Je viens à l'instant ( enfin il y a 15 minutes) de finir la lecture de
Water Music et ça fait 15 minutes que- dans ma tête- défilent plus d'une façon d'aborder la revue de cette lecture.15 minutes? me direz vous, c'est trop tôt!!!! Il faut digérer un peu...ce sont quand même plus de 800 pages!!! Mais en fait, ça fait plusieurs jours que je me triture les méninges afin de pondre le meilleur compte rendu, et par meilleur je veux dire le moins traître.Parce qu'en effet, ce n'est pas seulement une histoire vraie, romancée, celle de
Mungo Park qui vers la fin du 18ème siècle se lance dans l'exploration du fleuve Niger, pour vérifier de ses propres yeux, laquelle des innombrables théories qui circulent au sujet de son cours est la plus juste, puis une fois rentré chez lui, décide quelques années plus tard d y retourner, avec cette fois tout un équipage et les moyens nécessaires pour remonter le fleuve et voir où il se jette. Ce n'est pas non plus juste l'histoire de Ned Rise, l'anglais qui - il me semble à la suite de cette lecture- a la particularité d'avoir la plus grande poisse du monde, de s'attirer les plus gros problèmes de l'existence, alors que tout ce qu'il veut, c'est avoir une vie aussi digne que possible, avec la femme qu'il aime, dans une Angleterre des plus cruelles avec les gens qui n'ont pas la chance de naître propriétaire ou noble.Ce n'est pas seulement la description des autres personnages qui gravitent autour de nos deux héros, qui façonnent directement ou non leurs destins et décisions, ou des divers lieux ( tout un continent!!!!!) visités volontairement ou contre leurs grés. Ce n'est toujours pas le récit de la rencontre -inévitable- de ses deux personnages hauts en couleurs.....c'est plus que ça....mais voilà, comment le dire tant ce roman est riche, foisonnant, tourbillonnant et plein d'aventures. En Afrique c'est du Marquez et sa folie....tout est dans l'excès, la nature, le climat, les africains, les maladies, les découvertes,les joies, les bonnes et mauvaises surprises, et surtout les mots de Boyles, enchanteurs et drôles. Extrait: "Il s'en prit à Ali au milieu de la nuit, tout comme seize ans plus tôt, celui ci s'en était pris à son prédecesseur. Chasser le garde de Nubie et trancher la tête du roi fut pour lui un jeu d'enfant, l'oeuvre d'un instant- toute la difficulté avait été de découvrir où l'émir se cachait. Ayant compris que la nuit inévitablement viendrait où, un cimeterre ou un garrot à la main, le nouvel usurpateur le chercherait par tout Benoum, Ali se faisait en effet un devoir de repousser le plus tard possible l'heure à laquelle il se retirait chaque soir et de ne dévoiler à personne, absolument personne, quelle tente aurait l'honneur de l'héberger pour son auguste nuitée. C'est ainsi qu'un matin il pouvait sortir de celle de Mohammad Goumsou et, le lendemain, de celle de Mahmoud Ismaïl. Il jouait aux tentes musicales depuis si longtemps qu'à leur réveil, ses gens trouvaient cela aussi naturel que l'odeur du feu de bois." Même chose lorsqu'il aborde Londres, à la manière de Dickens cette fois, où le réalisme et le sordide se disputent la part du lion. Et le plus surprenant, c'est que malgré ce côté "aventure" qui semble écraser le livre, avec ses rappels ponctuels de la situation géopolitique de la planète ( tout en humour et en rythme), TC Boyles arrive à glisser de petits moments et des pensées intimes: les rêves et réflexions de Ned et Mungo, les relations entre Mungo et sa femme Ailie, les aspirations de cette dernière, les échanges entre Mungo et son guide Johnson. Tout en lisant, je me demandais comme allait être le final? Comment arrêter une bête lancée à une telle vitesse sans la voir se fracasser contre le mur décevant de la chute qui ne serait pas à la hauteur de 800 pages époustouflantes? Et bien, tout en douceur, en poésie même.....à la perfection. Pour finir, la prochaine fois que quelqu'un me dis : "Je ne lis pas mais j'aimerais m y mettre, tu me conseilles quoi? D'habitude cette question me fout en rogne ou au mieux m'embrasse parce que je ne sais pas quoi répondre, je dirais sans hésiter :
Water Music de TC Boyles.