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Critique de karmax211


Quelle déveine que de n'avoir pu faire la connaissance de l'inspectrice Erika Foster qu'à l'occasion de sa quatrième enquête et d'avoir conséquemment été en partie pénalisé par l'absence d'un "chemin de vie" chronologiquement narré dans celles qui ont précédé - Jolies filles -, c'est-à-dire - La fille sous la glace -, - Oiseau de nuit - et - Liquide inflammable -.
Certes on peut lire - Les aventures de la Castafiore - sans rien connaître de ce que fut la rencontre entre Tintin et le capitaine Haddock, ou voir Wallander s'enfoncer dans la nuit de l'oubli en ignorant tout ou presque de ce qui met un terme aux aventures de l'inspecteur suédois du commissariat d'Ystad... mais il y a des "blancs" que l'on préfèrerait combler autrement que par des déductions "imprécises".
Qu'à cela ne tienne, ce quatrième volet m'a permis d'approcher une jeune femme blonde, très grande, d'origine slovaque, veuve ( son mari, policier comme elle, est mort en service deux ans auparavant ), écartelée entre un deuil "en cours" et la culpabilité inhérente à toute femme ou à tout homme qui a récemment perdu l'être aimé et qui est confronté à un nouvel amour qui bouleverse des repères à peine identifiés.
Elle a arrêté de fumer il y a quelques mois, dort mal, a une hygiène de vie très aléatoire, très circonstancielle ( comme tous les flics de romans ), est friande de sucreries ( en l'occurrence des mini Mars, qu'elle garde dans la boîte à gants de sa voiture ), et a des qualités de cordon bleu... qu'elle réserve à sa famille restée en Slovaquie.
La recette dont elle s'enorgueillit qu'elle "est la meilleure qu'on ait goûtée" est "sa" kapustnica, une soupe à base de viande et de chou qu'on mange pour Noël".
Si j'ajoute à ce "portrait", qu'elle est donc au départ une jeune fille au pair, une immigrée venue en Angleterre avec ses seules armes pour tout bagage.. une volonté inébranlable, une ambition obstinée, son opiniâtreté a fait le reste et l'ascenseur social d'outre-Manche lui a permis de gravir les échelons d'une société exigeante... .
Mais la consécration, le rêve britannique n'eût pu être entièrement réalisé sans sa nomination au poste de superintendant. Et là, les rivalités entre flics, sa personnalité, peut-être un peu hors du moule, ont vu son rêve se briser, la nomination lui échapper pour bénéficier à un collègue qui semble être un flic médiocre, obtus, sans scrupules.
Elle donne sa démission de la criminelle et se retrouve dans un commissariat de banlieue à 60 km de Londres, s'ennuyant mortellement à faire de la paperasserie et rongeant son frein en sachant qu'elle est une limière hors pair, qui a l'action dans le sang et dont le talent s'étiole dans cette annexe faubourgeoise de la police, remisée et "inutile".
Je ne peux plus dire à présent que je n'ai pas comblé les blancs dont je me plaignais précédemment qu'ils ne me permettaient pas d'approcher au plus près de l'inspectrice héroïne de Robert Bryndza.
Erika Foster va saisir l'opportunité d'une revanche lorsque, en compagnie de son nouvel amant, celui-ci est appelé pour un meurtre. On a retrouvé le cadavre d'une jeune femme dans une benne à ordures.
Erika l'accompagne.
Elle s'immisce, contre sa hiérarchie, dans une enquête où son flair inné d'enquêtrice va lui faire comprendre très vite qu'ils ont affaire à un serial killer.
L'auteur ne nous la joue pas Hercule Poirot. On sait au bout de très peu de pages qui est le tueur, cet homme jeune, désaxé, qui utilise de faux profils sur les réseaux sociaux, pour attirer ses victimes, de jeunes et belles femmes en quête du prince charmant ou de la notoriété.
L'idée n'est pas nouvelle. En 1989, John Harvey dans - Coeurs solitaires - exploitait le même thème... mais à la place d'Internet il n'y avait que des petites annonces dans la rubrique du courrier du coeur du journal local de Nottingham.
Et "à la place" de la jeune et grande inspectrice blonde Erika Foster, il y avait l'inénarrable inspecteur Resnick, vous savez ce grand type d'origine polonaise, amateur de jazz et de sandwiches invraisemblables, toujours mal attifé, négligé et maître de quatre chats aux noms de jazzmen...
Ô tempora mais pas ô mores... car "les monstres les plus effrayants sont toujours nichés au fond de nos âmes", et ce que ne permettaient pas les petites annonces dans les journaux naguère, Internet l'offre désormais en x D.
Les scénarii sont démultipliés, le temps et l'espace sont abolis, c'est ce qu'a compris Robert Bryndza, qui joue malicieusement au chat et à la "souris" avec son lecteur à travers de courts chapitres, et là je réfute l'idée de la facilité et plaide pour celle de la contemporanéité et de l'efficacité, courts chapitres qui, comme chaque page des albums d'Hergé, font rebondir l'histoire et adrénalise le suspense.
Dans cette course miroirs entre le mal qui se déploie et le bien qui s'échine à l'en empêcher, le lecteur s'impatiente, trépigne, se réjouit... prématurément, enrage... avant de... à vous de lire ce très bon polar pour savoir ce qu'il adviendra...
Découverte de l'univers de Bryndza, que je dois à Nicolas dans le cadre d'une Masse Critique Babelio, et à Sarah pour les Éditions Belfond ( un grand merci à tous les deux ).
Je vais faire en sorte de retrouver bientôt Erika Foster dans ses premiers pas d'héroïne de polars... qui n'a pas fini de faire parler d'elle.
Car, sans vouloir vexer quiconque, je trouve qu'elle a la carrure littéraire pour se confronter, à son avantage, à des "collègues" nordiques, Allemands, Français, Italiens ou Espagnols.
Si vous voulez passer quelques bonnes heures de lecture haletante, dans une histoire à la structure narrative solidement charpentée, aux personnages bien dessinés et à l'écriture tenue... ce livre est fait pour vous.
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