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Citations sur Vertumne et autres poèmes (28)

Je suis entré à la place du fauve dans la cage,
ai gravé mon terme et mon surnom au clou sur le bat-flanc,
vécu au bord de l'eau, joué à la roulette,
dîné avec le diable seul sait qui, en habit.
Du sommet d'un glacier j'ai contemplé le monde,
par trois fois j'ai coulé, deux fois on m'a ouvert.
Le pays qui m'avait nourri, je l'ai lâché.
Ceux qui m'ont oublié formeraient une ville.
J'ai parcouru la steppe pleine encore de la clameur du Hun,
porté ce qui est de nouveau à la mode,
semé le seigle, couvert de tôle noire l'aire à battre,
ne me suis abstenu que d'eau sèche.
Mes rêves font sa place à l'œil noir d'acier des gardiens,
j'ai dévoré le pain d'exil avec la croûte,
permis tous les sons à ma gorge, sauf le hurlement,
en suis venu au murmure. Maintenant j'ai quarante ans.
Qu'ai je à dire de la vie? Qu'elle fut longue.
Du malheur seul je me sens solidaire.
Mais tant qu'on ne m'a pas de terre comblé la bouche,
il n'en sortira que de la gratitude.

Traduit par Véronique Schiltz
p.107

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ASSIS A L'OMBRE


I
Jour d'été avec vent.
Accoté à un mur,
un arbre avec son ombre.
Je m'intéresse à l'ombre.
Le sentier sous le fouet
se sauve vers la mare.
J'observe les enfants
qui courent dans le parc.

II
Jeux cruels et folâtres,
et pleurs inconsolables
pourraient toucher le monde,
si le monde y voyait.
Mais le temps est atteint
du mal de cécité,
en raison de la balle
où nous sommes gagnants.

p.138
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LE PAPILLON

X
Trop jeune pour la peur,
tu n'as que souldre
et tu miroites, poudre
parmi les fleurs
lointaines de ces camps
où l'homme quitte
passé, présent et suite.
Par conséquent,
allant chercher au vert
pré ta pitance,
tu donnes sa substance
volage à l'air.

XI
Ainsi fais le stylo,
de long en large :
il respecte les marges
et voit en flou
le sort de son écrit
où, sage, folle,
l'abandonnée parole
met peu de prix
dans les sursauts des doigts,
la très-muette.
J'écris que tu volettes,
ça m'aide, moi.
...
p.24-25
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BAGATELLE
A Elisaveta Leonskaja

II
Les villes savent le vrai de la mémoire, celui des escaliers énormes
dans les (sic !) nids dévastés, celui des victoires de la ligne sur le segment,
Rien au monde n'est plus long que la vie après nous,
qui ressuscitons à la vitesse d'un express lancé vers la nuit.

Et la main jeteuse de dés, revenue dans le dos, a l'air
de dire adieu à la mise juste perdue,
ou d'entasser à voix haute la somme des marches qui,
grinçantes comme un accord sous les doigts, vous expédient dans les nuages.

Mais plus proche est l'étoile, plus précaire la rampe, et les chambres
semblent des nuages imparfaits infestés de rectangle et de tulle,
et la distance-spirale tout entière déroulée par le phono
a raison de s'affaler à la poursuite des chaises immobiles
...
(Traduit par Hélène Henry.)
p.160
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…J'étais aveugle, simplement.
Toi, venant, te cachant,
tu m'as offert la vue.
Ainsi laisse-t-on une trace.

Ainsi se créent les mondes.
Ainsi, après, souvent,
on les laisse tourner,
cadeau abandonné.

Ainsi livrée au froid,
au chaud, à l'ombre, à la lumière,
perdue dans l'univers,
tournoie la terre.

1981
(Traduit par Véronique Schiltz)

p.108-109
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LE PAPILLON

XII
Beauté pareille plus
survie tant brève
s'additionnant s'achèvent
en un rictus :
il faut comprendre là
que si les choses
furent, ce fut sans cause,
du moins que la cause est cinglée.
Frère entomologiste,
lumière et nuit persistent
non épinglées.

XIV
Je te préfère au Rien.
Tu es visible
et proche. Mais tu vibres
par lui, tu viens
de lui.
Le vide quand
tu voles trouve
sa chair. Je te découvre,
par conséquent,
comblant mon désarroi,
comme un spectacle
charmant – le seul obstacle
de lui à moi.

1972
(Traduit par André Markowicz.)
p.25-26
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Les jours détissent le chiffon tissé par Toi.
Il rétrécit à vue d'œil, sous les doigts.
Après le bleu, le fil vert
Devient gris, puis brun, puis rien.
Déjà on voit l'ourlet de la batiste.
Pas un artiste ne peindra le bout de l'allée.
Donc, avec le lavage, la robe de la mariée rétrécit plus vite,
sans que le corps devienne plus blanc.
Soit le fromage a séché, soit le ramage a cessé.
Ou encore : l'oiseau a le profil du corbeau, et le cœur du canari.
Mais le simple renard, plantant ses crocs dans la gorge,
ne regarde pas où est le sang, où est le ténor.

(Traduit par Véronique Schiltz.)
p.68

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C'est une série d'observations. Dans le coin, il fait chaud.
Sur toute chose le regard laisse une trace.
L'eau ressemble à du verre.
L'homme est plus effrayant que son squelette.

Soirée d'hiver nulle part avec du vin.
Véranda que l'osier assiège.
Le corps repose sur le coude
comme une moraine hors du glacier.

Dans un millier d'années, on extraira de sous les rideaux un mollusque
laissant filtrer par la frange
l'empreinte d'un « bonne nuit » sur des lèvres
qui n'avaient personne à qui le dire.

p.49
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Au paradis de la glotte, et de l'alphabet désanalphabétisé. P.93
Le soir colle aux épaules et marche en croquant du nougat. P.159
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CHANT D'OCTOBRE
Empaillée, une caille veille
sur le bord de la cheminée.
La pendule au tic-tac égal
enchante, au soir venu, le tympan éprouvé.
L'arbre au-dehors est un grand cierge sombre.
Quatre jours que la mer gronde derrière la digue.
Pose ton livre, prends l'aiguille ;
raccommode mon linge ainsi, sans allumer :
l'or de ta chevelure
éclaire l'angle.
Page 19
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