais au moins celui de la curiosité enjouée, comme si tu avais à visiter ton propre musée.
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Drôle de printemps, vraiment, que ce mois de mars malsain. La chaleur est venue avant terme. Le jour, l'azur brûle déjà les lèvres alors que les nuits piquées d'étoiles sont encore de glace. Sous la tiédeur des après-midi rôde en permanence un acier froid. Les semaines tiennent de l'hiver et de l'enfer.
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C'est donc toi ce superbe concert d'opacités et de transparences floues où des ectoplasmes dans toutes les nuances de gris évoluent autour des vertèbres ardoise, s'alanguissent, frémissants et sombres, dans le panier ouvert du bassin. L'articulation des fémurs couleur perle semble de guingois, bien malhabile pour la triomphante locomotion de nous autres, les êtres debout. Entre tes côtes les poumons pommelés sont ailes de papillon mou au centre desquelles s'estompe un soleil laiteux. De côté te voilà cage thoracique, de face grillage anthracite avec le solide pointillé de la claire colonne vertébrale et le plomb diffus des chairs adjacentes. Tu oublies que c'est de toi qu'il s'agit, toi l'être devenu gris argent, produit opacifiant oblige, et qui ressort, illuminé comme un néon, de la salle radioactive. Avec ta peau couleur métal tu fais peur et comme tu es venu habillé en vert, cela te donne une teinte encore plus extraterrestre.
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