Citations sur Dans l'ombre (18)
Elle avait en elle cette imperceptible sécheresse des femmes qui ne seraient jamais mères, ce qui en faisait, assurément, une redoutable politique : un cœur d’homme dans un corps de femme.
La démocratie interne est une invention récente dans les partis.
Une campagne présidentielle, ça se prépare. Le Patron était prêt. Moi aussi. J'allais le faire gagner. J'allais faire en sorte que tout se passe bien, que tous ceux qui, avec moi, dans l'ombre, portaient sa candidature soient au meilleur d'eux-mêmes. Et puis rien ne s'est passé comme prévu. Aujourd'hui, après ce déchaînement de violence, je ne suis plus sûr de rien. Ni de ses chances, ni de lui, ni de moi. »
Je suis un apparatchik. Dans mon monde, les politiques et les apparatchiks vivent ensemble. Ni les uns, ni les autres ne peuvent survivre seuls. L’apparatchik, c’est un guerrier qui sert un maître, un professionnel qui connaît son milieu, qui utilise ses armes, qui pare les coups qu’on veut porter à son patron. C’est un mécanicien, un organisateur, un inspirateur, un souffleur. C’est le bras, les oreilles, les jambes et parfois le cerveau du politique.
Les jardins étaient petits, tous séparés par des plantations de buis ou de haies revendicatives/ L'horticulture semblait illustrer le cadastre, comme si le règne végétal avait été contraint de rendre un hommage contre nature à la propriété privée.
Nous avions tellement de mal à cicatriser les plaies de la primaire que chaque détail serait examiné à la loupe. La tension était encore vive, et pourtant, il fallait qu’elle soit impalpable.
Cette femme, objet de toutes nos détestations, aurait donné cher pour être ailleurs, comme c’est souvent le cas des hommes ou femmes politiques de haut niveau.
Dans mon monde, on trouve beaucoup de gens qui sont là pour des raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec leur talent politique : des femmes parce qu’il en faut, des veules parce qu’il y en a, des flatteurs parce qu’ils ne représentent rien, et que rien, en politique, c’est souvent moins dangereux que quelque chose. Tous ceux-là, je fais avec. Mais ceux que je ne peux pas supporter, ce sont les apparatchiks qui se prennent pour des politiques.
Du reste, quand on fait de la politique, si on n'est même pas capable de s'assurer un résultat tout au moins dans son parti, il est urgent de penser, soit à changer de parti, soit à changer de métier.
Je connais le bonheur des discussions interminables où l’on refait le monde et le sentiment enivrant qui porte tous ceux qui croient décider d’un programme. Je mesure parfaitement l’intérêt que peut présenter la vie aux côtés des puissants, et plus encore lorsqu’on est celui qui leur permet de le devenir ou de le rester.
Un politique ne vit que lorsqu’il est regardé, lorsqu’il est écouté, et lorsqu’il doit convaincre : que sa position est la bonne, que ses idées sont les plus justes, qu’il est le meilleur, ou le plus fort, ou le plus drôle, et qu’il fait la différence. Je n’en connais pas qui se pense inutile. Ou qui conçoive que quelqu’un d’autre ferait mieux. Aussi bien, c’est peu envisageable. Mieux, c’est impossible.