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Critique de Christophe_bj


Ce roman est la suite du Garçon en pyjama rayé, best-seller qui était destiné à la jeunesse, tandis que celui-ci ne l'est pas. ● En 2022, Mrs Fernby est une veuve de quatre-vingt-onze ans, qui habite un grand appartement dans un somptueux immeuble de Mayfair, avec vue sur Hyde Park. Elle a un fils de soixante ans, qui enchaîne les mariages : il va bientôt se marier pour la quatrième fois. Il aimerait bien convaincre sa mère d'aller vivre dans un « village senior » afin d'accaparer le fruit de la vente de l'appartement, qui vaut une petite fortune. Après la mort de son voisin Mr Richardson, l'appartement en-dessous de celui de Mrs Fernby est à vendre, et elle s'angoisse à l'idée d'avoir de nouveaux voisins. Parallèlement, en 1946, nous suivons la jeunesse de Mrs Fernby après la guerre : allemande, à seize ans, elle se réfugie en France avec sa mère, ayant perdu son père et son frère. Les deux femmes s'efforcent de cacher leur accent et vivent dans une petite chambre meublée de l'île de la Cité. le rêve de la mère est de se remarier avec un riche Français pour pouvoir avoir de nouveau la vie aisée et même luxueuse qu'elle menait à Berlin. La jeune fille se dit : « Pour la première fois, je comprenais que si je voulais survivre, j'allais être obligée de mentir sur tout, tous les jours, jusqu'à la fin de ma vie. » ● Je suis un très grand amateur des romans de John Boyne, qui sait comme personne ficeler une intrigue et fabriquer une tension narrative qui tient en haleine du début à la fin, et dont beaucoup d'oeuvres comptent parmi mes romans préférés, comme Les Fureurs invisibles du coeur, ou L'Audacieux Monsieur Swift, par exemple. ● J'avais malheureusement été déçu par le Garçon en pyjama rayé, qui me semblait ravaler la Shoah au rang de fable anodine, étant donné que tout était vu par les yeux d'un naïf petit garçon de neuf ans, fils du commandant du camp de « Hoche-Vite ». Il me paraissait problématique d'utiliser l'Holocauste de cette manière, même si, je n'en doute pas, les intentions de l'auteur étaient bonnes. du reste – et c'est bien le pire – ce roman édulcorant est souvent proposé au collège. ● Cette suite, qui n'est pas spécifiquement destinée à la jeunesse, est bien meilleure. La Shoah y est toujours présente, mais, comme le roman est destiné aux adultes, elle n'est pas du tout utilisée de la même façon et on ne retrouve pas le processus d'euphémisation généralisée présent dans le roman précédent. Elle ne sert pas de simple ressort narratif, comme cela arrive dans les mauvais romans, mais est un trait constitutif de la culpabilité du personnage principal. ● Surtout, on retrouve ici un John Boyne au meilleur de ses talents de romancier, avec une intrigue en béton, une construction alternant deux fils narratifs parfaitement adaptée à son sujet, malgré une invraisemblance, ou du moins une coïncidence fort improbable, et une fin qui laisse quelque peu perplexe. ● Je conseille vivement, mais je pense que pour pleinement apprécier ce roman il faut avoir lu auparavant le Garçon en pyjama rayé.
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