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Citations sur Sursis (36)

La vie n’est pas coeur. Elle n’est que raison. Et il faut s’en faire une bonne pour la supporter au crépuscule de l’existence.
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Elle avait entendu dire que la maladie pouvait se lire dans le regard de ceux qui en étaient atteints. Une sorte de regard vide, tourné vers l’intérieur, à la recherche de ces souvenirs qu’ils ne trouvent plus, de ces notions qu’ils ont perdues. Mais ce qu’elle venait de voir était très différent et elle ne pouvait pas le qualifier. D’un autre côté, comment l’aurait-elle pu, puisqu’à part son père, elle ne connaissait personne souffrant d’Alzheimer. Les curieuses mimiques qui avaient animé son visage, juste après, comme si ses traits avaient été accrochés à des fils invisibles qu’un marionnettiste aurait tirés un peu dans tous les sens, l’avaient davantage interpellée. Elle avait l’impression qu’en arrière-plan, le cerveau de son père moulinait pour remettre en place tout ce qui s’y baladait.
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Ils découlaient d’un physique qu’elle aurait voulu différent et qui, à ses yeux, ne valait pas grand-chose même si, en toute objectivité, il était dans la norme. Ils découlaient surtout d’une enfance douloureuse, vécue sous la houlette d’un père tyrannique. Mais derrière l’épaisse carapace, brillait une femme généreuse, sensible et sentimentale qui savait faire preuve d’une rare empathie. Il suffisait de l’observer avec les malades envers lesquels elle avait toujours une parole gentille et à qui elle savait arracher le sourire, même lorsque les circonstances ne s’y prêtaient pas. Et pour cause, puisque beaucoup de ceux dont elle s’occupait étaient en soins palliatifs. Elle aimait répondre, à ceux qui l’en félicitaient, qu’elle était l’un des derniers visages que ces malades verraient, alors autant qu’il soit souriant. Et puis, comme ça, ils lui réservaient une petite place au chaud, là-haut, quand son heure à elle serait venue.
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Étrange relation que la leur, où aucun des deux n’avait fait un pas de plus vers l’autre, comme s’ils s’étaient ratés, vingt ans plus tôt, et que la porte s’était refermée sur ce qu’ils auraient pu vraiment construire.   Dieu merci, elle avait James, son soleil. L’adorable petit gamin qu’elle baladait encore dans Mission Bay Park la veille avait bien grandi et allait sur ses dix-sept ans. Toujours présent, il l’aidait comme il pouvait et ne lui causait aucun des désagréments que certains adolescents font subir à leurs parents. Il semblait être passé à travers la fameuse crise qui peut les rendre désagréables. Cerise sur le gâteau, il était bon élève, bien que ces derniers mois, ses résultats se soient tassés. L’enfermement de Logan, son meilleur ami, n’était probablement pas étranger à la situation. Mais elle y avait également associé le départ de Miles car les deux garçons s’entendaient à merveille et, peut-être sans le dire, son fils ressentait-il quelque peine à avoir perdu cet homme qui, finalement, lui avait presque servi de père de substitution. Parfois, Dolorès s’endormait avec l’immense regret de ne pas pouvoir lui offrir davantage, comme des vacances, ou ces dernières baskets qui coûtaient un bras. En son temps, Miles l’avait sacrément gâté, même si Dolorès feignait de s’y opposer. Mais la joie qu’elle lisait alors dans les yeux de James avait le pouvoir de tout effacer. Vingt ans de souvenirs qui lui donnèrent envie de pleurer. Mais toujours ces mêmes fesses, dans le miroir, qui lui rendirent le sourire. Elle avait peut-être quarante-et-un ans, mais elle les portait bien.    
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Mieux se sentir augmente la libido… et les besoins de la satisfaire. Quoi de mieux, pour cela, qu’un trentenaire célibataire (Dieu seul savait pourquoi il l’était encore) en qui on a toute confiance et qui plus est beau garçon. Un soir, alors que Miles l’avait invitée à dîner au Venticello, un restaurant italien romantique et haut de gamme situé à quelques minutes à pied de chez lui, Dolorès avait décidé de le raccompagner, histoire de prendre un dernier verre et, cette fois, de ne repartir que bien plus tard dans la nuit.
Sitôt sur le canapé, elle l’avait enfourché sans lui laisser le temps de comprendre ce qui lui arrivait et avait collé ses lèvres aux siennes afin d’obtenir ce qu’elle aurait dû prendre bien des années plus tôt. Si elle avait dû attendre qu’il se lance ou qu’il ose, ils auraient tous deux atteint l’âge de la retraite avant de s’envoyer en l’air (et encore).
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Elle avait toujours senti que, si elle s’était engagée dans une relation durable, une dimension de leur couple lui aurait échappé. Celle qu’elle ne maîtrisait pas du fait de leur différence sociale. Pourtant, durabilité, il y avait bien eu. Mais elle avait voulu s’immuniser contre tout le reste en conservant une liberté qui avait fait de cette relation un hybride entre amitié explicite et amour implicite. Elle avait cru pouvoir se balader à sa guise entre l’une et l’autre, donnant à ses jours le parfum de la première et à ses nuits le frisson du second.
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Les malades d’Alzheimer, comme lui, finissaient-ils captifs de leurs souvenirs en y retrouvant une mémoire qui leur faisait défaut dans le présent ?
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Il sentait presque la caresse de ce souffle sur la peau de son visage. Puis, son odorat détecta un effluve connu mais lointain dans sa mémoire chancelante. Il y avait tellement longtemps qu’il n’avait pas senti cette odeur. Elle lui rappelait l’odeur de l’amour, l’odeur d’un corps qu’il avait serré contre le sien.
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Des yeux sans histoire à raconter ni bonheur à exprimer, perdus dans le noir qui ne demandait qu’à les avaler à leur tour. Tout ça devait se passer dans sa tête. Mais tout ça semblait si réel.  
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La bouche pleine l’empêchait cette fois de sourire, mais une joie indicible se lisait dans son regard. Tous ces visages rayonnaient de bonheur. Un bonheur presque palpable, comme une lumière, en lui-même.  
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