Doucement, il m’a montré la voie vers les plaisirs charnels. Ce que nous ignorions, c’est qu’en cette nuit magique serait conçue Margaux. Pas de bol… ! Première fois et hop, un polichinelle dans le tiroir ! Bon, je vous confie la vérité. La malchance n’a rien à voir là-dedans puisque nous avions oublié les enseignements appris au lycée et nous avions fait l’impasse sur les préservatifs. Je sais… ce n’est pas très intelligent de laisser ses émotions dominer sa raison, mais dans le feu de l’action, nous avions perdu pied avec la réalité.
Je rêvais de pouvoir quitter ce monde luxueux et austère qui ne me correspondait pas pour partir à l’aventure. Je me suis donc égarée dans les bras de ce jeune homme après une dispute avec mes parents. Tout le monde se rendait au bal du 14 juillet pour s’amuser et danser sauf eux et, en l’occurrence, moi ! Privée de télévision et punie dans ma chambre, ce qui devenait ridicule pour une jeune fille de dix-sept ans, j’ai fait le mur pour rejoindre le cœur du village.
débutais donc dans la vie avec un prénom de fruit et un nom de famille hors du commun. Où mes parents avaient-ils été chercher cette idée saugrenue ? Le ridicule ne tue pas puisque je suis encore là, mais cette question me taraude encore aujourd’hui. Comment un parent peut-il trouver judicieux d’appeler son enfant ainsi ? Mes géniteurs, rigides, aux abords frigides, vivaient dans un autre temps. Ils voulaient faire de moi une avocate ou une chirurgienne réputée.
Je suis née avec ce que l’on appelle communément une cuillère en argent dans la bouche. Vous voyez le genre ? Des parents aristocrates, affublés d’un nom à particule, exigeant le meilleur de sa progéniture, c’est-à-dire moi ! D’ailleurs, je vais vous faire rire avec mon patronyme ! Je me prénomme Myrtille de L’Églantine des Vergers. Rien que mon prénom donnait lieu à des moqueries. Je ne compte plus le nombre de fois où l’on m’a appelée Muffin.
À mi-chemin entre l’enfant et l’adulte, cette transition ne se fait pas sans mal. J’avoue que je ne lui facilite pas la tâche du haut de mon statut de maman adulescente. Je décharge mes responsabilités sur ma fille de seize ans et sors quasiment chaque soir de la semaine dans l’infime espoir de trouver l’homme parfait. Celui qui m’idolâtrera et me permettra de lâcher prise. Je sais le prince charmant n’existe pas, mais j’ai besoin d’y croire encore un peu !
À peine plus grande que la moyenne, blonde, les yeux noisette, la nature a omis de se pencher sur mon berceau pour me doter d’une beauté parfaite. Je suis donc obligée, afin d’attirer les regards, d’user d’artifices. Cela ne plaît pas toujours à ma fille qui m’accuse d’en faire trop.