Fleurs
Pas plus haut,
où elles s’arrêtent, ces eaux
bleues ! Que le premier escarpement des fleur tout à coup transpirant dans l’air froid,
et aussi rude.
Mais le baiser, venu
par les fonds raboteux, où, poussiéreuse brassée, je disparais dans le jour qui attend le soleil.
Qu’elles ne l’arrêtent pas, la façade
sera rendue, elle, aux pierres.
Parmi les fleurs, encore, ceinturée par la chaleur
du nuage, puis par le vent, au cœur des routes,
le nuage ! Se heurtant à
ce qui a fleuri.
S’il faut, pour qu’elles grandissent, avoir
croulé
jusqu’au bleu,
la sauge,
à quelque route.
Plus tard, comme le pas,
la nuit, les voit, leurs faces maintenant tendues,
linge dans l’air ras !
« je reprends ce chemin qui commence avant moi
comme un feu en place dans l’air immobile
l’air qui tournoie au-dessus du chemin.
Tout a disparu. La chaleur déjà».
P 87
« Météore »
« L’absence qui me tient lieu de souffle recommence à tomber sur les papiers comme de la neige. La nuit apparaît, J’écris aussi loin que possible de moi »
p 38
Le soleil,
voiture obscure.
V
Je sors
dans la chambre
comme si j'étais dehors
parmi des meubles
immobiles
dans la chaleur qui tremble
toute seule
hors de son feu
il n'y a toujours
rien
le vent.
Tout commence
à la montagne inachevée, à un moment de terre perdue.
Il y a devant nous une montagne,
un morceau
d'air
formé par un fil.
Le jour qui s’ouvre à cette déchirure, comme un feu
détonnant. Pour qui s’arrête auprès des lointains. Le
même lit, la même faux, le même vent.
J’occupe seul cette demeure
blanche
où rien ne contrarie le vent
si nous sommes ce qui a crié
et le cri
qui ouvre ce ciel
de glace
ce plafond blanc nous nous sommes aimés sous ce plafond.
... chute de neige, vers
la fin du jour, de plus en plus épaisse, dans laquelle
vient s’immobiliser un convoi sans destination — je
tiens le jour... La paupière du nuage porteur de la
neige se levant, je me retrouve inclus dans le bleu de
l’autre jour.
Son pourtour semblable aux montants mal ajustés
d’un cadre métallique mobile, je l’avais cependant — sans aucune application possible — solidement tenu
entre mes mains, déjà: chemin ferré étréci sur
l’enclume de l’un des forgerons ayant donné de loin en
loin, autrefois, dans la vallée, le timbre de lieux
habités aujourd’hui déserts. Hier encore, nous en
parlions. La brusquerie du froid qui s’était abattu, par
la suite, avec l’orage, n’est plus, entre mes draps,
qu’un souvenir dont je démêle mal en plein été, s’il
provient d’un livre ou d’un village.
Le froid soudainement avivé par la sonnerie inattendue de l’orage, et
auquel, toute trace de chaleur disparue, s’ajoutait
alors celui de la nuit, se déposait en neige dans ma
tête, bloquant les voies...
Un livre ou un village, les lignes
étrécies étant celles d’une tranche — au possible —
jusqu’à ces lèvres...
Enclume de fraîcheur, de cela, comme je le tiens, je ne
serai pas délogé.
... parole - non: cela, la parole, elle seule, le dit,
scindant.
Le convoi est bloqué. Pas de destination, étant là
dans la consistance de cette neige...
... après soi comme inclus dans la langue — le jour.
... pas de destination : j’ai rejoint.
Mais la parole qui le rapporte, je dois encore aller
jusqu’à elle: comme à pied. Une glose obscurcit ou
éclaire.