Citations sur Du pardon… à l'amour (26)
Une partie de moi espérait que cette histoire était le fruit de mon imagination, mais la vérité, aussi cruelle soit-elle, me saute aux yeux. Je l’avais occultée pour ne pas sentir le poids de la culpabilité peser sur mes épaules alors qu’un homme est mort. Le sang qui a séché sur le talon lui donne un aspect étrange. J’aurais pu éviter ce massacre si je m’étais comportée en adulte.
Mes yeux s’attardent sur ce petit bout de femme qui m’impressionne. Elle fait fi de l’altercation que j’ai eue cette nuit et ne pense qu’à sauver ma peau. Encore une fois, elle prend les choses en main. Encore une fois, elle me sortira de ce mauvais pas. Encore une fois, les rôles sont inversés. Encore une fois, je me sens coupable d’être si irresponsable et si insouciante.
Nos corps se retrouvent très près l’un de l’autre. Mes sens sont en alerte, les siens aussi. Ses lèvres se posent sur les miennes et se font gourmandes. Je réponds à son baiser sans même réaliser que ce n’est pas ce que je veux. Il faut que je bannisse l’alcool de ma vie. Il ne m’apporte rien de bon. Je suis une mère respectable et je suis la seule famille qui reste à Margaux. Malgré ces pensées responsables qui se fraient un chemin dans mon cerveau noyé sous les bulles, je le laisse poursuivre ce qu’il a commencé. Lorsque ses doigts attrapent ma robe pour caresser ma peau, une étincelle de lucidité me fait réagir. Prestement, je le repousse.
Ses yeux qui s’attardent dans les miens se veulent rassurants. Je ne le connais que depuis peu, cependant il ne ressemble guère à un serial killer ou à un malade mental. Et puis, je suis une grande fille, je sais me défendre.
Mon cerveau est embrumé, la fatigue se fait sentir et je ne prête guère attention à la route qu’il emprunte. Quand il se gare le long du trottoir, la surprise se lit sur mon visage.
Bien sûr au vu des circonstances, il ne finira pas dans mon lit. Malgré tout, il peut s’avérer être de bonne compagnie et c’est tout ce dont j’ai besoin en cet instant.
Le maquillage rapide ne cache ni ma tristesse ni mes cernes, mais je m’en moque. Je souhaite juste l’espace d’une soirée mettre de côté la promesse faite à Mathilda et occulter les photos qui hantent mon esprit depuis que je les ai vues. Elles ont ravivé le passé qui enserre à nouveau mon cœur et fait sourdre une angoisse que je croyais disparue. Ma tête semble sur le point d’exploser. Je fixe le miroir et inspire profondément.
Je n’ai pas eu une enfance difficile, car je n’ai jamais manqué de rien, toutefois, on ne s’amusait guère à la maison. Mes parents souriaient peu et aucun éclat de rire, ou instant joyeux, ne me revient en mémoire. Triste constat... L’argent ne fait pas tout... Et il n’a pas fait mon bonheur.
Toute sa vie se trouve entre ces murs. Chaque recoin lui rappelait une date, un souvenir. Un tri s’impose afin d’empaqueter ce que l’on souhaite précieusement conserver. Je n’ai pas la force dans l’immédiat de m’attaquer à ce travail titanesque. Après une hésitation, je pousse la porte de sa chambre.
Notre fougue et l’insouciance de notre jeune âge ne nous permettaient pas d’envisager les conséquences de nos actes irréfléchis. D’ailleurs, Samuel n’aura pas eu le temps d’apprendre sa future paternité puisque mon retour dans le manoir familial se fit en fanfare. Émerveillée par cette découverte, par l’amour qui emplissait mon cœur de jeune fille et enivrée, voire même « bourrée », par l’excès d’alcool, je suis rentrée chez moi par la porte d’entrée.