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EAN : 9782915120615
76 pages
L'Amourier Editions (09/07/2009)
3.33/5   3 notes
Résumé :
"Ce qu’il y a, avec les poètes, c’est qu’ils vivent dans le respect des choses précaires. Ils vont remarquer la couleur d’un mot. La musique d’un geste, d’un regard, d’un soupir. D’une feuille qui vole. Parfois une odeur qui monte en nous à les lire, une senteur comme de rose trop ouverte. La fragilité d’une fleur qui va se défaire, pétale à pétale. C’est évident mais discret, en fait. Bernard Bretonnière est poète, repérable aux premiers mots. Et je ne sais pas si ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Vues minuscules. le livre est constitué de courts paragraphes qui sont autant de rencontres au quotidien avec des gens de tous les jours. Cela pourrait paraître banal ; tout tient à la qualité de l'observation. Or Bretonnière sait piquer comme des papillons ces moments qui sauvent ou gâchent la journée, ces détails dans le comportement ou le langage qui révèlent une personnalité, voire une vie. On pense aux poèmes en prose de Godeau, ou aux « instants » de Follain : il s'agit de saisir l'humanité ordinaire (dont l'auteur ne s'exclut évidemment pas) dans ses menus bonheurs ou ses détresses. Ce que ne supporte pas Bretonnière, c'est la bêtise, la prétention, la vanité, mais il a une vraie tendresse pour les éclopés de l'existence ou ceux qui savent rire, peuvent et veulent être heureux. Cependant, malgré l'humour, la tonalité dominante reste celle d'une certaine fadeur de vivre, comme si l'on passait le plus souvent à côté d'exister, emportés par le rythme de la vie active, ou englués dans le temps mou de la routine. «Sur le visage de la patronne de l'hôtel où je m'arrête un quart d'heure pour prendre mon petit déjeuner, se devinent des trésors de tristesse. Je ne m'emploie pas à imaginer ce qu'elle a vécu en quarante-cinq ans, je me désole plutôt d'une existence qui, toujours, nous interdit de nous arrêter vraiment aux autres. La tendresse fraternelle qu'engendrent immanquablement les blessures et les désillusions, lisibles ici dans les rides d'un sourire las et bon, ce matin de pluie sur la rocade, je n'y goûterai qu'en passant, comme un petit voleur à la tire. Mais que pourrais-je lui offrir, et elle me confier ? Rien, et rien. Nous ne sommes jamais que de passage, partout, pour tous, absurdement pressés.» (p. 46)
Au fond ce que propose Bretonnière dans ce livre, à travers toutes ces rencontres fugaces, au jour le jour, ce sont justement des temps d'arrêt, d'attention. Sa poésie ici n'est aucunement moralisante, mais elle est morale : il s'agit de reprendre conscience du fait que nous faisons partie d'une communauté humaine, même si la communication entre les êtres n'est pas chose facile, on ne le sait que trop. «Elle m'aime bien, la serveuse timide – cela se sent, je le sais simplement -, et moi je l'aime bien aussi, ce qui suffit, ce qui ne suffit pas. Nous nous sommes vus cent fois, à l'heure du café-crème. Ni l'un ni l'autre ne connaissons nos noms, nous ne nous connaîtrons jamais.» (p. 26)
Ce livre tourne le dos à la poésie poétique mais indique fermement que l'écriture est autant écoute de l'autre qu'expression de soi. Et ce n'est pas rabougrir la page que d'en faire un lieu commun, un moment d'humanité, pour dénoncer ou compatir, selon les rencontres.
Antoine ÉMAZ (Poezibao)
Lien : http://poezibao.typepad.com/..
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« Un livre d'une humanité féroce et tendre ». Critique de Cathie Barreau dans "Encres de Loire" n° 49 page 30, automne 2009 :
http://www.paysdelaloire.fr/services-en-ligne/publications/encres-de-loire/browse/2/
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La dame à froufrous sent le pet et le Shalimar. Nul doute que ces effluves contraires livrant désespérément bataille émanent d’elle: nous sommes seuls depuis une minute trente dans l’ascenseur de cette tour de vingt-neuf étages, et je n’ai, présentement, rien à me reprocher.
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Lorsqu’elle s’aperçut…



Lorsqu’elle s’aperçut que son genou allait heurter le pare-chocs de ma voiture arrêtée au feu rouge, la rêverie ayant poussé ses pas hors du passage pour piétons tracé tellement droit, elle se mordit la lèvre inférieure, puis sourit en me regardant, d’un sourire à ce point surpris et radieux qu’il disait : « Pardon si je ne vous ai pas vu, mais c’est à cause de ce garçon rencontré hier, il a si bien su m’écouter que je n’ai plus de pensées que pour lui et j’ignore si j’oserai aller ce soir à ce rendez-vous et si je le reverrai et si ma vie en sera bouleversée. » Pour minuscule que tu fus, à moi simplement adressé par rebond, tu combles ma journée, sourire.
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Elle fut ma jolie voisine…



Elle fut ma jolie voisine au concert. J’appris son parfum, sa respiration et son visage dans la pénombre. Contre ma jambe, je sentis sa jambe, qu’elle ne déroba pas. De temps en temps j’accentuais la pression, elle tenait bon et le cœur me cognait. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, sitôt les applaudissements, elle s’est levée sans un regard pour moi, elle partit vite, j’étais encore assis et sa jambe restait : un poteau métallique soudé entre nos sièges.
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Dimanche fin de matinée…



Dimanche fin de matinée à Nantes ou à Venise : au coin d’une petite place, elle porte sa boîte de gâteaux par la ficelle dorée et croise un voisin : Bonjour et bon appétit. Sourires tranquilles. Petite conversation urbaine. De les avoir vus, entendus, je vais marcher plus léger tout le reste du jour. Certains dimanches, la scène m’est donnée plusieurs fois.
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