Ce qu'il faut de patience
Il y a naître
Il y a la douleur et l'absence
La solitude l'attente
vouloir grandir
et de vains cris des hoquets
l'apprentissage du désespoir
mille choses qui se creusent
d'atroces matins
des arbres morts
des nuits muettes
des nuits sourdes
quelques crimes peut-être
puis vient l'amour
un temps
le temps-
ce qu'il faut de patience-
enfin l'amour qui répond à l'amour
au sortir d'une vase profonde.
Un sourire dans le soleil
Tu vas partir
tu pars
la semaine entière séparés
Mes larmes sont montées dans l'au-revoir
la portière de ta voiture claque
dans la rue déserte au matin
je te regarde :
un sourire dans le soleil :
tu redresses le monde.
APRÈS
Il y aura après ma mort
des jours de paix et de soleil entier
des filles et des roses
des enfants
et vous autres
quelque chose de très doux
une gaieté de l’air
et chaque saison à sa place –
la pluie pour consoler
le froid qui éblouit
l’hirondelle entrée dans la maison ouverte
et plus de couleurs aux vergers des vacances
qu’on n’en pourra jamais compter.
Il y aura après ma mort
des années innombrables et qui paresseront.
Mon désespoir aime la terre et les vivants.
Trois Haïku
Les mille poèmes d'amour
Projetés au matin : perdus au soir
parce que je t'aime.
Ma main est là
sans toi
qui caresse un désert.
Nous croyions nous aimer :
nous fourgonnions le vide.
Ton pays était plein d'introuvables maisons.
Dans l'erreur
Tu croyais à l'échec
comme à la grande preuve.
Je croyais au miracle
comme au grand contredit.
A chacun sa façon de n'être pas au monde.
Qu'est-ce qui nous appartient, hein ?