Parti de nous-mêmes, chaque fois, le cerne de l’étendue, telle que d’instant en instant, nous supposons qu’elle nous entoure, revient sur un visage – inapparent, puisque nous l’occupons. Se révèle inachevé, ouvert, en suspens, comme le regard circulaire s’interrompt. Un pourtour, quand il touche au centre, presque – en avant, que nous ne verrons jamais, est brisé. Toute chose se délivre, en même temps que l’étendue dans laquelle, au regard inclusif, elle apparaît stationnaire, de son cerne. Se dénue. Non sur l’éclat mais le foyer.
Elle ne se trouve pas en arrêt devant le monde ouvert, comme face à elle nous aurons pu un instant l’éprouver. Elle est – dans le dénuement qui précède son apparition, et, à travers elle aussi, jusqu’à cet horizon qu’elle a reculé, le monde élargi à l’orée duquel nous ne cessons d’arriver.
Notre arrêt devant les choses, comme il nous arrive ― face à
elles, de nous interrompre… Pour atteindre, dès lors qu’en elles
rupture se fait jour, au foyer, nous‐mêmes, d’une survie dans
laquelle l’éclat confondant de la mort, réserve infime, est absorbé. Une respiration se précise, le souffle entame. Les choses données
sur leur paroi, les choses ajourées, à cette hauteur indicative
d’abord d’une distance impraticable, ou chute, puis franchies ―
visage ou montagne ― sur leur cime, qui est interruption elle
aussi, l’une après l’autre s’étirent dans l’essor. Le trait divisé s’irise, comme Giacometti, à bout de force ― le jour ayant gagné
déjà, l’autre côté de la montagne ― s’endort, pour reprendre, en
plein jour, œuvre de très longue haleine.