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EAN : 9782848051338
318 pages
Sabine Wespieser (10/01/2013)
3.75/5   32 notes
Résumé :
En ce soir de juin 1865, au Hoftheater de Munich, la magie opère dès que s’élèvent les premières notes de Tristan. Le très jeune Louis II de Bavière est subjugué. Wagner, à cinquante-deux ans passés, a enfin trouvé un protecteur. Les années d’errance et de misère sont derrière lui, il va pouvoir donner forme à ses rêves d’un théâtre entièrement nouveau et mettre en œuvre la conception de sa fresque révolutionnaire, L’Anneau du Nibelung. Comme sa carrière, l’intimité... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est passionnant. Mêlant la description des faits à une analyse exigeante et poussée, Vincent Borel nous raconte la vie de Wagner sous tous les angles possibles, familial, artistique, politique, social, littéraire et j'en oublie sûrement. On est saisi, happé par l'écriture et on ne s'ennuie pas une minute, plongé que l'on est dans le contexte de l'époque et dans la vision d'une oeuvre gigantissime et puissante. C'est l'occasion de redécouvrir un musicien d'exception et un visionnaire injustement tombé dans l'oubli, à cause d'un Hitler qui a pourri tout ce qu'il touchait. On voit toutefois très bien à la fin de ce livre comment l'oeuvre de Wagner a pu être récupéré par ce triste personnage et sa clique.
Wagner a tout (ré)inventé, et même le cinéma avant l'heure. Sa conception de l'art total, à la limite quelquefois de la démesure, prone une réconciliation totale de l'homme avec la nature et avec le monde, dans une fraternité révolutionnaire bien loin de l'idéal nazi. Il est juste de réhabiliter ce musicien, quelquefois lassant pour moi personnellement, mais toujours génial. Merci à Vincent Borel de l'avoir fait avec son si beau style qui mêle poésie et réalité, ses images qui font mouche, ses mots précis et justes, son humour décapant, rendant ainsi justice à l'homme tel qu'il était, avec ses qualités et ses défauts.
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Vincent Borel est critique musical, et le premier romancier à avoir été publié chez Sabine Wespieser, notamment avec Baptiste, premier portrait musical consacré à Jean-Baptiste Lully et paru en 2002. Il récidive ici avec Richard W., biographie romancée (mais très documentée) de Wagner, grand compositeur allemand dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance (1813-1883). L'occasion pour ce passionné de nous intéresser à cet homme et son oeuvre grandiose.

Je ne connaissais rien de Richard Wagner avant la lecture de ce roman, mis à part le nom de ses opéras et son célèbre festival de Bayreuth. Désormais, je suis incollable ! Et de surcroît, j'ai passé un bon moment littéraire.
En effet, la forme du roman a permis à Vincent Borel de se détacher des structures classiques de la biographie : il fait allégrement des sauts dans le temps, nous projetant à différentes époques de la vie de Wagner, au gré des souvenirs de ce dernier. Il nous dévoile ainsi petit à petit ce que fut l'homme, petit, laid, insignifiant, et le génie … wagnérien !

Résumons. Nous sommes en 1864. Wagner est repoussé dans toutes les cours d'Europe, raillé à Paris, et catalogué comme un dangereux agitateur depuis de mystérieux événements à Dresde dont l'auteur ne nous dévoile rien tout d'abord (il s'est battu pour le Printemps des Peuples en 1849, aux côtés de Bakounine). Bref, notre "personnage" est désespéré devant l'ineptie de ses contemporains qui ne comprennent rien à son génie et à son oeuvre avant-gardiste. A la différence de Litz, il refuse de jouer le jeu des grands de ce monde et de se soumettre. Il songe au suicide quand, d'une manière très romanesque, il est interpellé par un petit roi, Louis II de Bavière qui a été nourri par ses opéras précédents et ne vit que pour connaître l'oeuvre future de celui qui deviendra l'Ami et l'Aimé.

Malgré quelques hauts et quelques bas, dus en partie par ses goûts de luxe, c'est le début du succès pour Wagner avec, en 1866, Les Maîtres chanteurs. Et puis le tournant avec sa vision grandiose d'un festival dédié à sa musique, dans la petite ville de Bayreuth (qui a dû faire construire une gare pour l'ouverture de l'opéra en 1876 …) et où Wagner va prendre sa revanche sur les têtes couronnées et autres aristocrates qui l'ont piétiné pendant des années. Il ne connaîtra pourtant que deux festivals avant de mourir en 1883.

