…. Je fixe la fenêtre et le paysage lessivé par la pluie. Les allées de notre résidence sont désertes, tout le monde est refugié à l’intérieur. Dans les pays occidentaux, on peut chanter ou danser sous la pluie ; ici, on finirait noyé.
Mon corps est épuisé mais mon esprit fait des heures supplémentaires, il revisite le passé, il échafaude des scénarios, anticipe. Les actes que ma sœur a commis me tourmentent plus qu’ils ne la tourmentent. Je l’envie pour ça.
Ayoola et moi ne répondons pas. L'une comme l'autre sommes en train de réviser nos options.
Mon corps est épuisé mais mon esprit fait des heures supplémentaires, il revisite le passé, échafaude des scénarios, anticipe.
Le temps passe lentement tandis que je dépiaute 1 fleur après l'autre, en chemise de nuit, jusqu'à ce qu'il y ai un lit de pétales éparpillés à mes pieds.
Dieu du ciel ! Elle veut briser mon foyer ? Elle veut me rendre folle ? Que Dieu me protège !
Donc, à la place, je compte - moutons, canards, poulets, vaches, chèvres, rats des champs, cadavres. Je les compte jusqu'à sombrer dans l'inconscience.
De la musique résonne dans la chambre d'Ayoola. Elle écoute I Wanna Dance with Somebody de Whitney Houston, à fond. Enya ou Lourde, quelque chose de plus solennel ou nostalgique, serait plus approprié que l'équivalent musical d'un paquet de M&M's.
Bizarrement, je ne peux pas l'imaginer se résoudre à poignarder un homme si elle n'avait pas ce couteau-là sous la main; c'est presque comme si c'était lui qui décidait de donner la mort, indépendamment de la volonté d'Ayoola. Cela dit, est-ce si difficile à croire ? qui osera prétendre que derrière tout objet ne se cache pas une intention ? Ou que les intentions cachées de ses anciens propriétaires ne continuent pas à l'orienter vers sa raison d'être ?
Le couteau est important pour moi, Korede. C’est tout ce qui me reste de lui.