Citations sur Le professeur (42)
(...) je soupçonne que cette impudicité précoce, si frappante et si générale dans les contrées papistes, prend sa source dans la discipline, sinon dans les préceptes de l’Église romaine. Je rapporte ce que j’ai vu : ces jeunes filles appartenaient aux classes les plus respectables de la société ; on les élevait avec un soin scrupuleux, et cependant la masse avait l’esprit complètement dépravé.
« L’élève, dont le corps est parfois plus robuste et dont les nerfs sont moins sensibles que ceux du professeur, a sur son maître un immense avantage ; soyez certains qu’il en usera sans pitié, parce que l’être qui est jeune, vigoureux et insouciant, ne partage pas la souffrance qu’il voit subir et n’épargne personne. » (p. 132)
Je ne veux cependant pas, répondis-je, perdre de ma vue ma meilleure élève, fût-elle d'une famille de mendiants et logée dans un grenier ; il est d'ailleurs très inutile de me faire un épouvantail de sa naissance : je sais qu'elle est la fille d'un ministre protestant des environs de Genève ; quant à sa fortune, je m'inquiéterai peu de la pauvreté de sa bourse tant qu'elle aura dans le cœur cette richesse dont il déborde.
On n'éprouve qu'une seule fois les émotions qu'éveillent une première vue, une première audition, garde-les bien, ô ma mémoire, conserves-en le parfum dans un flacon scellé, et dépose-le en un lieu sûr.
Le professeur, fatigué, souvent même irrité par les occupations du jour, est insensible au bel air, aux grâces de toute espèce, et glorifie dans son cœur certaines qualités moins brillantes, mais aussi plus solides ; le désir de s’instruire, l’intelligence, la docilité, la franchise, la gratitude, sont les charmes qu’il aspire à trouver et qu’hélas ! il rencontre rarement.
(...) je ressentais ce qu’éprouve le voyageur en gravissant la montagne d’où il est sûr de voir lever le soleil dans toute sa gloire : qu’importe que le sentier soit rocailleux ? il ne l’aperçoit pas ; ses regards sont rivés au sommet que rougissent déjà les rayons dont il va contempler la splendeur ; nulle déception à craindre ; il est certain de se trouver face à face avec le soleil ; et la brise qui rafraîchit son front prépare au dieu du jour un vaste sentier d’azur, au milieu des nuages irisés qui flamboient à l’horizon.
(...) une peau blanche, des lèvres de carmin, des joues rondes et fraîches, des grappes de cheveux luxuriantes, ne me suffisent pas, si elles ne sont accompagnées de l’étincelle divine qui survit aux roses et aux lis, et qui brille encore après que les cheveux noirs ont blanchi ; les fleurs resplendissent au soleil et nous plaisent dans la prospérité ; mais que de jours pluvieux dans la vie, et combien le ménage de l’homme, combien son foyer même serait triste et glacé, sans la flamme de l’intelligence qui l’anime et le vivifie !
Passez la tête aux portes des cottages anglais ; vous verrez la faim rampant sur les pierres noircies d’un foyer vide, l’agonie gisant toute nue sur des grabats sans couvertures, et l’infamie s’accouplant à l’ignorance.
" Il vaut mieux être incompris actuellement, qu'être repoussé un peu plus tard."
D'un autre coté, je fais tout aussi bien de vous écrire que de chercher à vous voir ; ma lettre enveloppera les vingt francs que je vous dois (…) ; et, si elle ne vous exprime pas tous les remerciement que j'y ajoute , si elle ne vous dit pas adieu comme j'aurais voulu le faire, si elle ne vous dit pas combien je suis triste en pensant qu'il est probable que je ne vous reverrai plus, mes paroles auraient été encore plus impuissantes à s'acquitter de cette tâche ; en face de vous, j'aurais balbutié quelques phrase inintelligible, qui, au lieu de rendre ce que j'éprouve, n'aurait pu que dénaturer mes sentiments. Il vaut donc mieux qu'on m'ait refusé de vous voir.