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sur 977 notes
Fille-mère bannie de son village de la très catholique Irlande de 1945, Catherine Goggin abandonne le narrateur à sa naissance, dans l'espoir de lui permettre une vie meilleure : adopté par un couple riche et excentrique de Dublin, l'enfant prend le nom de Cyril Avery et grandit dans l'indifférence bienveillante de sa nouvelle famille. Son amitié pour un gamin de son âge lui révèle bientôt son attirance pour les garçons, à une époque où l'homosexualité reste inconcevable…


Au travers de Cyril, c'est tout le drame d'être gay dans un environnement homophobe qui se déroule ici. Pendant toute sa jeunesse, des années quarante à soixante-dix, Cyril est confronté à une société rétrograde où la moindre déviance à la norme sociale est sévèrement, voire violemment, réprimée : si les filles-mères peuvent être mises au ban de la société, les gays peuvent être tabassés à mort en toute impunité. Les années quatre-vingt voient apparaître l'épidémie du SIDA, d'abord considérée comme une maladie honteuse et exclusive des homosexuels. Il faudra bien du temps à Cyril pour qu'il puisse envisager d'être heureux, de sortir du mensonge et de vivre son identité librement, à l'issue d'une longue quête entre différents pays, mais aussi entre sa famille d'adoption et sa famille de sang.


Oscillant entre humour noir et amertume, entre tendresse et cynisme parfois cru, cette longue et triste histoire est imprégnée des poignants regrets du narrateur, d'être né trop tôt dans une société enfin devenue aujourd'hui plus tolérante, et d'avoir mis toute une vie à pouvoir connaître la paix et l'harmonie avec lui-même. Même si le récit multiplie les coïncidences opportunes, servant parfois mieux sa portée didactique que sa parfaite vraisemblance, il donne vie à un personnage profondément humain dans ses doutes et ses ambivalences, et nous rappelle ce que peuvent parfois avoir d'absurde, et engendrer de violences, les normes religieuses et sociales d'un lieu et d'une époque : les femmes et les homosexuels ont fait beaucoup de chemin sur la route de leur liberté, mais il reste tant à faire, dans certaines parties du monde encore plus que dans d'autres.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un roman qui , c'est certain , figurera en très bonne place dans le palmarès ( virtuel ) de mes lectures de l'année 2020 . J'ai plongé dans cette histoire et j'avoue que j'ai été happé dès le début , n'ai jamais ressenti le moindre fléchissement dans mon intérêt tout au long des quelques plus de 800 pages ,et c'est avec beaucoup d'émotion et une certaine tristesse que j'ai tourné la dernière page. Voilà , je ne sais qu'ajouter si ce n'est que , vraiment , je rejoins les nombreux lecteurs et lectrices qui ont déjà émis des avis plutôt flatteurs et ...mérités à mon avis .
Le récit commence en Irlande , en 1945 , dans le petit village de Golen .Pour être plus précis, lors de la messe dominicale , le curé tout puissant montre sa domination sur les êtres et les âmes en jetant à la vindicte populaire une jeune femme de 16 ans, portant en elle " les traces de la honte , du déshonneur , et dés lors obligée de partir se réfugier dans l'anonymat de Dublin , la capitale ....C'est que l'Irlande , à l'époque, c'est un pays particulièrement " à la botte " de l'église toute puissante , moralisatrice , conservatrice , dominant d'une " main de fer " une société figée dans un terrible carcan.
C'est dans ce contexte que nous allons en croiser des personnages , des personnages qui vont évoluer sous nos yeux avec leurs qualités, leurs défauts, leurs modes de vie , leurs travers , leurs contradictions , leurs joies , leurs peines ....Les situations , les dialogues vont s'avérer durs , violents , émouvants, sérieux, désinvoltes , odieux , tendres , humains , cocasses.....Dans ce roman , on passe par toutes les émotions, on condamne les uns , on blâme les autres , on passe d'un état à un autre , au fur et à mesure de l'évolution, des choix des personnages , on rit , on pleure , on réfléchit.... Aucun personnage " creux " , chacun d'entre eux apportant régulièrement une pierre à la construction de nos convictions ...
Ce roman va couvrir une vie , celle de Cyril , l'enfant du " bannissement " initial , enfant dont on suivra l'évolution en le retrouvant tous les sept ans , à travers ses rencontres , ses succès, ses échecs, ses drames .....Une pléiade de personnages vont graviter autour de lui et l'ensemble va fonctionner comme une " machine bien huilée " , plaisante , addictive , prenante.....Une très belle saga familiale pleine de belles ou moins belles rencontres...La vie , quoi ....
Ah , un détail. Cyril , il est homosexuel et , forcément, l'homosexualité, il va en être question ....Dans cette Irlande puritaine , ça risque d'être " un peu chaud " ....Rendez- vous compte , Une jeune femme " engrossée" , "un fils gay ", voilà de quoi bouleverser l'ordre " bien établi et bien - pensant " , mais aussi briser bien des tabous et ....remettre " l'église au centre du village " .( Oui, elle est facile , celle là ) mais bon , confinement oblige , vous me pardonnerez cet écart de langage ....Ceci étant , avant qu'elle y revienne au centre du village , hein , y'a 800 ( superbes ) pages ....Comme pour le coronavirus , au bout du tunnel , il y a " une lumière ".
Et surtout , surtout , restons confinés et ...continuons à faire de belles découvertes dans nos PAL ....On les reconstituera bientôt. Courage.


