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Titus Burckhardt (Traducteur)
EAN : 9782850760211
Dervy (01/01/1986)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Les textes présentés ici sont extraits du célèbre livre al-
insâïi ai-kâmil du Soufî ’abd al-karîm al-jîlî, continuateur
de renseignement métaphysique du « Très Grand Maître » Muhyi-d-dïn ibn'Arabî.

Le Soufisme a pour but une connaissance dont la nature
intime est « mystère » et qui ne peut être pleinement communiquée par la parole* Son organe n'est pas le cerveau mais le cœur où la connaissance et l’être de l'homme coïncident... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quand Dieu Se révèle à Son serviteur dans une de Ses Qualités, le serviteur plane dans la sphère de cette Qualité jusqu’à ce qu’il en ait atteint la limite par voie d’intégration (al-ijmâl), non par connaissance distinctive, car ceux qui réalisent les Qualités divines n’ont pas de connaissance distinctive si ce n’est en vertu de l’intégration. Si le serviteur plane dans la sphère d’une Qualité, et qu’il la réalise entièrement par intégration [spirituelle], il s’assied sur le trône de cette Qualité, en sorte qu’il se l’assimile et en devient le sujet ; dès lors, il rencontre une autre Qualité, et ainsi de suite jusqu’à réaliser toutes les Qualités divines.

Que cela ne te confonde pas, mon frère, car, pour ce qui est du serviteur, Dieu, voulant Se révéler à lui par un Nom ou par un Qualité, l’éteint, annihilant son moi et son existence ; puis, quand la lumière créaturelle s’est éteinte, et que l’esprit individuel est effacé, Dieu fait résider dans le temple (haykal) créaturiel, sans qu’il y ait pour cela localisation (hulûl)(1) divine, une réalité subtile qui ne sera ni détachée de Dieu ni conjointe à la créature, remplaçant ainsi ce dont Il le dépouilla, car Dieu Se révèle à Ses serviteurs par générosité.
(…)
A certains, Dieu Se révèle par la Qualité auditive (as-sam’), en sorte qu’ils entendent les énonciations des minéraux, des plantes et des animaux, de même que le langage des anges et diverses langues ; les choses éloignées se manifestent à eux comme les proches. C’est que le serviteur auquel Dieu Se révèle par la Qualité auditive, entend en vertu de l’unité de cette qualité toutes ces diverses langues comme aussi les appels subtils des minéraux et des plantes.

Dans cet état de dévoilement j’entendis la science de la Béatitude-Miséricorde (ar-rahmâniyah) énoncée par Le Clément (ar-rahmân) ; de là j’appris la récitation du Coran ; j’étais le rythme, et Il en était la mesure. Mais cela ne le comprendront que les « gens du Coran », qui sont les élus parmi les hommes de Dieu.

(1) C’est pour éviter l’erreur de « localisation » ou « inhabitation » de Dieu que l’Islam rejette le dogme chrétien de l’incarnation ; pour la même raison, la doctrine chrétienne insiste sur la distinction des deux natures du Christ. (pp. 72-73 & 76)
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L’homme universel n’est pas vraiment distinct de Dieu ; il est comme la Face de Dieu dans les créatures. Par l’union avec lui, l’esprit s’unit à Dieu(1). Or, Dieu est tout et en même temps au-dessus de tout, Il est à la fois immanent et transcendant ; de même, l’esprit, dans cet état d’union, s’unit aux créatures dans leurs essences, par une intuition directe ; en même temps, il est comme un diamant qui ne se mêle à rien et qui n’est pénétré par rien, parce qu’il participe à la Réalité divine qui se suffit à elle-même.

La connaissance unitive peut se traduire dans une certaine mesure sur le plan de la conscience distinctive, soit que son éclair transperce soudainement le voile de cette dernière, soit que son actualité toujours présente rende transparentes les choses qui s’offrent à l’expérience humaine.

Dès lors, on pourra dire que le Soufi connaît toute chose, alors qu’il en ignore beaucoup, et l’on pourra dire qu’il ignore les choses de ce monde, bien qu’il les connaisse toutes dans leur essence. En tout état de cause, la qualité de l’omniscience n’appartiendra jamais à l’homme, quel que soit le degré de sa « transparence » spirituelle à l’égard de la Lumière divine.

(1) La théologie chrétienne en dit autant du Logos. (pp. 8-9)
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Il nous semble légitime d’appeler le Soufisme « mystique musulmane », à condition toutefois de donner à l’expression « mystique » son sens originel et précis : le Soufisme a pour but une connaissance dont la nature intime est « mystère », qui ne peut donc être pleinement communiquée par la parole ; ceci ne signifie nullement qu’elle soit incertaine ni qu’elle soit vague dans ses manifestations ; au contraire, elle rayonne dans l’ordre humain selon des lois strictes. La logique ne saurait la circonscrire ; en revanche, la vraie connaissance mystique est souveraine à l’égard de la raison et peut se servir de cette dernière pour retracer, comme par une projection inversée, les réalités qu’elle atteint d’une manière directe et au-delà de tout contour mental.
 
Son organe n’est pas le cerveau, mais le cœur où la connaissance et l’être de l’homme coïncident. En dehors de ce centre inaccessible à la pensée toute perception apparaît comme distincte de la nature de son objet ; c’est dans le cœur seulement que l’homme est ce qu’il connaît, et qu’il connaît ce qu’il est.
 
Cependant, là où la Connaissance rejoint son propre être, et où l’Etre se connaît lui-même dans son immuable actualité, on ne saurait plus parler de l’homme. Dans la mesure où l’esprit plonge dans cet état, il s’identifie, non pas à l’homme individuel, mais à l’Homme universel (al-insan al-Kâmill), qui constitue l’unité interne de toutes les créatures. L’Homme universel est le tout ; c’est par une transposition de l’individuel à l’universel qu’on l’appelle « homme » ; essentiellement, il est le prototype éternel, illimité et divin de tous les êtres.
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