[Cyril, 7 ans, à Maude, sa mère adoptive, auteure de 6 romans]:
- Avez-vous beaucoup de lecteurs?
- Oh non. Dieu m'en préserve. Il y a quelque chose de terriblement vulgaire dans les livres qui ont du succès, tu ne trouves pas?
- Je ne sais pas. Je ne lis pas beaucoup, malheureusement.
- Moi non plus, répondit Maude. Je ne me rappelle pas le dernier roman que j'ai lu. Ils sont tous tellement ennuyeux, et les écrivains s'épanchent indéfiniment [...].
"Pourquoi ne voulez-vous pas que les gens lisent vos livres, Maude? me lançai-je, une question que je ne lui avais jamais posée.
- Pour la même raison que je n'entre pas chez des étrangers pour leur dire combien j'ai fait de selles depuis le petit déjeuner. Ca ne les regarde pas.
- Alors, pourquoi les publiez-vous?
- Il faut bien faire quelque chose, Cyril, non? dit-elle en haussant les épaules. Autrement, ça ne sert à rien de les écrire."
[dialogue entre Cyril et Julian, 7 ans]:
- Tu veux dire que tes parents ne dorment pas ensemble?
- Oh non, dis-je. Les tiens, si?
- Bien sûr.
- Mais pourquoi? Vous n'avez pas assez de chambres?
Mais malgré tout ce que nous avions, malgré le luxe auquel nous étions accoutumés, nous manquâmes d'amour tous les deux .Et cette carence serait gravée au fer rouge dans notre vie, comme un tatouage fait sur une fesse après une nuit de beuverie, nous précipitant inévitablement l'un et l'autre vers la solitude et le désastre.
—- Vous ne le direz à personne, n’est-ce pas ?
— Dire quoi ?
—- Ce que je viens de vous avouer. Que je ne suis pas normal
Elle se leva et rit. « Grands Dieux ! Ne soyez pas ridicule. Personne n’est normal. Personne, dans ce satané pays. »
J'ai entendu dire qu'il y avait de merveilleuses femmes médecins de nos jours. Mais où va-t-on ? ajouta-t-il en riant. Bientôt elles conduiront des bus et auront le droit de vote si personne ne fait rien pour les arrêter !
Je fis tout mon possible pour paraître aussi libéré sexuellement que lui, et terminai en disant que le seul problème dans le fait d’avoir une petite amie, c’était qu’on ne pouvait pas profiter de toutes les autres filles. « Je ne pourrais pas, écrivis-je, je suis trop amoureux d’elle. En même temps, ce n’est pas parce que je fais un régime que je ne peux pas regarder la carte. »
Ma mère m’a dit que l’un des problèmes de ce pays est que personne n’est prêt à parler de sexe à cause de l’influence de l’Eglise catholique, et elle veut que je grandisse en comprenant que le corps d’une femme est quelque chose que l’on doit chérir, pas quelque chose dont on doit avoir peur.
Elle n'avait jamais été dépensière. Elle n'avait pas de grands besoins, et les choses qu'elle aurait pu aimer, elle ne savait même pas qu'elles existaient.
Oh, comme j’aimais le pouvoir que j’avais sur lui ! Le pouvoir que je sentais en moi ! Vous ne pouvez pas comprendre , mais c’est quelque chose dont toutes les filles se rendent compte à un moment donné dans leur vie, généralement vers quinze ou seize ans. Peut-être que maintenant, cela arrive encore plus tôt. Elles comprennent qu’elles ont plus de pouvoir que tous les hommes de la pièce réunis, parce que les hommes sont faibles, se laissent gouverner par leurs désirs et leur envie frénétique de posséder les femmes. Mais les femmes sont fortes. J’ai toujours pensé que si les femmes pouvaient mobiliser toutes ensemble le pouvoir qu’elles détiennent, elles dirigeraient le monde.
- Il y a quelque chose que tu dois comprendre sur l'Irlande, poursuivit-il en se penchant vers moi, l'index tendu. Rien ne changera jamais dans ce putain de pays. L'Irlande est épouvantablement rétrograde, dirigée par des curés malveillants, malintentionnés et sadiques, et le gouvernement est aussi asservi par le pouvoir religieux qu'un chien mené au bout d'une laisse.