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Citations sur Les métamorphoses d'Alphonse : Mourir d'enfance - L'étran.. (18)

Côté fesses et rotoplos elle avait prit sérieux de l'ampleur. L'époque pourtant ne se prêtait guère aux excès de poids. Je vous recommande le régime de Vichy, pour garder la ligne. Ca serait une bonne idée comme cure d'amaigrissement, s'appliquer à ne becter que ce qui était prévu dans nos cartes de rationnement en 1943. Résultat garanti en deux ou trois mois... avec la photo pour preuve : avant, après... comme dans "France-Dimanche".

"Mourir d'enfance" (p. 116)
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Je me suis aperçu plus tard en essayant de faire le point sur ma vie, que je n'avais pas eu beaucoup d'entraves éducatives. Était-ce un bien, un mal ? J'aurais pu bien sûr avoir un dab sérieux comme mes copains du quartier, un vrai, à table chaque soir... sortant de l'usine, du bureau qui m'aurait mis au pli à la moindre incartade. Je serais peut-être alors devenu un honnête travailleur... Question de me déhotter du page le matin ça m'a jamais coûté, je suis réveillé au chant du coq... habitude de pedzouille. Mauvaise habitude... le monde n'appartient pas à ceux qui se lèvent tôt. Ce que disent les nantis pour mieux nous envoyer au charbon.

"Mourir d'enfance" (p. 96-97)
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Les mômes du quartier, eux ils jaspinaient déjà l'argot, ils traînassaient de la savate le long des phrases. Au début, à l'école avenue de Choisy, ils se foutaient de ma gueule quand je récitais "Le corbeau et le renard"... je les faisais marrer. On se gausse toujours de ce qui n'est pas conforme et quoi de plus conformiste que les enfants. Contrairement à une idée reçue, c'est en vieillissant qu'on devient parfois un peu original... qu'on se construit dans sa tête un univers un peu différent, qu'on baise les idées en levrette. Et d'ailleurs y a pas tellement à en faire état, ça ne peut que vous valoir des désagréments, des crachats de la foule, des quolibets radiophoniques. L'hypocrite de base doit simplement être attentif à suivre les évolutions de la mode.

"Mourir d'enfance" (p. 74)
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Il faudrait s'habituer à l'idée de la mort. On n'y arrive pas bien malgré tout ce qu'on peut écrire. Heureusement sans doute, mais si on est pas fauché subito par une bagnole en furie, un "fractus" de la cocarde pour les anciens combattants, un coup de flingue d'un vieux rival malfrat... on est pas lerche mieux loti. On meurt par petits morceaux... un oeil... le conduit auditif... les incisives qui se font la paire... les jambes qui s'attristent en montant les marches de la butte Montmartre, la tronche qu'on a de moins en moins envie de se contempler dans un miroir... et puis et puis la quéquette qui ne veut plus que faire son petit pipi à compte-gouttes. On lit tout ça dans le regard des belles, elles vous devinent la bite en froc recroquevillée par les inexorables outrages du temps.

"Mourir d'enfance" (p. 221)
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On jouait à quoi ? Aux billes, à des bricolages... les jouets n'étaient pas débordants, variés, envahissants comme aujourd'hui où ils sont devenus une pièce essentielle de notre économie. A la Dezonnière on se les fabriquait nous-mêmes, nos jeux, avec des planches, des branches, des ficelles. En était-on moins heureux ? je ne saurais dire. En tous cas ce qui nous rend malheureux, c'est surtout l'envie. Nos vitrines, nos écrans de télé, nos magazines nous offrent de quoi se gorger de haine lorsqu'on ne peut pas satisfaire à la sollicitation.

"Mourir d'enfance" (p. 56)
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Je me suis arrêté sur ces photos, comme ça, parce qu'il me semble qu'elles sont les meilleures images de ma mère. Sa jeunesse, sa beauté... le reste après, ça devient plus duraille à démêler. Tout s'enchevêtre... mon enfance qui joue encore dans les ruisseaux de la Dézonnière à la pêche aux écrevisses... des choses de rien qui vous reviennent souvent la nuit lorsque tous les chats sont gris et qu'on pense à son anéantissement inéluctable. Pourra-t-on emporter un souvenir... un frisson. Non, hélas, la mort est une salope de plomb !

"Mourir d'enfance" (p. 220)
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Y a pas que les jolies histoires d'amour qui se concluent par un mariage... la paresse, la peur de la solitude, la résignation y conduisent aussi.

"Mourir d'enfance" (p. 210)
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Aujourd'hui [...] tout le monde se pointe pour se confesser au petit écran. C'est devenu une consécration d'aller tout dire... raconter ses pires dépravations devant les caméras. Ne jamais, je le répète, oublier de replacer les choses, les drames, les comédies, les tragi-comédies dans les décors, les moeurs, les préjugés du moment invoqué. On est passé en quelques lustres d'une époque où l'on guillotinait les faiseuses d'anges comme on disait, à une autre, où l'on fait rembourser l'avortement par la Sécurité Sociale.

"Mourir d'enfance" (p. 193)
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Tous les Parisiens viennent d'ailleurs... les meilleurs Parisiens... boulevardiers ou gavroches. Je dis "viennent" il faut se résigner à dire venaient... ils n'existent plus les Parisiens... les paysans non plus. Tout ça s'unifie aux télévises, à l'HLM... au béton, au McDonald's, à la drogue... Y a plus de Pantruche que dans les films en noir et blanc. Parfois, en prêtant bien l'esgourde, on l'entend encore lorsque Jo Privat respire à l'accordéon. C'est plus que de la nostalgie, des chansons qui volent au-dessus des rues où s'éloignent des couples cacochymes qui mâchonnent le pain sec du regret. Finish Paris, la sérénade en argot. On fait encore semblant d'y croire mais ça ne passe plus... Le siècle approche... le XXIe... celui qui va vous anéantir, truffes molles qui croyez encore au Papa Noël de Tino Rossi. Ça va être la fête aux clones, aux robots, à l'image seconde simultanée... la zizique sérielle... les farandoles électroniques... virtuelles... on va vous en fabriquer à la chaîne... des divinités spéciales pour l'homoconsommateur.

"Mourir d'enfance" (p. 52-53)
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J'en finissais plus de m'étirer... échalas... je quittais peu à peu ma dépouille d'enfant. On a au début de l'existence une grâce infinie, aussi bien les chats et les chiens que les hommes. Ce qu'on ne peut pas retenir, qui fout le camp à l'âge ingrat, l'âge incertain des acnés. On se hâte d'aller vers une forme qu'on croit définitive mais qui sera elle aussi bien passagère, bien illusoire. Je passe sur les dernières métamorphoses, elles sont d'une bien sale tristesse, d'une épouvantable odeur.

"Mourir d'enfance" (p. 52)
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