Citations sur Je crois me souvenir... (40)
Hallier (Jean-Edern)
Il publia un mensuel au vitriol à l'enseigne de l'Idiot international, signa une "lettre au colin froid" où il ridiculisait Giscard puis un brûlot où, le premier, il dévoilait l'existence de la fille cachée de Mitterrand que des pressions policières empêchèrent finalement de paraître avant de se prétendre victime d'un rapt qu'il avait lui-même organisé. On n'avait pas voulu de lui comme ministre, il fut anar. A la télé, il assura un temps une émission littéraire à la fin de laquelle, prenant un à un les livres qui venaient de paraître, il les jetait derrière lui en expliquant que leur manque de talent ne méritait pas d'autre traitement.
Doris (Pierre)
Humoriste et masochiste français, inventeur de la dilection pour le bide. Auteur de formules provocatrices comme "Tout petit, je volais dans la sébile des aveugles. Pas vu, pas pris", "Regardez un jeune saule dans un cimetière : on dirait un cercueil qui pousse", il était un provocateur né. S'étant donné pour mission de choquer le bourgeois, il n'était jamais plus hilare en sortant de scène que lorsqu'il n'avait fait rire personne.
Sapritch (Alice)
Dans sa jeunesse, elle avait monnayé sa beauté en posant pour les peintres de Montparnasse à la Grande Chaumière. A partir de la cinquantaine, elle fit de sa laideur un véritable filon. Je suis devenu ami avec elle après qu'elle a joué Au Plaisir Madame, une comédie de ma façon. Elle adorait Thierry Le Luron mais elle supportait de moins en moins que, dans ses spectacles, il l'imitât. Depuis que son mari s'était éloigné, elle vivait seule. On la voyait de temps à autre à Saint-Germain-des-Prés bandeau noir sur le front et long fume-cigarette aux lèvres. Elle fut l'inoubliable Follecoche dans l'adaptation de Vipère au poing. Elle nous a fait beaucoup rire. Elle a été très malheureuse.
Les journalistes ont donc le droit de mettre leur nez partout où ça sent mauvais, de relater des propos même s’ils ont été préalablement qualifiés de « off », d’inventer ce qu’ils n’ont pas encore eu le temps d’établir avec certitude, de tirer sur des ambulances, de se tenir les côtes au passage d’un corbillard. Bref, de ne respecter rien ni personne que leurs clients.
Le critique dramatique doit éviter des idylles avec des comédiennes, lutter contre l’endormissement en emportant (je n’invente rien), lorsqu’il est contraint d’assister à un spectacle de plus de trois heures, une paire de lunettes spéciales sur les verres de laquelle des yeux largement ouverts sont dessinés. Enfin, il ne doit sous aucun prétexte céder à la tentation de faire représenter une pièce de son cru.
Lasso (Gloria).
Chanteuse à accent au début en concurrence avec Dalida, ensuite réfugiée dans la chronique people qu'elle défrayait en épousant périodiquement un jeune chômeur vigoureux et assez souple, assurait-elle pour se précipiter sur elle en sautant du haut de l'armoire.
J’aime bien les journalistes. Tous les journalistes. Les meilleurs, qui me procurent un plaisir de lecteur, et les moins bons, qui garantissent qu’on n’est pas le plus mauvais.
Le divorce – sauf lorsqu’il donne lieu également à une fête à laquelle on convie des amis qui, pour une fois, ne seront pas obligés d’acheter un cadeau – est plus difficile à immortaliser par l’image. On estime le sujet bien traité lorsqu’on peut lire le chagrin sur un gros plan ou – mieux encore – voir l’un des deux sortant du domicile conjugal avec une valise. Le moment est alors propice pour recueillir de la bouche de l’un des confidences qui n’ajouteront rien à la gloire de l’autre.
Lorsque l’idylle est devenue publique et les divorces consommés, les amoureux sauvages rejoignent la longue théorie des amoureux de Brassens qui ont cessé de dissimuler leurs sentiments aux passants honnêtes. À ce moment de la saga des people, amour rime toujours avec toujours et chacun affirme avoir trouvé la femme de ses rêves ou l’homme idéal. En fait, de nombreuses liaisons ne vont pas plus loin, écourtées par la tentation d’en nouer d’autres.
Les spécialistes sont, comme leurs homologues médicaux, mieux payés et mieux considérés. Ils travaillent dans le cadre d’un pré carré auquel, dans leur support, personne d’autre qu’eux ne doit avoir accès.