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Critique de ValentinMo


John Boyne est un auteur irlandais qui a connu la consécration avec ses livres jeunesse – et notamment «Le garçon en pyjama rayé» qui fut couronné de deux Irish Book Awards, traduit en 32 langues et adapté au cinéma – mais son oeuvre en littérature « adulte » mérite également le détour. « Les Fureurs invisibles du coeur » est à ce jour son oeuvre la plus ambitieuse : un roman-fleuve qui nous dépeint l'évolution politique et sociale de l'Irlande de 1945 à 2015, à travers les yeux d'un seul et même homme, Cyril Avery. Alerte Coup de coeur !

On suit la vie du dénommé Cyril de 0 à 70 ans, du ventre de sa mère aux derniers mois de son existence, racontée en 10 chapitres, chacun d'entre eux séparé de 7 ans.

Né d'une mère inconnue et adopté par un couple singulier, Cyril va tenter de trouver un semblant d'équilibre à défaut de pouvoir retrouver sa génitrice.

De l'Irlande corsetée des années 50 à 80, jusqu'à New York des années sida en passant par la vie de bohème d'Amsterdam, se succèdent drames absolus et moments de bonheur provisoires…

« Les Fureurs invisibles du coeur » est avant tout un roman-fleuve sur 70 ans qui retrace l'évolution des mentalités et des modes. On suit en effet le combat d'un homme et de son droit de vivre sa vie comme il l'entend.

S'il s'agit assurément d'un grand mélodrame, celui-ci est ponctué de magnifiques scènes de comédie, voire de burlesque, à la manière d'un écrivain auquel John Boyne se réfère, John Irving. L'auteur irlandais est particulièrement doué pour les dialogues et plusieurs d'entre eux sont d'une incroyable verve hilarante.

Le fil rouge principal s'articule autour des tourments de Cyril face à son homosexualité, des nombreuses difficultés et épreuves qu'il a pu rencontrer à l'époque à cause de sa sexualité. Mais au-delà de cette thématique centrale abordée de façon très juste, très dure et très touchante à la fois, on y aborde aussi en profondeur d'autres thématiques telles que la famille, l'amour, l'amitié, l'abandon, le pardon, la reconstruction ou encore la religion. La religion - qui d'ailleurs en prend largement pour son grade – dépeinte comme hypocrite et intolérante au possible.

L'ouverture du livre en particulier est phénoménale, très visuelle, avec cette jeune fille-mère condamnée à l'exil de son petit village irlandais par la diatribe haineuse d'un prêtre du haut de sa chaire. La suite est comme un feuilleton à épisodes où Cyril, né de mère inconnue et adopté par un couple singulier, va tenter de trouver un semblant d'équilibre à défaut de pouvoir retrouver sa génitrice. le romancier est très rusé car le lecteur sait, lui, qui est cette femme que le héros du livre va côtoyer à plusieurs reprises à Dublin en ignorant son identité. Au passage, c'est sans doute le seul défaut que l'on peut reprocher à « Les Fureurs invisibles du coeur », son excès de hasards et de coïncidences. Mais on l'accepte facilement tellement John Boyne se révèle conteur inspiré, embarquant le lecteur dans une fresque passionnante qui nous transporte de l'Irlande des années 40 où on peut tuer son fils homosexuel et ne pas être condamné - puisque le crime a «été commis sous l'effet de la provocation extrême que constituait le fait d'avoir un fils mentalement dérangé» - au référendum de 2015 où 62% des Irlandais votent en faveur du mariage homosexuel.

Un roman-fleuve réussi qui marquera le lecteur très longtemps, on passe par toute une série d'émotions : du rire au larmes. L'écriture est unique, les personnages forment un groupe éclectique, mais cohérent. C'est aussi l'histoire du passage à l'âge adulte, une quête émotionnelle, une quête identitaire.

Il y a certes quelques coïncidences « flagrantes », mais elles sont toutes excusées en ce qu'elles servent une fresque romanesque passionnante et inspirante. Coup de coeur !
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