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« Je me souviens qu'un de mes amis m'a dit un jour que nous haïssons ce qui nous effraie en nous-même. »

La semaine dernière, je n'étais pas là. Je n'étais pas moi.

J'étais Cyril Avery, ce petit garçon, puis ce jeune homme, qui se retrouve face à une sombre malédiction, celle de préférer les garçons dans une Irlande où « l'homosexualité n'existe pas ».

A partir de la naissance haute en couleurs de son héros, l'auteur fait, à chaque chapitre, un bond de sept années dans la vie de Cyril Avery pour conter son adolescence, son amitié amoureuse avec le séduisant Julian, sa vie d'adulte, d'exils en retrouvaille, jusqu'à ce dénouement si lumineux, véritablement Beau.

Roman fleuve, habilement mené, le héros nous devient tout de suite familier et on ne peut le quitter aisément. J'étais avec lui, j'étais lui, et je n'en suis pas encore revenu.

Un roman épatant, à la fois saga épique et sociétale, conte tragique, délirant et trajectoire intime, il remue profondément à l'intérieur. Chronique sociale, politique et intime d'un pays catholique et conservateur où la différence n'existe tout bonnement pas.

John Boyne met le doigt là où ça fait mal et j'ai été littéralement happé par sa plume irrévérencieuse et délicieusement ironique. A la fois cynique et d'une tendresse infinie, il dépeint un monde, le notre, pétri d'intolérances. Evidemment sur l'homosexualité, perçue comme une perversité, cette maladie honteuse mais également sur la place des femmes dans cette société machiste et arriérée.

« Ce que vous savez des femmes pourrait être recopié en grands caractères au dos d'un timbre poste et il resterait encore de la place pour le Notre Père. »

Ces fureurs invisibles racontent les chemins, les détours insupportables, que l'on prend pour arriver à soi avec une justesse infinie.

