L'écriture d'André du Bouchet frappe par sa clarté tour à tour silencieuse et fracassante.
Lire la critique sur le site : Telerama
L'herbe lui fait venir l'encre aux lèvres
on y descend comme dans l'eau
on s'y allonge
coupant court à ces attraits.
L'heure échappe aux doigts. Elle m'a glissé entre les doigts
avec un très léger sifflement
( herbe aux odeurs vastes, aux fibres coupantes ).
il imprime à chaque mot
une caresse de coquelicot
Cahier Record, 9 juin 1949
Ce qu'il y a de nouveau dans la sculpture de Giacometti : la première sculpture qui ne soit pas une commémoration. La sculpture cesse un moment de commémorer.
Le matériau le plus dur croule tout entier dans le temps. On veut voir quelles sont les limites extrêmes de cette faiblesse, sa ligne de force réelle. Le point de résistance irréductible de l'homme. Privé de presque tout, il reste encore un homme, plus homme que jamais.
5 novembre 1951
La poésie
c'est refuser la vie - partie par partie -
pour l'accepter toute entière -
25 mars 1954
Poésie : gouverner la part immense de l'homme qui échappe à la raison.
29 juin 1951
Attente glacée
de moi ou du jour
qui va durer
je ne suis que de la terre éteinte
mais la clarté rouge glisse
encore à travers ses doigts
comme un jus de mûres
André DU BOUCHET – La Pierre bleue (DOCUMENTAIRE, 1993)
Un film réalisé en 1993 par Laurence Bazin.