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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes au XIV ème siècle. Sur ordre du cardinal-archevêque de Nidaros et recommandation de l'Ordre du Joug-Dieu, l'abbé Montanus fait construire un bateau, appareille et met le cap sur la Nouvelle Thulé, une colonie chrétienne plus ou moins oubliée au nord du nord…
Une expédition. Et quelle expédition !
Le Court Serpent arrivera finalement à bon port, si l'on peut dire, pour découvrir une colonie livrée à elle même et au froid intense, aux bassesses et aux comportements déviants, tant sexuellement qu'alimentairement : l'abbé Montanus sera confronté à des pratiques incestueuses, anthropophages et coprophages ; quant à la religion…
Même lui, le Docteur en Théologie, l'inquisiteur, l'exorciste… sera confronté aux amours interdites.

A 76 ans, en 2004, Bernard du Boucheron, après une carrière dans l'aéronautique, publie son premier roman… Un roman âpre comme le climat de ce petit âge glaciaire qui sévit à cette époque sur le nord du Groenland ; âpre comme le tempérament des hommes poussés aux comportements extrêmes face à la misère, la famine, le froid intense.
Ce genre de littérature qui ne manque pas de rappeler certains ouvrages de Jean Teulé – en plus soft – n'est en principe pas vraiment mon créneau. Néanmoins Bernard du Boucheron sait maintenir l'attention du lecteur et la brièveté de l'ouvrage ne nous conduit pas à l'indigestion par excès de description d'humains corrompus, autant dans leur tête que dans leur corps : pus, pustules, gangrène, supplices barbares, amputations, exécutions sommaires…
Malgré tout, une narration maritime dans le grand nord qui ne manque pas d'intérêt.
Pour le reste, j'avoue qu'il était temps que ça se termine…
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Vraie bonne surprise à la lecture de ce roman sorti il y a dix ans, bien loin de mon petit radar bibliophile. Il y a encore deux mois, l'auteur m'était totalement inconnu et je dois remercier Babelio et ses contributeurs d'ouvrir encore une fois mes horizons...

Au Moyen-Age, un prêtre scandinave est mandaté vers la Nouvelle Thulé (au sud de l'actuel Groenland), à des fins prosélytes et mercantiles, afin de ramener sur le droit chemin une ancienne colonie ne donnant plus signe de vie depuis plusieurs dizaines d'années.

C'est court (133 pages), ça s'embarrasse peu de fioritures et de personnages à la psychologie complexe, ça file droit vers une conclusion à double face, d'une sécheresse glacée.

L'abbé Montanus se rêvant en pilier de la foi finira en monstre d'hypocrisie et partie prenante dans l'échec de son utopie évangélisatrice.

L'auteur a une plume pour le moins élégante en nous dressant pourtant un inventaire de pas mal de bassesses et de perversions humaines.
Il crée une langue paraissant d'époque sans être passéiste et ramène cette épopée glauque vers un récit d'anthropologue.
Pire, ou mieux, c'est sa précision d'entomologiste détaillant une colonie de fourmis sans but qui fait froid dans le dos et fait tout le prix de Court Serpent.

C'est cruel, très cruel, ceci n'excluant pas une certaine délectation dans le détail. Mais cette cruauté se trouve moins dans l'accumulation des actes (même si cela peut apparemment heurter les plus sensibles) que dans le constat de l'échec d'une civilisation en plein délitement.

Pour ma part totalement convaincu, piqué au vif par cette froideur gracieuse et vicieuse, je continue ma découverte de du Boucheron avec Chien des os.


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Une histoire noire mais bien racontée. Nous sommes au XIVe siècle quand l'Abbé de Joug-Dieu, Montanus, un Norvégien et inquisiteur ordinaire et extraordinaire, est envoyé en mission. Il doit visiter une colonie chrétienne de Nouvelle Thulé dans l'extrême Nord du Groenland avec laquelle on a perdu le contact. Sa mission est simple ; enquérir de l'état du peuple chrétien, faire un rapport sur la situation locale et restaurer la foi et l'ordre.

Le Court Serpent est le nom du bateau avec lequel Montanus fait le voyage. C'est un voyage effrayant, le temps est terrible et il fait froid. Après son arrivée en retard, après une traversée dégoûtante, il découvre le destin triste de la colonie. C'est la déchéance totale : les gens ont perdu la foi chrétienne, mais, plus important, leurs fermes ont échoué, on a faim, on a froid, ils n'ont rien à perdre, bref, ils sont désespérés. Alors, l'inquisiteur, il va essayer de reconstruire la colonie et de rétablir la foi.

C'est une histoire noire sans un quelconque élément positif. Les colons et l'équipage du Court Serpent, les deux se trouvent dans une position impossible dans laquelle ils ont recours au cannibalisme. En lisant ce livre, on n'oublie jamais que l'histoire se déroule au XIVe siècle, c'est toujours le Moyen Âge barbare. Les punitions sont affreuses, même si le bois manque pour les bûchers. L'inquisiteur cherche d'une façon créative des nouvelles punitions pour discipliner ses ouailles. Par exemple, il se demande comment il devrait punir quelques enfants. Finalement, il décide de leur prendre un oeil, au lieu de leur trancher une main ou un pied de sorte qu'ils puissent encore travailler la terre.

