Les Orageuses du titre sont des jeunes femmes avec des personnalités, des origines et des occupations différentes mais elles ont en commun d'avoir subi un viol et de vivre avec le traumatisme qui en en a résulté.
Elles estiment leur parole dédaignée, la société inerte et la justice décevante tandis que leurs agresseurs bénéficient d'une incompréhensible mansuétude.
Elles décident donc de constituer un groupe qui rendra visite à chacun des garçons ou hommes responsables de leur malheur, pour faire leur connaître, dans les coups et la destruction, les émotions qui les ont traversées lorsqu'elles ont été leurs victimes : la terreur, la douleur, l'incompréhension, le doute, la honte...
J'ai rarement lu quelque chose d'aussi puissant sur la bienveillance des femmes entre elles, les effets bénéfiques du groupe, les vertus de la parole partagée et la colère comme moteur de reconstruction.
D'aussi dérangeant aussi car le livre soulève de nombreuses questions, sans y répondre : a-t-on le droit de se faire justice soi-même ? La violence appelle-t-elle la violence ? La vengeance peut-elle se substituer à la justice ? Se venger fait-il reprendre le contrôle de sa vie ? L'action punitive a-t-elle sa place dans la lutte pour l'égalité et la fin du patriarcat ?
J'ai également apprécié que l'écriture de ce court roman, fluide et imagée, ne soit jamais sacrifiée au profit du message : le fond égale la forme, c'est une belle réussite.
Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure.
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