Je crois qu'on mesure la portée d'un livre aux souvenirs que nous laissent ses personnages. Cyril Avery est entré dans ma tête, dans mon coeur, de la plus belle des façons et n'est pas prêt d'en ressortir. Je crois qu'on sait qu'on vient de lire un grand livre lorsqu'on reste quelques minutes un peu étourdi, encore là-bas, une fois la dernière page tournée…
Lien : https://labibliothequedejuju..
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♫ Un oranger, sur le sol irlandais / On ne le verra jamais... ♫

Et un homosexuel heureux, sur le sol irlandais, le verra-t-on un jour ? C'est ce qu'on se demande tout au long de ce roman, qui nous raconte l'histoire de Cyril et de ses errements et, à travers elle, celle de son pays, l'Irlande, entre 1945 et 2015.
La mère de Cyril a 16 ans quand elle se retrouve enceinte. Lorsque son secret est découvert, le curé de la paroisse la bannit de son village coincé au plus profond de la campagne de la très catholique et non moins très hypocrite Irlande. Se réfugiant à Dublin, seule et sans le sou, la mère de Cyril ne se laisse pas abattre mais prend, à regret, la décision de confier son nouveau-né à l'adoption, pour lui assurer une vie plus confortable que celle qu'elle-même pourra jamais lui offrir. Cyril est ainsi adopté par les Avery, un couple riche et extravagant, qui ne cesse de lui répéter qu'il n'est pas, et ne sera jamais, "un vrai Avery". Le petit garçon grandit dans l'aisance matérielle mais sans beaucoup de chaleur humaine. Son seul repère, son phare brillant dans ces années grises, s'appelle Julian. Du même âge, les deux garçons sont les meilleurs amis du monde tout au long de l'adolescence. Cyril mettra du temps à comprendre qu'il est en réalité amoureux de Julian, et donc, homosexuel. Ce qui, dans l'Irlande des années 60, est considéré comme une maladie et un crime. Dans ces conditions, Cyril ne peut que se terrer au fond de son placard. Jeune homme bien sous tous rapports le jour, il multiplie les rencontres furtives et anonymes la nuit, sans trouver nulle part l'affection qu'il cherche depuis toujours. Honteux de ce qu'il est, il tente aussi des relations avec des femmes. De questionnements en mensonges et révélations qui précipitent un désastre, il quitte le pays, trouve l'apaisement à Amsterdam puis à New York avant que de nouveaux drames ne le frappent et qu'il revienne en Irlande à l'aube des années 90, à la rencontre de son passé.
Onze chapitres qui, par tranches de sept ans, nous font suivre Cyril au (mal) gré de sa quête d'identité et de bonheur. Entre l'homophobie dans une Irlande dominée (gangrenée) par des prêtres dogmatiques et la haine "ordinaire" des gens "bien-pensants" et "normaux" qui accusent les gays de propager le virus du sida, il est délicat de s'assumer. En 2015, Cyril connaîtra la légalisation du mariage homosexuel en Irlande, et malgré le soulagement de vivre enfin dans une époque plus tolérante, il conserve l'amertume et les regrets éternels d'être né beaucoup trop tôt et d'avoir passé (perdu) une vie à se chercher. On a mal au coeur pour ce personnage complexe, à la fois faible et résilient, égaré dans les non-dits, les malentendus et les faux-semblants. Le roman met aussi en évidence le sort peu enviable des femmes, en particulier des filles-mères, dans ce pays qui n'autorise le divorce que depuis 1995, et dans lequel la légalisation de l'avortement a été approuvée par référendum il y a à peine trois mois (oui, en 2018). Même s'il y a des moments très drôles, avec des dialogues hilarants de vachardise (la palme aux parents adoptifs de Cyril), les sentiments qui dominent à la lecture sont la mélancolie et la tristesse, et la révolte devant la bêtise humaine et les tartuferies de cette Eglise catholique et des politiciens à sa botte.
"Les fureurs invisibles du coeur" est un roman-fleuve, un peu long mais pas tranquille, avec quelques stéréotypes et un peu trop de coïncidences, mais l'écriture est belle et l'histoire émouvante. Un de ces livres dont on tourne à regret la dernière page.

