Tout le monde est noté au fichier central, les innocents comme les coupables. Les innocents, c'est à dire vous et moi, lorsqu'ils font une demande de passeport, de carte d'identité ou de permis de chasse. Ils sont là parce que la police estime avec sagesse que les innocents se transforment parfois en coupables et qu'il est préférable de tout savoir sur eux à l'avance. Sans parler des dossiers tenus par la direction des renseignements généraux sur tout individu appartenant à un parti politique, à un syndicat ou à une quelconque association de pêcheurs à la ligne !
- Si vous me laissez filer, huit cent mille francs pour vous, propose Liogier à l'inspecteur qui procède seul à son audition dans les locaux du commissariat.
Le policier feint de jouer les corrompus :
- D'accord mais ce pognon, tu vas le trouver où ?
- Vous en faites pas. Vous me lâchez et dans moins d'une heure je vous l'apporte, parole d'homme. De toute façon je n'y resterai pas longtemps, en cage. Le fric, ça ouvre toutes les portes.
Bernard Lirola avoue donc avoir tué Baudine "pour rendre service à Jo Gardan" qui, au mois de juin, souhaitait régler son compte à un gars qui en savait trop.
"Je n'aime pas laisser un phonographe derrière moi", lui aurait-il déclaré.