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Citations sur Lettres à Poisson d'Or (19)

                                            Villalier.
                        Dimanche 11 septembre 1937.


Ma Germaine aimée,
Extrait 1

  Chaque soir, quand les faits de la journée se sont envolés, je vous retrouve. Je reprends vos photographies. Je contemple longuement un accent de votre visage dont tout votre être est parcouru, comme votre voix, un oiseau d’air pur caché dans votre joue. Au milieu d’une conversation, je m’interromps, c’est que vous m’avez demandé une pensée : un poids énorme est sur tous les instants que leur médiocrité m’empêcherait de vous dédier. Et les heures que j’aime, c’est l’espoir de vous les faire aimer qui les approche de moi.

                                                                 Joë.
                                     
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Carcassonne.
Vendredi, 1943.
On dirait que nous sommes en ce monde des ramasseurs de vent. Il nous faut longtemps guetter nos sentiments, recueillir ce que nous avons de meilleur et, le long des jours et des nuits, réunir la matière précieuse qui sait embellir toutes les heures d'une journée extraordinaire. (...) Le monde qui nous entoure est ce qu'il est dans notre coeur. Il naît avec nous, il est une apparence dont notre amour fait une réalité. Il est pour moi le monde de notre rencontre. Cette pièce illuminée où je t'ai vue pour la première fois, et où j'entre vraiment, sitôt que son image est dans mon coeur. C'est le moment où creuser la réalité de la vie, c'est croire en Dieu.
Je ne t'ai pas dit tout ce que je pensais en te voyant ; en t'écoutant. Mes paroles étaient trop pleines de ta présence et de la mienne pour servir de monnaie d'échange entre nous. Les mots ne sont vrais que s'ils sont la vie même. Et c'est après ton départ qu'ils sont ta présence, et le meilleur de mon coeur.
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Qu'est-ce donc le caractère, sinon un raccourci du destin.
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je jouis délicieusement de ne me sentir réel que dans le berceau d'une pensée toujours la même et si exceptionnelle que la vision ne s'y distingue plus de l'idée. Il est si bon de savoir qu'il existe un être tel que penser à lui ce soit déjà le voir et le toucher ; et que sa présence réelle, ainsi, soit l'unité de l'esprit et du coeur, qu'il se rende capable et grâce à sa beauté de faire avec de la lumière la transparence de la vie intérieure.
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Car ce qu'on nomme le bonheur est, au fond,autre chose. Il est la profondeur d'une aptitude à vivre qui porte sa récompense avec elle ; une disposition innée, une tendance dont nous ne saisissons jamais qu'un aspect accessoire dans les limites de ce qui vient nous griser : beauté de l'être qui est un sourire de la vie - transparence de la pensée et du désir à la rumeur du monde.
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Je voudrais vous rendre un peu de cette lumière que vous avez allumée dans mon crépuscule. Si mes lettres ne vous ennuient pas trop, je vous raconterai des histoires. Les fables qui me font aimer la vie sont peut-être chargées de sens pour ceux qui n'ont rien à oublier.
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Mon amour, il y aura toujours une partie de mes lettres que tu liras vraiment avec ta peau. Pardonne-moi de t'écrire avec autant de naturel. Je ne suis si loin de toi que pour arriver plus sûrement à t'envahir sans te toucher ; hier soir, j'ai eu soudain une impression étrange, extraordinairement douce, c'était comme si ma santé revenant d'un coup, j'étais, comprends-le, j'étais, à la lettre, guéri dans la pensée que ton corps m'appartenait. Le cœur me battait : la profondeur où surgissait en moi l'image n'avait jamais été touchée par mon mal, et j'y descendais lentement, comme on va porter à boire à un prisonnier . Tes cheveux environnaient de parfum mon visage, mes yeux étaient fixés sur ta nuque si blanche, mes mains ne te dévêtaient pas tout à fait, mais, à travers tes vêtements, ton corps semblait s'appuyer à elles et venir à leur rencontre ; et j'avais un peu de ton être qui se donnait à moi, timidement. J'étais sensible à la délicieuse douceur d'éveiller dans ton corps des velléités d'abandon...
Mais ce n'est là qu'une image. Et mon amour pour toi va beaucoup plus loin. Je me sens vivre dans tes entrailles, comme si tes souvenirs avaient lentement introduit mon âme dans toute la profondeur de ta chair. De même, je te porte en moi : à chaque battement de mon cœur, mon corps se traverse de la blancheur du tien, une flamme me parcourt. Ta bouche est dans mes lèvres, ta voix est le trésor de ma voix. Ton être est dans le mien comme une lampe dans le jour, qui brille aussitôt que l'espace se referme sur elle. Ta forme hante la mienne et si tu étais là, si je me faisais une révélation de ton corps, si je le pressais sur moi, je ne ferais que me pénétrer davantage de cette âme à ton image qui brûle au-dedans de moi.
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C'est si dur, à la fois, d'être et vivre ! Mais, l'être doit être au plus près de ce qui est que de ce qu'il est.
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Il faut que le soleil se montre à nous comme le miroir des roses pour demeurer le soleil ; l'ancolie, comme un rideau de sable ..

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