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Citations sur Capitaine Joseph Kassov, tome 3 : Ils ont tué Ravaillac (14)

Deux chiens passèrent en grondant, qui se disputaient un os humain. Ils se mirent à tourner, l’un poursuivant l’autre, autour de la grande statue représentant un cadavre décharné élevée au milieu du cimetière, singulière évocation de la folie des hommes courant après de hasardeuses fortunes sous le regard impitoyable de la Mort. Perdu dans ses pensées, Mattheus ne se rendit pas compte que le cimetière se vidait avec la tombée de la nuit. Le voyant ainsi seul, deux malandrins avinés vinrent lui chercher querelle. Mattheus n’eut qu’à sortir son épée pour les mettre en fuite. Il commençait à désespérer de revoir Emilia et s’apprêtait à quitter lui aussi ce pourrissoir géant planté au cœur de Paris quand la belle fit enfin son apparition, un ballot sous le bras.
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Tel un galion fantastique sortant de la nuit, la cathédrale Notre-Dame de Paris se dégageait des brumes de l’aube et présentait au promeneur solitaire les mystères de son architecture frappée en plein par le soleil d’est. Déjà, sur le fleuve en contrebas, des barges déchargeaient leurs marchandises dans le grincement des poulies et les cris des bateliers. L’homme à la silhouette mince enveloppée dans une longue cape de couleur sombre, le visage dissimulé sous un chapeau, se laissa distraire un moment par le spectacle qu’offrait la Seine en ce petit matin d’été. Qui aurait pu croire que, quarante années auparavant, le plus terrible des massacres avait ensanglanté la ville et plongé dans le chaos le royaume qui, miné par les factions, se remettait mal ? L’assassinat récent du roi Henri le Quatrième en était la preuve.Se rappelant soudain sa mission, l’inconnu accéléra le pas. Il avait enfin obtenu un rendez-vous avec un informateur travaillant au palais du Louvre. Il en espérait une moisson de renseignements qui lui permettraient peut-être d’écourter son séjour en France et de retrouver la relative tranquillité de son pays.Il voyait déjà se refléter sur l’eau grise les arches du pont au Change quand son attention fut attirée par le roulement d’un carrosse sur les pavés. Il se retourna. La voiture arrivait vite, menée par un cocher dont une large écharpe masquait les traits. Il eut immédiatement la certitude que cette voiture l’avait suivi. Elle ralentit et, avant même qu’elle fût arrêtée, trois hommes en descendirent. Eux aussi cachaient leurs visages derrière des foulards. Ils sortirent des gourdins de sous leurs longs manteaux. Le promeneur imprudent se mit à courir. Le premier coup le toucha derrière la tête. Il tomba à genoux. Sans un mot, les assaillants se mirent à frapper méthodiquement, on eût dit trois bûcherons s’attaquant à un arbre. Il y eut un craquement d’os. L’inconnu n’était plus qu’un pantin immobile sur lequel les autres s’acharnaient encore. Puis le cocher siffla. Après un dernier coup de massue, les trois hommes de main remontèrent dans le carrosse qui s’éloigna à vive allure. Malgré la violence des coups reçus, la victime releva son visage couvert de sang, distingua dans un brouillard la voiture qui s’éloignait puis tenta de se traîner vers la berge. Chacun de ses gestes était une torture. Une patrouille du guet se dépêchait déjà vers la silhouette qui rampait en laissant derrière elle de longues traînées rouges. Le sergent se pencha sur le blessé.
— Monsieur, monsieur…
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Margaret Dorchester se tenait devant lui, les fers aux pieds, les poignets liés par un solide cordage, vêtue d'une épaisse robe de laine à peine moins délabrée que celle qu'elle portait dans sa prison. Sa belles chevelure d'antan n'était plus qu'une poignée d'étoupe emmêlée et crasseuse, mais dans son visage amaigri, brillait à nouveau son regard étincelant.
- Eh bien, monsieur, dit-elle à son approche, voyez l'ironie de nos existences ! N'est-ce pas le reflet à l'identique de la situation où je vous vis un jour, sur le bateau du malheureux Guy Fawkes ?
- A cette nuance près, Madame, qu'on vous a gratifiée d'un seau d'aisance qui me faisait alors cruellement défaut.
Margaret Dorchester eut un sourire où Mattheus crut lire plus d'attendrissement que de mépris.

