Citations sur Je crois me souvenir... (40)
Le journalisme a beau être, selon certains experts, une fausse profession libérale, il admet la même classification que la médecine. À savoir des généralistes aspirant à devenir spécialistes et des spécialistes s’accrochant à leur spécialité.
Encore plus précieuses que l’argent m’apparaissent les satisfactions d’amour-propre éprouvées à l’obtention de ce « bâton de maréchal » que constitua la publication de ma première chronique en première page à droite, dans le large espace dévolu ordinairement aux académiciens. L’annonce, également à la Une, de mes articles placés en pages intérieures – avec mon nom en caractères gras, plus tard placé en exergue et assorti d’un mini-portrait – me comblait également de fierté.
Quand on ne possède pas de qualités humaines exceptionnelles, seule la fortune donne l’illusion de la réussite.
Éthique
Les difficultés de la presse font encore parfois utiliser ce mot mais sans "h".
La presse people emploie presque autant d’avocats que de journalistes. Chaque année ses gestionnaires affectent des sommes importantes au poste intitulé « Frais de justice ». Sachant bien avant la parution d’une révélation « sur le compte d’une personnalité » que celle-ci ne manquera pas de porter plainte pour atteinte à la vie privée, les dirigeants du magazine font leurs comptes.
La vie de famille et la vie privée souffraient de ce surmenage permanent. Parce que je ne cessais de regarder mes contemporains, je n’ai pas vu grandir mes filles. D’autant que j’avais rayé une fois pour toutes de mon vocabulaire – et cela continue encore aujourd’hui – le mot vacances. Pour plusieurs raisons. D’abord j’avais peur, si j’éteignais mes fourneaux au début de l’été, de ne pas être capable de les ranimer lorsque prendrait fin la saison chaude. Ensuite, je ne pouvais supporter l’idée que les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs se passassent de moi. Enfin je savais, pour en avoir profité, que les nouveaux talents commencent à s’imposer lorsque les anciens se laissent aller au farniente.
Quand un journaliste interviewe un autre journaliste, c’est comme quand on danse avec sa sœur.
Quelle que soit l’idéologie de nos supports, nous prétendons révéler ce qui doit être caché. Quelle que soit la périodicité de nos prestations, nous nous réveillons chaque matin avec le désir de refaire le monde et l’ambition d’être considérés comme des justes, parfois un peu justes.
Floriot (René).
Il méritait doublement son titre d'avocat de la défense car il avait investi une partie de l'argent que lui valaient ses plaidoiries dans l'achat de vieux ivoires qui décoraient son cabinet.
Le chroniqueur mondain, que j'ai été pendant une dizaine d'années et dont un smoking plus brillant aux coudes qu'aux revers figurait le bleu de travail, empruntait chaque soir le fameux corridor de la tentation. Tout au long de ce singulier parcours, des boîtes de caviar s'ouvraient devant lui qu'il devait ignorer pour garder son indépendance et sa ligne, des bijoux étincelaient dont il savait qu'ils ne pareraient jamais les doigts et le cou de ses compagnes, des vins fins coulaient dans des verres de cristal qu'il devait seulement humer pour que son stylo continue à écrire droit. A l'entour, le personnel s'affairait, vêtu comme lui. Combien de fois, à l'entrée d'un gala et alors que ma juvénile apparence interdisait de penser que j'étais journaliste, ne m'a-t-on pas dirigé vers les cuisines afin que je rejoigne le bataillon des extra !