Béatrice chiffonna le paquet de cigarettes, glissa la dernière entre ses lèvres.
Tendre vers l’Ekstasis. J’ai lu à ce sujet. Je sais que je parle de déification.
Moi, le dévoreur, j’ai accédé. Accédé. Marche par marche. Ma trajectoire impose la solitude. Je me dois de n’épargner personne, et, en premier lieu, moi-même. Je ne désire ni le repos ni le bonheur. La joie m’est étrangère. Pour avancer dans ce trajet, j’ai fait le choix du détachement, de l’ascèse, d’éradiquer les plaisirs futiles qui font tourner en boucle les êtres communs.
Tendre vers l’Ekstasis. J’ai lu à ce sujet. Je sais que je parle de déification.
Ma quête m’épuise. Me dévore. J’aime l’image de la dévoration. De ces vies, qui se cachaient derrière le paravent hum, bourbier animal millénaire. Je leur ai permis de s’affranchir. Leur condition était dépourvue de grandeur.
Ma volonté est sans faille et de jour en jour plus impatiente. Je pourrais renoncer. Certainement pas pour le groupe, troupeau bêlant, mais pour moi.
Je viens d’âges maudits, de serments oubliés, de charniers, de croyances éclairées par les bûchers. Je suis pressé. Je m’accomplirai quand je ne me contenterai plus de laisser ma vie se détruire, chaque seconde qui passe.