p. 279
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- Promettez-moi, monsieur, qu'un jour vous m'aiderez à punir les coupables et que vous ferez de moi le roi de France.
- Non, sire, répondit Luynes d'une voix douce, je ne vous le promets pas... Je vous le jure.
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- Tu parviens même à plaisanter dans cette langue.
- C'est une chose que les Français font admirablement. Ils semblent parfois qu'ils ne prennent rien au sérieux !
- Jusqu'à ce qu'ils commencent à s'entre-tuer, tempéra Josef.
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Josef, à qui Mattheus venait de traduire le récit de Charlotte, voulut savoir à qui appartenait la main qui avait fait ce signe.
— Du côté du rouè, le mantelet de cuir, il était remonté tout en haut du cadre de la fenêtre, mais celui d’en face, il l’était qu’à demi. On pouvait pas vouèr son visage, à ce bougre-là qui a appelé le Ravaillac ; il tournait le dos à la marche, il voyait tout à son aise vers l’arrière. C’est comme ça qu’il a donné le signal.
— Êtes-vous sûre de ne point vous tromper, Charlotte ? demanda Mattheus. Ce que vous venez de nous dire est extrêmement grave. En avez-vous déjà parlé à quelqu’un ?
— Bien sûr qu’oui que c’est grave et bien sûr que non que j’ai rien dit à personne.
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— D’abord, mon bieau monsieur, mettez point de « madame » entre nous, je vous prie. C’est Charlotte que je me nomme… Ensuite, laissez-mouè donc achever le service et je vous causerai bien à l’aise. En attendant, goûtez-mouè ce lapin, vous verrez comment il fleure bon sa garenne !
Toute virevoltante et dodelinant de la croupe, elle s’en retourna vers sa cuisine. Tandis que les trois enquêteurs plantaient leur couteau dans le ragoût, Michel jugea bon d’expliquer le pourquoi de cette rencontre.
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Les deux hommes restèrent un moment à observer la porte de l’hôtel de Verneuil, qui s’obstinait à rester close. Puis, leur estomac criant famine, ils finirent par commander quelques œufs frits accompagnés de crosnes à l’étuvée. Tout en dînant, un œil vers le bâtiment d’en face, un autre dans leur assiette, ils poursuivirent leurs échanges sur ce singulier travail d’enquête policière qu’ils affectionnaient tous deux.
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La bonne fortune voulut qu’un estaminet fût ouvert tout à pic en face de l’hôtel. Ils y entrèrent et prirent place tout près de la fenêtre donnant sur la rue. On leur servit un mauvais vin de Montmartre, épais comme une soupe et chargé de tanin. Tandis que Josef s’efforçait, en grimaçant, de finir sa chope, Mattheus parcourait avec attention les pages de son carnet. Il remonta finalement jusqu’à la première ; celle du jour où il avait commencé son enquête en compagnie de Michel. Un sourire passa furtivement sur ses lèvres.
— Voyez, mon oncle, comme tout tombe juste !
Du menton il désigna la demeure de l’autre côté de la rue.
— C’est derrière cette auguste façade que loge notre fameuse marquise de Verneuil. Il m’avait bien semblé, à l’ouïr dans la bouche du manant, que cette rue du Coq ne m’était pas inconnue. Il se trouve que j’ai rencontré l’artisan tapissier de la marquise. C’est de lui que je tiens son adresse.
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Colin Vailly était, de longue date, un client assidu auprès des filles qui officiaient de leurs charmes dans le quartier du cimetière des Innocents. Le meurtrier savait fort bien où trouver sa victime. Au sortir des cuisses d’une garce, l’homme était dans cette disposition où l’esprit est aussi flasque que le membre et peu apte à la vigilance. Alors que le tueur le suivait de près, guettant le moment propice où il pourrait lui planter son couteau dans le dos, un bateau remontant la Seine avait accosté près du pont au Change. La populace des quais s’était empressée du côté de l’embarcation, dans l’espoir d’une obole à gagner en prêtant main-forte à la manœuvre. À l’instant où Vailly allait pénétrer dans l’estaminet, la lame de l’Araignée lui avait perforé le cœur. Un geste foudroyant, camouflé par le mouvement de la cape, qui pouvait passer, de loin, pour une tape amicale
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