En partenariat avec les éditions JC Lattès, via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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C'est prenant, c'est souvent drôle, souvent terrible aussi puisque John Boyne nous raconte la vie d'un homosexuel dans une Irlande qui certes va évoluer mais est quand il est jeune furieusement conservatrice et homophobe.
Ça démarre fort, avec une scène de bannissement ordonné par le tout puissant prêtre à l'encontre d'une gamine de 16 ans enceinte.
Bon, elle n'est pas si fâchée que ça de quitter son trou paumé, Catherine Goggin, «l'ouest de Cork, ça attaque drôlement quand on y reste trop longtemps», alors filer à Dublin, ça lui plaît plutôt bien.

Et la suite est à la hauteur, on est pris dans un roman-fleuve passionnant qui nous transporte de l'Irlande des années 40 où on peut tuer son fils homosexuel et ne pas être condamné - puisque le crime a «été commis sous l'effet de la provocation extrême que constituait le fait d'avoir un fils mentalement dérangé» - au référendum de 2015 où 62% des Irlandais votent en faveur du mariage homosexuel.
Un roman qui mêle avec bonheur profondeur et légèreté, l'Histoire de l'Irlande et la vie d'un personnage attachant en butte à une société qui considère l'homosexualité comme un crime, où il se sent anormal - même s'il s'y trouve quand même des personnes de bon sens pour lui rétorquer: « Ne soyez pas ridicule. Personne n'est normal. Personne, dans ce satané pays.»
Une très bonne lecture que je ne peux que conseiller.
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Ticket gagnant pour cette pépite de la rentrée littéraire!
Le long chemin de croix d'un homosexuel né après-guerre dans la Très Catholique Irlande.

Sur un ton délibérément décoincé et même parfois délirant, le mal-être d'un homme se confronte à l'hypocrisie d'une société bien-pensante, tenue rênes serrées par le pouvoir religieux.

De 7 ans en 7 ans, une tranche de la vie de Cyril Avery se raconte, finissant chaque fois par un événement spectaculaire de cocasserie ou de démesure. Sept décennies de parcours personnel, faites de drames mais aussi de bonheur, accompagnant l'évolution sociétale sur la cause homosexuelle, la fracture terrible du Sida et le changement des mentalités (l'Irlande a été le premier pays à autoriser le mariage gay par référendum)

Si la lecture se fait avec le sourire aux lèvres, devant l'incongruité des situations et la caricature de certains personnages, certaines scènes restent très rudes et le ton grinçant ne cache en rien le dramatique thème de société, fait de duplicité, d'effroi et de stigmatisation.

C'est cet exercice d'équilibriste entre l'épouvante et l'hilarité qui donne tout le sel au roman, dressant un solide réquisitoire, sans pour autant délaisser la trame romanesque et des personnages attachants. Un récit habilement construit, pétri d'humanité et d'émotion, surfant sur l'autodérision et le comique de situation.

Épatante découverte par #Netgalley et JC Lattès !
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Impossible de ne pas vous faire partager l'incipit le plus enthousiasmant de la rentrée littéraire. En une phrase nous sommes embarqués dans un roman épique, une saga intimiste et monumentale à la fois qui raconte l'histoire de l'Irlande de 1945 à 2015. Un petit pays catholique très conservateur qui produit une société, hypocrite, intolérante, sexiste et homophobe.

C'est Cyril Avery qui va nous raconter sa vie, de sa naissance jusqu'à son crépuscule. Soixante-dix années bien remplies. Né d'une fille-mère âgée d'à peine seize ans, situation impossible dans ce pays dans l'immédiat après-guerre, il est adopté par un couple à la parentalité vraiment particulière que je vous laisse découvrir.

Les rapports que Cyril Avery entretient avec ses parents adoptifs devenant une sorte de running gag aussi désopilant que terrifiant.

Se découvrant gay, il partira tout de même à la recherche du bonheur avec la foi du charbonnier, ce qui n'est pas gagner dans un pays où l'homosexualité peut vous emmener en prison.