C'est une histoire effrayante, mais c'est aussi une histoire vraiment fascinante. le style du texte est original et authentique, par exemple par l'utilisation des formes de politesse démodées. Bien que les phrases soient longues et le vocabulaire est riche, le texte reste toujours facile à lire. J'ai aimé surtout ce sens de l'humour noir et subtil.

J'ai lu le livre avec beaucoup de plaisir. Malgré la sauvagerie et malgré toutes les choses épouvantes, pour moi, le texte ne dégénère jamais. Je crois que l'auteur ne présente pas les horreurs pour choquer les lecteurs d'une façon facile. C'est une histoire sur un temps impitoyable, le Moyen Âge, et sur un endroit lamentable, Groenland au début d'un petit âge glaciaire. Alors, c'est un roman réaliste qui n'a rien d'un conte de fées.
Le livre a gagné le Grand Prix du roman de l'Académie française en 2004

Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Au XIVème siècle, l'abbé Montanus est chargé par sa hiérarchie de rejoindre la Nouvelle Thulé pour aller évangéliser, "reconquérir", réconforter, remettre sur le droit chemin les habitants isolés de cette région, qui n'ont vu d'homme d'Eglise depuis trop longtemps. C'est à bord du bateau nommé Court Serpent que l'abbé s'en va. Outre la galère des maladies, de la faim, les hommes vont devoir affronter la neige, les glaces synonymes de pièges. Arrivés enfin sur place, les premiers hommes rencontrés sont.......morts. Massacrés. Au-delà de cette ferme et en atteignant un village, l'abbé va aller de déconvenues en déconvenues. L'abbé qui restaure la messe, qui donne ses vêtements est aussi capable de décapiter, de tuer.
Tout n'est que pestilence, faim, misère intellectuelle, pauvreté, inceste, massacre, furoncle, dégoût, glace, engelure, membres sacrifiés...



Mon avis : j'ai bien aimé ce court roman (150 pages). Il n'en aurait pas fallu plus et l'auteur a trouvé la bonne proportion à donner à ses idées. Beaucoup de points communs avec "Les vikings de Novgorod" que j'avais lu cet été. Bien que le roman de Bernard du Boucheron se passe bien plus tard, il y a énormément de similitude dans la façon qu'ont les hommes de se traiter entre eux, de traiter les femmes et les enfants et dans la façon de rendre compte de la dureté du climat et des conditions de "vie" sous ces latitudes.
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Au quatorzième siècle, au début du petit âge glaciaire, L'Abbé Montanus reçoit l'instruction du Cardinal-Archevêque de Nidaros (dans l'actuelle Norvège) de se rendre en Nouvelle-Thulé (au nord du Groenland), pour ramener vers l'église les habitants de cette lointaine contrée, et pour y pourchasser «l'hérésie, l'apostasie, l'incroyance, l'abandon de pratique, le parjure, la gloutonnerie, la luxure simple et la sodomitique.» Pour entreprendre ce périlleux voyage, sa première mission est de construire son navire qu'il baptisera Court Serpent.

Au terme d'un voyage qui est déjà une succession de souffrances et d'abominations, l'Abbé et ses compagnons rescapés de ce périple atroce, vont découvrir un peuple qui avec les souffrances du froid, de la misère et de la faim, retourne dans les ténèbres de l'infâme et de la barbarie.

Ce livre est fascinant par la langue sublime, par la justesse des mots parfaitement choisis pour dépeindre un voyage dans les tréfonds de l'horreur, par la trajectoire de l'Abbé et de ses hommes qui n'ont pas d'autre choix pour tenter de survivre que de suivre la trajectoire et les pratiques infâmes des quelques survivants dans ce pays hostile, et enfin par ce que la narration laisse apercevoir du manque de fiabilité du narrateur, l'Abbé, qui par ce récit de son périple à celui qui l'a missionné, souhaite visiblement tout autant se confesser que d'éviter d'être condamné par l'église.

«Einar Sokkason m'instruisit du seul prêtre survivant ; encore faut-il un mélange inouï d'audace et de foi pour persévérer, sur la seule force de l'ordination, à parer du beau titre de prêtre le monstre porcin qu'il traina à mes pieds. Je remerciai le ciel que ce misérable ne fut plus en état de célébrer le Saint Sacrifice qu'aurait profané son abjection. Couvert de poux, la bouche encombrée d'une mousse glaireuse aux émanations impures, et tenant par la main une petite publicaine à peine pubère, il vomit cent blasphèmes que l'absence de toute boisson forte dans cette extrémité du monde privait des excuses de l'ébriété.»
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Grand prix de l'académie francaise, Bernard du Boucheron a écrit ce premier livre à 76 ans. L'écriture est superbe, fluide. Ce voyage pour tenter de secourir dans sa foi une ancienne colonie viking nous transporte vers une époque et des contrées males connues. Cruel, comme les hommes qui le peuplent.
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