- Et vous Seigneur Almaric ?
- Je servirai sous ses ordres. Une vie courte et plaisante, telle est ma devise, par Mitra ! Et avec Conan le coupe-jarret, elle risque fort de l'être !
Durant des nuits entières, j'ai entendu murmurer mon nom. Il était comme chuchoté à mon oreille d'une voix sifflante.
Puis ce fit bientôt des propos obscènes. Des idées odieuses et perverses. Il me disait s'appeler Natohk et prétendait me désirer ardemment.
Nuit après nuit, il me semblait de plus en plus réel. Je pouvais voir son regard qui me dévisageait... avec voracité.
Je pouvais le sentir autour de moi.. Je sentais parfois son souffle sur ma poitrine ou mes lèvres.
J'ai prié Isthar... Supplié les prêtres de me délivrer de cette malédiction. En vain!
- Depuis que votre frère, le roi, croupit dans les geôles d'Ophir, le royaume de Koth lorgne sur vos terres. Les rumeurs vont prétendent faibles et indécise. Alors le roi de Koth annexera bientôt votre royaume en prétendant le protéger de ce chien Natohk qui rassemble les rebelles shémites et stygiens sous sa bannière. Les récits de ses atrocités sont nombreux et effraient vos sujet et notamment vos soldats qui désertent en nombre. Ainsi plus le temps passe, plus votre situation devient intenable. Vous avez besoin d'une victoire militaire pour asseoir votre légitimité et mettre fin à l'appétit de vos voisins.
- Belle réflexion de la part d'un simple soldat.
- Je ne suis peut-être pas un diplomate, mais ne je ne suis pas stupide.
- Et toi, Conan, me crois-tu faible et indécise ?
- Faible ? Non. Indécise ? Peut-être ?
Je suis né sur le champ de bataille !!
Le cliquetis des épées et les cris de massacres ont été mes premières berceuses...
J'ai participé à des vendettas, à des guerres tribales et à des campagnes impériales...
Au matin, l'armée se mettait enfin en marche. En tête venaient les plus grands seigneurs du royaume. Cinq cents chevaliers, menés par l'ombrageux Comte Thespides. Puis suivait la cavalerie légère , cinq mille archers montés, aux ordres de l'intraitable Agha Shupras. Arpenteurs infatigables du désert, ses hommes seraient d'une aide inestimable contre les redoutables Shémites. Nobles désargentés, puînés, les lanciers de Khoraja avançaient derrière, à pied mais fiers, dans un royaume où seule la cavalerie était considérée comme arme honorable. Puis, enfin, les mercenaires fermaient la marche. Mille cavaliers et deux mille lanciers, des tueurs professionnels, issus de toutes les races.... Renégats corinthiens, Aquiloniens, hommes du Gunderland, Zingaréens à la peau basanée... Tous étaient prêts à se battre, pour la survie du Royaume de Khoraja, pour la princesse Yasmela... Et pour l'or.
[Conan] Un Cimmérien tient l'alcool mieux que personne !
- Aucun homme sur cette terre n'a su me faire trembler. Et je n'ai aucune prise sur les desseins des dieux, alors pourquoi m'en soucier ? Cependant...
- Oui ?
- Depuis que je mène cette armée... une douleur me transperce l'estomac. Je ne mange presque plus et je dors encore moins...
- Tu sens comme un poids immense sur tes épaules...
- Oui.
- Le poids des responsabilités... Bienvenue dans mon monde.
- Un monde de diplomates... et de démons.
Dans ce monde les hommes luttent et souffrent en vain, trouvant du plaisir seulement dans la folie ardente de la bataille; une fois morts, leurs âmes pénètrent dans un royaume gris, nuageux et parcouru de vents glacés, où ils errent sans joie, pour l'éternité.
- Une bien belle armure, Conan, et par Mitra, j'ai vu maints rois qui portaient la leur moins royalement que toi !
- Par Crom... Lâche-moi, princesse... Je ne tiens plus debout.
- Non. En tant que princesse, j'appartiens à mon peuple... Ma vie, mes amours lui sont destinés. Ici, maintenant, je ne suis plus rien. Pour un instant... je suis à toi...