AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alfaric


Cet album consacré à Antigone est un peu hors-sujet puisque dans une collection dédiée à la mythologie on adapte ici une pièce de Sophocle et non un mythe (et même en jouant avec les mots, son sujet ne correspond aucunement à ceux de la mythologie). Luc Ferry veut se faire plaisir, quitte à balayer d'une revers de la main la belle adaptation en roman graphique de Régis Penet sortie quelques mois plus tôt chez le même éditeur...
Les dessins de Giuseppe Baiguera assisté aux couleurs de Ruby ne sont pas à la hauteur de l'illustration de couverture de Fred Vignaux, mais restent satisfaisants voire plaisants. Ensuite, on connaît bien l'histoire : après la mort d'Oedipe à Thèbes ses fils Etéocle et Polynice se partagent le pouvoir, mais le disait le bankster J.P. Morgan la concurrence c'est bien mais le monopole c'est mieux... C'est donc naturellement que les orgueilleux frères déclenchent la guerre civile, et qu'ils meurent tous les deux victimes de leur hybris : il n'y en avait pas n pour relever l'autre, et pour ne rien gâcher Créon roi intérimaire pour la 3e fois compte bien le rester définitivement, et rend tous les honneur funéraires à la dépouille du crevard Etéocle et condamne la dépouille du crevard Polynice à pourrir à l'air libre, en opposition à toutes les lois divines et humains parce que maintenant la loi c'est lui, et l'ordre ! Antigone qui a accompagnée le calvaire de son père raisonne en être humain, Créon qui lorgne sur le trône depuis si longtemps raisonne en politicien, et entre la princesse qui agit en Martyr et le roi qui agit en Machiavel c'est le clash puis la tragédie puisque au bout du bout l'orgueil des uns et des autres est châtié par les dieux et Créon obtient le pouvoir qu'il a tant souhaité, mais il n'a plus personne à qui le léguer...
C'est une bonne vulgarisation d'un classique parmi les classiques, mais le message est un peu brouillé entre la bonne volonté des auteurs et la mauvaise volonté de Luc Ferry qui se drape dans ses conneries intellectualistes. le fils directeur est davantage Créon qu'Antigone qui a depuis le départ toutes les cartes en main et qui derrière ses beaux discours sur la raison, la loi et l'ordre ne pense finalement qu'à lui... Il en a rien à foutre que son fils aîné soit mort, il fait semblant de découvrir qu'Antigone a bravé sa loi alors que cette dernière n'a jamais caché ses intentions juste pour la piéger elle et son entourage et ainsi faire place nette autour de son trône, il manipule son fils cadet partagé entre sens du devoir et amour passionnel, il jubile quand tout le monde est pris au piège de sa toile, avant de se lamenter que rien ne se passe comme prévu quand le ciel lui tombe sur la tête !


Ce qui fout tout en l'air c'est les discours intellectualistes de Luc Ferry qui nous explique qu'il n'y aucune dimension morale dans la tragédie. Car on termine l'album en beauté avec 6 pages de branlette intellectuelle où Luc Ferry se masturbe en regardant Hegel se masturber. Déjà il nous explique que Jean Racine, Jean Cocteau, Jean Anouilh, Bertolt Brecht, Marguerite Yourcenar, Assia Djebar, etc, n'ont rien compris à la tragédie de Sophocle, et que pour véritablement la comprendre il faut se référer à Hegel, Nietsche, Deleuze et Clément Rosset ! Les drames humains vécu par le petites gens sont pathétiques, la vraie tragédie c'est l'opposition des raisonnements... Donc il y aurait d'un côté le teubés méprisables qui parlent de la passion, et d'un autre côté les intellos admirables qui parlent de la raison ! Et tout cela est enrobé par les logorrhées de Luc Ferry qui explique aussi qu'Hegel est non traduit, ou si mal traduit qu'il doit se dévouer à la cause philosophique en traduisant lui-même les Saintes Écritures du grand homme... Sauf que ses interminables citations sont illisibles, parce qu'avec un vocabulaire compliqué et une syntaxe alambiquée on ne comprend rien du tout même au bout de multiples lectures. Par contre on comprend bien le message que l'émotion c'est pour les gamins et les bonnes femmes, pas pour le vrais mec qui eux ne laissant pas aller à l'émotion en se référant toujours à la raison... Ah ça on flirte à plusieurs occasions avec le machisme et le sexisme primaires, mais ce n'est pas grave puisqu'on fait de philosophie et que les philosophes sont les aristocrates de la pensée qui ont toujours raison !
Comme le disait Albert Einstein, un véritable intellectuel c'est quelqu'un qui rend simple ce qui est compliqué, et pas quelqu'un qui rend compliqué ce qui est simple... Monde de Merde qui cire les pompes des intello élitistes qui ne cachent pas leur mépris pour tout ceux qui n'ont pas leur QI, car ici on sent bien les privilèges de Luc Ferry qui ose se lancer dans une explication de texte philosophique aussi pointue de fumeuse dans une BD grand public censément pédagogique (on n'est pas dans une thèse universitaire bordel de merde) !
Commenter  J’apprécie          495



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}