De rencontres en rencontres, balloté par ses choix et ses renoncements, Il tombera amoureux de Julian son ami d'enfance avant d'épouser Alice la soeur de ce dernier.

À Amsterdam, en couple avec Bastiaan il rencontrera Ignac et avec lui la joie d'être père. Il observera avec horreur la progression du VIH dans l'East Village de Manhattan avant de rentrer à Dublin où toutes les graines de son existence se retrouveront pour germer et peut-être donner un sens à sa vie.

John Boyne dédie son livre à John Irving et l'on comprend vite pourquoi, « Les fureurs invisibles du coeur » a la flamboyance et la démesure du grand écrivain américain.

Six cents pages que l'on ne voit pas passer, un ascenseur émotionnel qui nous fait passer du rire aux larmes en une phrase. Des coups de théâtre, de la tendresse, de la violence, de la mélancolie, des coïncidences improbables mais bougrement romanesques, de l'amour, de l'amitié,

John Boyne écrit drôle et sentimental mais jamais ne perd le fil de son récit afin de nous raconter, en filigrane, l'Histoire sociale et politique de son pays L'Irlande.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai découvert John Boyne très récemment avec la vie en fuite que j'avais beaucoup appréciée.
J'y reviens aujourd'hui avec : Les fureurs invisibles du coeur et ce livre m'a énormément plu et touchée.
John Boyne se livre à une véritable radioscopie de l'Irlande des années 45 à aujourd'hui.
Le puritanisme et le rôle de l'église prépondérante a de quoi nous réjouir de n'être pas né en Irlande dans les années 50.
Je dois dire qu'avant d'évoquer le roman, il est évidemment indissociable d'évoquer le film: Magdalena sisters paru dans les années 2000 évoquant ces couvents" laveries" où on enfermait des jeunes filles innocentes bannies par leurs familles, exploitées et maltraitées par les soeurs.L'une des héroïnes du film y est enfermé car elle a dénoncé son cousin qui l'a violée.
John Boyne, dans son roman lui se penche sur un " autre travers" pour la société irlandaise de l'époque : l'homosexualité jugée comme une déviance, un état anormal pouvant qualifier un homme de malade mental.
Les fureurs invisibles du coeur nous conte l'histoire de deux enfants, puis adolescents et adultes : Cyril adopté par une famille bourgeoise, l'autre Julian.
Cyril n'aime que les hommes et découvre son homosexualité étant adolescent alors que Julian lui a une passion pour toutes les femmes.
Ces deux hommes que tout oppose seront amis pour la vie, leurs vies seront étroitement liées . Cyril aime Julian pendant des années sans jamais lui avouer.
Chacun mènera sa vie à leur manière.
Pour Cyril, l'amour est une tragédie, et son parcours d'homosexuels dans l'Irlande de sa jeunesse est un véritable enfer.
Alors qu'il découvre enfin l'amour harmonieux avec un homme, il retrouve Julian à New York qui meurt du sida
Des pages splendides sont consacrées avec beaucoup de justesse à cette pandémie qui jugera le monde des homosexuels de façon impitoyable.
Mais les fureurs invisibles du coeur sont aussi l'histoire d'une fille -mère, elle aussi bien malmenée au début de son existence.
Des tas de personnages émergent de cette saga réellement addictive et attachante.
Les huit cent pages passent à toute allure et l'on est bien un peu orphelin au sortir de ce magnifique roman.
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Reniée par sa famille, bannie du village par le prêtre catholique, Catherine Goggin se retrouve à Dublin à seize ans, enceinte et sans le sou. En cette année 1945, dans la très catholique Irlande, les filles-mères sont considérées comme des prostituées et n'ont souvent d'autre choix que de confier leurs bébés à l'adoption. Son fils devient donc Cyril Avery, l'enfant d'un couple aisé et excentrique qui l'accueille avec charité mais indifférence. Il ne sera jamais un vrai Avery, qu'il se le dise ! Cyril a sept ans quand il fait la connaissance du fils de l'avocat de son père adoptif et éprouve un véritable coup de foudre pour le beau et sûr de lui Julian. Ainsi Cyril se découvre gay et en grandissant il va affronter les préjugés et la sévérité d'un pays qui ne se contente pas de bannir les homosexuels. On peut les emprisonner, les tabasser et même les tuer tant ils sont des dégénérés insupportables dans une société encore régie par un clergé catholique intolérant et rigide. Son salut viendra avec sa fuite et c'est hors de l'Irlande qu'il pourra enfin s'épanouir, aimer, être aimé et assumer sa sexualité. Viendront les années 80, le Sida, des rencontres, des pertes, des deuils, des retrouvailles et l'espoir de retourner en Irlande pour enfin se réconcilier avec son pays, son passé, son histoire.

