François vient à ma rescousse.
— Arrêtez donc, les gars. Ça fait du bien de voir une fille manger comme du monde. Les trois quarts de mes ex prenaient juste de la salade. Ça devenait fatigant, à la longue.
— Ah, ça c’est vrai ! Les filles sont tout le temps en train de faire des régimes! Pis ça se met en gang pour se plaindre qu’elles sont trop grosses. Ça, c’est vraiment fatigant !
Nous regardons tous Guillaume avec de grands yeux. Il n’a jamais dit autant de mots de suite. Il hausse les épaules.
— J’ai deux sœurs, je sais de quoi je parle. Mais toi, Mia, c’est pas pareil. T’es pas une vraie fille.
Comment ça, pas une vraie fille? Alexis renchérit :
— Guillaume a raison. Aussi bien te faire à l’idée, t’es un des gars, maintenant.(...)
J’avais déjà la conviction que tout le monde dans l’équipe me voyait comme «un des gars», mais d’entendre Alexis le dire, ça rend la chose encore plus réelle. Plus bizarre. Je ne suis plus certaine que j’aime ça. Pas une vraie fille... Je ne sais pas si je devrais le prendre comme une insulte ou un compliment.
Ça m’est déjà arrivé de regretter d’être une fille. Plusieurs fois, même. J’ai souvent pensé que les choses auraient été beaucoup plus simples si j’avais été un gars.