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Critique de Isidoreinthedark


Dave Robichaux, inspecteur de New Iberia et personnage phare des romans de James Lee Burke, fait partie de ma trinité personnelle des héros de romans noirs. Il y côtoie Matthew Scudder, le détective privé new-yorkais imaginé par Lawrence Block et Harry Bosh, l'inspecteur du LAPD inventé par Michael Connelly. Robichaux partage avec Scudder et Bosh une lutte permanente contre des démons intérieurs d'une rare intensité, une forme d'intégrité ainsi qu'une propension à la violence peu commune lorsqu'il s'agit de faire face aux sociopathes qui hantent les sagas des trois protagonistes. A l'instar de Scudder, il affronte au quotidien son passé d'alcoolique repenti, et comme Bosh, il porte en lui les cicatrices invisibles d'ancien du Vietnam. Bref, Dave Robichaux surnommé « belle mèche » cumule les fêlures, qui se déchaînent lors des rêves baroques qui tourmentent ses nuits.

Dans l'avant dernier opus de la série, Dave replonge le temps d'une soirée dans un vortex alcoolisé. Il en émerge les mains meurtries, sans le moindre souvenir des événements de la veille et apprend que l'homme qui a tué son épouse Molly lors d'un accident de la route a été sauvagement assassiné. Son fidèle acolyte, le gargantuesque Clete Purcel, se trouve lui aussi en fâcheuse posture, en raison de dettes de jeu contractées auprès de la mafia de la Nouvelle Orléans. Tourmenté par sa possible implication dans un meurtre, Dave va tenter de dénouer une mystérieuse affaire de viol qui implique la femme de Levon Broussard, un écrivain nostalgique de la Louisiane d'antan et Jimmy Nightingale, personnage aussi séduisant qu'inquiétant qui brigue un poste de sénateur. Tandis que l'enquête patine, et qu'un étrange tueur à gages est en route pour la Louisiane, l'ombre menaçante d'un complot de plus grande envergure plane sur la destinée des protagonistes du roman.

« Robicheaux » n'est pas le meilleur volet de la longue série des aventures du héros éponyme et égare parfois son lecteur dans les méandres d'une intrigue par trop alambiquée. Il est néanmoins impossible de bouder son plaisir de retrouver « belle mèche » et l'inénarrable Clete Purcel au coeur d'une Louisiane magnifiée par l'écriture lyrique de James Lee Burke souvent comparé à William Faulkner.

Le roman est avant tout l'occasion de plonger au coeur de la psyché tourmentée de son héros, celui que Clete appelle son « noble ami ». Robichaux a vieilli mais reste un homme hanté par ses souvenirs de la guerre du Vietnam et par les blessures jamais refermées de la guerre de sécession. Il lui arrive d'apercevoir dans la brume de jeunes soldats confédérés qui déambulent tels des spectres en uniforme dépenaillé tandis que de terribles cauchemars le propulsent au coeur des combats de la jungle vietnamienne. Ecoeuré par la corruption qui gangrène la Louisiane, Dave continue de nouer des liens parfois ambigus avec la mafia locale, comme avec des hommes à l'ambivalence troublante et à l'âme rongée par le remords tel que Jimmy Nightingale.

Le héros de James Lee Burke est au fond un chevalier des temps modernes, défenseur de la veuve et de l'orphelin, doté d'une perception aiguë de l'existence du Mal, surtout lorsque celui-ci s'abat sur les plus faibles. Dave Robichaux ne rate presque jamais une réunion d'Alcooliques Anonymes, ni une messe d'ailleurs et a conscience qu'il n'est de pire ennemi que soi même. Mais quand le voile rouge de la colère obscurcit son esprit, c'est un ouragan d'une violence indicible qui menace de s'abattre sur les êtres nuisibles qui ont le malheur de croiser sa route.
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