Oh là là quel livre !! L'épopée d'un homosexuel irlandais de 1945 à 2015 avec une galerie de personnages hauts en couleurs, des drames, des joies, de l'amour, de la haine, du sexe et des curés.
L'ombre de John Irving plane sur Les fureurs invisibles du coeur et John Boyne ne s'en cache pas, le livre lui est dédié et son personnage lit le monde selon Garp. On retrouve l'ambiance de A moi seul bien des personnages, pour le cheminement d'un homosexuel et l'évolution de la société. S'y ajoute une similitude avec les thèmes abordés dans Inishowen de Joseph O'Connor ou Philomena de Martin Sixsmith.
Mais qu'on ne s'inquiète pas, John Boyne a son propre style. Entre tendresse, tristesse, réalisme et une bonne dose d'humour, il nous emporte dans le tourbillon de la vie d'un homme né trop tôt, au mauvais moment, au mauvais endroit. Tant d'années gâchées à vivre dans la honte, à se contenter de rapports sexuels rapides, discrets, la peur au ventre. John Boyne en profite pour égratigner une société puritaine et hypocrite, une religion catholique qui l'est tout autant et critique vivement les hommes d'église, moralisateurs, intolérants, toujours prêts à juger et à condamner. Cyril Avery est un personnage qui émeut, qui agace mais qu'on accompagne avec bonheur tout au long de ces plus de 800 pages, avec tous ceux qui l'entourent, ses curieux parents adoptifs, son meilleur ami et amour de jeunesse, sa mère biologique, son épouse légitime, son grand amour, etc., tant de personnages bien décrits, à la forte personnalité, qu'on quitte avec regret.
Tout sonne juste dans ce roman addictif, émouvant et plein d'espoir. Un énorme coup de coeur.
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Exceptionnel ! Un coup de coeur....
Une critique tentante de jeanfrançoislemoine suivie d'une autre tout aussi tentante de foufoubella.... le livre est enfin disponible. Ma foi ! Allons-y ! Aucune déception. Un livre magnifique. Bouleversant. Qui fait oeuvre utile.

L'Irlande de 1945 à nos jours. Son intolérance vis-à-vis des filles mères, des homosexuels.... en fait de tous ceux qui n'entrent pas dans le moule. Oh cette première scène qui donne le ton du livre : la pauvre gamine d'à peine 16 ans, humiliée devant tous pendant la messe par le prêtre, comprenez c'est une putain, elle est enceinte.... Ca m'a coupé le souffle. Ce sentiment a perduré durant tout le roman. Je crois que c'est la première fois que je mesure autant la difficulté d'être un homosexuel dans un pays qui l'interdit.
Un livre sur l'intolérance et l'amour. Sur la famille et la différence.
J'aimerais trouver les mots pour vous dire que c'est une vraie belle réussite.
J'aimerais trouver les mots pour vous le conseiller.....

Un livre que je n'oublierai pas.

Challenge pavés 2020
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