"Wagner est bien ce voyageur, à la fois Juif errant et fautif éternel en quête de rédemption. Pour lui, quel autre destin que de continuer à créer, donner vie à son oeuvre, quelque part, sur une nouvelle scène ? C'est là toute sa vie."

Côté vie privée, c'est aussi tumultueux ! Les privations des premières décennies ont eu raison de l'amour entre sa première femme, Minna, et lui. Il parvient finalement à épouser l'amour de sa vie, la femme de son chef d'orchestre préféré, Cosima, qui a toujours compris sa musique. C'est l'occasion pour Borel d'écrire quelques belles pages romantiques …
Il retrace également ses amitiés : avec Louis II, mais aussi avec Nietzsche dès 1869, qui lui voue une véritable vénération, avant leur rupture définitive peu après le lancement de Bayreuth.

Bref c'est un portrait complet de cet homme étrange, qui a toujours eu confiance en son génie et qui s'est battu pour chanter le peuple et ses mythes, en révolutionnant l'art de l'opéra, lui qui se voulait à la fois Shakespeare et Mozart.
"La musique, comme le désir, est un fleuve qu'aucun barrage ne contraint. Ainsi l'a t-il conçue : sans interruption, en un seul mouvement, sans airs ni césures. Un flot, un océan qui doit tout submerger."

Mais on découvre aussi, dans un dernier chapitre que j'ai trouvé un peu moins bon, ce qu'est devenu son héritage : Cosima l'a défendu corps et biens, malgré les scandales (l'homosexualité de Siegfried, le fils de Richard) et les remous de l'histoire (le soutien sans faille de toute la famille au nazisme – en passant, Borel tord le cou à l'idée d'un Wagner antisémite : il l'a été parce qu'il considérait que les Juifs l'empêchaient de s'exprimer, comme Meyerbeer à Paris qui a contribué à son insuccès dans cette ville qui faisait la pluie et le beau temps dans l'Europe culturelle. Mais il l'a jugé lui même comme un dépit de jeunesse, et non comme un véritable antisémitisme.)

Il me reste donc à clore cet article et ce chapitre musical, en vous donnant quelques noms d'oeuvres à écouter si vous voulez mieux connaître vous aussi Wagner :

Tristan und Isolde
Tannhäuser
Lohengrin
Les Maîtres chanteurs de Nürnberg
L'Anneau du Nibelung
Parsifal

