"Que veulent les femmes?" s'était demandé Freud. Si lui n'avait pas la réponse, quel espoir avaient les autres de la découvrir ? Il imaginait des légions d'hommes exaspérés se posant la même question en vain. Il éprouva lui-même une certaine exaspération, qui fut la bienvenue. Assurément, les femmes voulaient être aimées- mais pourquoi les femmes auraient-elles cette exclusivité ?
"Il voyait dans le manque de curiosité de cette femme une armure contre les incursions du monde."
"Force lui était de reconnaître que Sarah avait changé au point d'en être méconnaissable. Et la cause, à son avis, n'était pas seulement la maladie, mais quelque chose de moins matériel, de moins facile à admettre : l'irruption de la mémoire, le fait de vieillir, la comparaison qu'elle ne pouvait éviter de faire entre passé et présent, comme si un trait avait coupé sa vie en deux, la forçant à regarder une évidence à laquelle elle était incapable de se rendre."
" Il lui apparut alors que vivre sans témoin était une chose terrible... il se trouvait hanté par un sentiment d'invisibilité, comme s'il était simple spectateur de sa vie, son unique vie, sans que personne puisse l'identifier, ni à plus forte raison s'identifier à lui, dans le vide désolé du présent."
"Tout était cyclique. En lisant cela dans Proust, il ne l'avait pas tout à fait cru. Maintenant, il savait que c'était vrai.
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Aujourd'hui, il découvrait qu'on ne se débarrasse pas si facilement du passé, et il accueillait presque avec bonheur sa réapparition, le présent étant devenu à ses yeux fort médiocre.
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Du coup, le passé revêtait une familiarité bienvenue, devenait quelque chose qui lui appartenait en propre et ne pouvait lui être retiré tant que tout le reste ne s'écroulerait pas. Il fouilla son paysage émotionnel et découvrit, à sa grande surprise, que toutes les déceptions et humiliations récentes étaient insignifiantes comparées à l'intimité de cette association."