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Citations sur Colonne (15)

Et quand chacun abordait, un peu rêveur et sans y croire, à la façon d’un exercice de la pensée, ce que serait le monde d’après, Mohamed Saïl, lui, racontait un monde d’avant que la machine coloniale avait détruit. Ce qu’il nommait un modèle ancestral, toute l’organisation de village berbère, ce sens inné de l’autonomie, sans État, sans police, sans juge ni prison, sans argent, tout entier mû par l’entraide.
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Les deux gars débordaient d’affection pour Simone. Ils appréciaient cette façon qu’elle avait de regarder le monde, une solidarité pas bêtement exaltée, quelque chose de tendre, de profond, sincère. Elle possédait cette qualité rare qu’ont certains êtres : dans leurs yeux et à l’écoute de leur parole surgit un mystère qu’aucune réponse ne comble mais qu’aucun questionnement ne recouvre. Son combat ne tenait ni de la posture ni de l’air du temps, mais d’une nécessité intérieure si impérieuse qu’il annulait tout doute, ne laissait place qu’à une forme immédiate d’admiration.
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Après la chute de Barcelone et des derniers espoirs de la République, la guerre d’Espagne prit fin avec l’exode des réfugiés traversant la frontière des Pyrénées. Deux cent soixante-quatre mille exilés qu’on traita en criminels, parqués dans des conditions effroyables au plus dur de l’hiver 1938. En juillet, on estimait à cinq cent mille le nombre de ceux qu’on appellerait de nos jours des migrants.
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Des trente soldats engagés de la ville de Sitges, neuf n’étaient pas revenus. Partout on parlait de vengeance et d’expédition punitive. Une nuit, on exécuta neuf fascistes, ou prétendus tels. On en fit autant la nuit suivante. Des gens s’enfuyaient. Ce qu’elle documentait à ce moment précis, interrogeant autour d’elle, c’était le principe de guerre juste – la pesanteur de la vie et cette tension vers la violence annulaient tout. Les exactions entacheraient le mouvement – la réponse à la cruauté fasciste ferait basculer les troupes dans la terreur.
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Ils traversaient des villages déserts, d’autres en liesse. Ils roulaient à bord d’une Ford noire, le toit ouvert. Elle interrogeait les paysans et Ridel et Carpentier jouaient les interprètes. Ils riaient beaucoup. C’était un trio libre qui traçait la campagne. Elle notait dans son journal des détails sur l’organisation des troupes, les effectifs, l’armement, la politique agraire et la collectivisation.
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Écrire, penser, agir sont une seule et même chose.
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Mais deux jours auparavant, au terme d’un rassemblement en soutien aux républicains espagnols, elle avait pris la décision de partir se battre. Elle était revenue à l’appartement familial de la rue Auguste-Comte avec l’empressement que ses parents lui connaissaient, celui-là même qui ne souffrait ni la contradiction ni la prudence, celui-là même qui l’avait conduite à quitter l’enseignement et la philosophie pour l’usine et devenir ouvrière presseuse, chaudronnière au four à bobines de cuivre chez Alsthom, puis fraiseuse à la manufacture Renault. On ne s’engage qu’entier, disait-elle. Il y va de la guerre comme de la lutte, du front comme de l’usine, la fraternité est un élan du cœur.
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Simone Weil craignait davantage de fuir le péril et le malheur que de s’en protéger. Elle n’était pas aveugle au danger. Elle avait été exclue de l’enseignement public par le premier statut des Juifs promulgué en octobre 1940. Elle était clairvoyante et saisissait le péril – mais ce qu’elle redoutait avec une terreur autre, c’était de se trouver loin de l’Europe en feu, à l’abri, spectatrice du désastre.
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On ne s’engage qu’entier, disait-elle. Il y va de la guerre comme de la lutte, du front comme de l’usine, la fraternité est un élan du cœur. Ceux qui l’éprouvent voient d’immoral plutôt une façon de se tenir en retrait des engagements, d’odieux cette manière de pétitionner contre le malheur sans risquer d’en éprouver le prix.
Écrire, penser, agir sont une seule et même chose.
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Je me suis dit parfois que si seulement on affichait aux portes des églises que l'entrée est interdite à quiconque jouit d'un revenu supérieur à telle ou telle somme, peu élevée, je me convertirais aussitôt.
(p.94)
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