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Un très bon roman/biographie pour qui veut approfondir ou même découvrir Wagner.
Personnellement, à part quelques airs bien célèbres, je ne connaissais pas l'oeuvre de Wagner. Ma technique pour lire ce livre? Mettre en fond sonore l'opéra dont parle le passage en lecture. J'ai franchement passé d'agréables moments. L'écriture est intelligente, et pas trop lourde malgré les va et vient parfois dans le temps. le portrait dressé de Richard est sans complaisance, sans haine non plus. Je crois que Vincent Borel a cherché à nous montrer les différentes facettes de l'homme sans pour autant nous imposer son propre avis sur le personnage. J'ai beaucoup aimé vivre avec lui la création de ses oeuvres, sa recherche de reconnaissance, d'épanouissement.
Pourquoi pas 4 étoiles? Parce que j'ai dû chercher moi même la musique! Na!
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Désolée de ne pas souscrire aux concerts de louange à la lecture de "Richard W".
J'avais entendu son auteur en parler lors de la Comédie du Livre de Montpellier. Certes le roman est très documenté, très précis sur les différentes phases de la vie du célèbre compositeur.
Mais autant le dire tout de suite : la musique de Richard Wagner n'est pas ma tasse de thé. Or l'auteur, dans un souci louable de "coller" à son sujet, a utilisé une prose lyrique et onirique pour décrire tous les états d'âme du compositeur. de longues pages sont consacrées à ces amours, de la belle Cosi qu'il va arracher aux griffes de Hans, son mari, mais aussi complice artistique de Wagner, jusqu'aux dernières pages rocambolesques pour ne pas dire scabreuses.
Personnellement j'ai bien eu du mal à terminer le roman, ressentant la sensation identique à celle de l'ingestion d'un "Kougloff étouffe-chrétien". Mais il en va de même avec ses opéras : personnellement je donnerai tout le ring pour quelques minutes de Debussy ou de Ravel, renvoyant les lecteurs de Babelio à l'excellent portrait (beaucoup plus concis dans l'écriture) qu'en a fait Jean Echenoz.
A chacun son style musical et sa prose correspondante.
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"Richard W." (W pour Wagner, bien sûr) est un excellent roman, qui confortera les fanatiques du Maître dans leur admiration et intéressera les autres lecteurs. Il raconte la vie et l'oeuvre de ce personnage vraiment extraordinaire, compositeur, poète, chef d'orchestre, musicien visionnaire, théoricien... Mais il a été également le favori d'un roi un peu fou (Louis II de Bavière), un révolutionnaire (...ce qui lui a valu un bannissement en 1849), polémiste anti-judaïque (à une époque où cela ne portait pas à conséquences)... Homme à femmes, il a été l'amant puis le mari de Cosima, l'épouse de... son ami von Bülow. de son vivant, Wagner a été méprisé ou, en tout cas, critiqué par ses ennemis. Mais il a aussi suscité une fascination sans bornes chez ses admirateurs. C'est d'ailleurs encore le cas, de nos jours.
Face au "cas W.", le lecteur peut éprouver de la méfiance pour son exaltation poétique et artistique, pour son mysticisme suspect, pour son ambiguïté face aux grands de ce monde, pour son abusive prodigalité, pour ses sincérités successives. Malgré ces particularités, le personnage demeure inoubliable.
Il me semble que l'auteur a fait un travail préparatoire sérieux avant d'entamer la rédaction de cette biographie romancée. de plus, il écrit de très belles pages, dans un style qui m'a généralement beaucoup plu. Sur le fond comme sur la forme, il s'agit selon moi d'un livre tout à fait recommandable.
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critiques presse (1)
Actualitte
10 janvier 2013
Tantôt souffreteux, tantôt malade de petites contrariétés, le compositeur ne nous épargne rien de sa petitesse ; par-dessus son épaule, le lecteur découvre d'un côté l'écriture de ses pièces majeures, et de l'autre, la vie quotidienne : les amours, les adultères, les rares remords, les instants de grâce
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Le créateur a cette chance rare de porter en lui son univers. Certes, il doit sans cesse lutter pour l'étayer et le faire croître, le consolider et lui donner forme. Mais, si l'invention coule rarement de source, sa venue est une salvation de l'être. Pour qui se connaît, la douleur, l'angoisse, le remords, la peur, tous ces démons peuvent être projetés hors de soi-même sur la scène de l'oeuvre.
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Elle avait reçu la lumière de son amour comme une ressuscitée. L'arrière-pays dessiné par sa musique se découvrit enfin à elle. Le bonheur sur cette terre était donc possible ! Elle le demandait et il le lui donna. Leur baiser abattit toute barrière avec la force des gosiers d'opéra et d'un orchestre à son paroxysme... Les hommes et les femmes de son temps n'étaient qu'un nombre infime à se reconnaître dans ce qui n'avait plus rien à voir avec le libertinage concupiscent des Lumières ; ils affirmaient l'absolue volonté d'un choix personnel. Et tant pis pour la bienséance. En secret, Richard et Cosima firent croître leur amour, qui explosait les règles de la vie ordinaire.
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Richard ne pouvait dormir. Il sortit nu dans la nuit, couvert d’un drap blanc. Qui l’aurait croisé l’aurait pris pour un fantôme. Il courait à travers bois. La lune pleine montait et l’herbe caressait ses mollets d’une tiédeur troublante. Cela le prenait, l’enveloppait. Des ardeurs inconnues lui parcouraient l’échine et les cuisses. Son désir s’affirmait, total et lunaire. Il n’y eut pourtant rien d’onaniste en cette nuit d’éros primitif; aucune semence wagnérienne ne fut répandue dans l’herbe pour y nourrir la mandragore et affoler la sorcière. (…) La nature entière, sous cette pénombre païenne, chantait le bonheur sans contrainte. Richard, nu, était en accord avec le cosmos. Cette sensualité, la joie qu’elle provoquait, le bien qu’elle ordonnait, tout cela serait le sens de son art à venir.

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Ce fou au regard pénétrant, aux robes de chambre si originales, est le représentant d’une génération intrépide qui a tourné le dos à toutes les doctrines débilitantes de l’optimisme béat. Il a choisi de vivre résolument une existence pleine et entière, hors du bien et du mal. Il a connu la peur et le désenchantement et rien ne l’a dévié de sa voie. Il écrit son œuvre et l’incarne dans son existence.
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Car ils ont un projet secret. Cosima, en la caressante compagnie de Wagner, oublie la faute et le péché. Ils sont de nouveau l'un à l'autre, dans l'étreinte des coeurs et des corps.Sans lui, elle est une égarée, une impure; avec lui, elle redevient cet esprit volontaire qui ne veut plus souffrir, mais aimer et s'offrir. Sa résolution est prise : elle s'installera avec Richard, et pour toujours.
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