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Elles sont jeunes, fragiles, solitaires, mais ce sont des femmes fortes et déterminées. Elles se sont reconnues, car elles ont été victimes de harcèlement ou de viol. Pourtant aucune n'a osé déposer plainte. A quoi bon si c'est pour ne pas être écoutée, pour être moquée, soupçonnée, dénigrée. Cela, elles ne l'auraient pas supporté, pas après ce qu'elles ont subi. Mais c'est l'orage qui gronde dans leurs têtes et dans leurs corps. Car comment se remet-on d'une agression. Que peut-on faire si l'on est tiraillée entre honte et culpabilité, dégoût et colère, quand on ne sait même plus si l'on a envie de se terrer ou de répondre par la violence.

Un jour ces orageuses décident de se venger et de donner ensemble la réponse qu'elles attendaient d'une société qui s'avère aussi muette que transparente face aux violences faites aux femmes. le gang de filles décide de frapper ceux qui les ont blessées en exerçant cette vengeance qui permettra enfin de parvenir à une forme de résilience.

Est-ce seulement réalisable dans une société qui n'attend des femmes qu'une forme de soumission et d'effacement, qui leur demande de de rester avec leurs peurs et leurs angoisses, en espérant qu'à la longue tout rentrera dans l'ordre.

Les orageuses montre la force de celles qui ensemble cherchent et trouvent une réponse. Mais si la vengeance est salvatrice, l'impossibilité de la voir s'appliquer aux autres victimes rend encore plus désespérant le manque de réaction de la justice face aux violences faites aux femmes, sans parler du silence assourdissant face aux féminicides. Ce premier roman résistant et vindicatif éveille nos consciences sur les dégâts qu'entraîne l'absence de réponse de la justice pour les victimes.

Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/05/20/les-orageuses-marcia-burnier/

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Il m'a fallu du temps avant que je me décide à écrire cette chronique car la lecture de ce premier roman de Marcia Burnier n'a pas été de tout repos, tout autant que de mettre de l'ordre dans mes impressions !
Inès, Mia, Léo, Louise, Niwa, Lila, Fanta, Lucie et l'on pourrait en citer tant d'autre hélas … Toutes ont vécu un viol ou ont été agressées sexuellement, toutes gardent un traumatisme qu'elles ne savent comment évacuer. Toutes conservent en elles une violence et des sentiments contradictoires qu'elles ont besoin de libérer, d'exprimer… Toutes réagissent différemment mais toutes ont choisi de se rendre justice par elles-mêmes en manifestant, en vandalisant ou en lançant des expéditions punitives - telles des Amazones - contre ces hommes qui les ont fait souffrir. Elles sont à leur tour devenues des prédatrices. A plusieurs on se comprend, on se sent plus fortes, on se soutient, on est aussi prêtes à tous les excès. On n'a plus peur d'EUX. Ces femmes ont de la haine, des envies de suicide, de sexe à fortes doses… Pas de pardon ! Car le corps garde des traces de ces actes délictueux, même longtemps après l'agression, il conserve des blocages psychologiques. « Qu'en bas, là en lui montrant son bas ventre, c'est pourri ». Elles ont des crises d'angoisse, martyrisent leurs corps. Rien ne semble prévu pour les aider « On dit pas vengeance, c'est pas la même chose, là on se répare, on se rend justice parce que personne d'autre n'est disposé à le faire ». Aussi ont-elles décidé de riposter, oeil pour oeil et dent pour dent : la loi du Talion. Car elles ne croient plus en la justice humaine et en ceux qui sont sensés les aider. Car même ceux dont le rôle est de les protéger ne comprennent pas toujours ce qui s'est passé ou ont tendance à les juger coupables « vous avez des moeurs légères, vous êtes des mythomanes », elles souvent accusées de mentir … Problème de crédibilité, solidarité masculine ?? C'est un sujet important à traiter car trop d'hommes encore pensent que les viols sont rares, que la plupart des femmes mentent. « Ces connards » car même tes propres amis peuvent en être car ils n'ont pas l'impression de violer, juste de forcer un peu pour convaincre la femme d'accepter une relation sexuelle.
L'auteur a inventé un nom commun : les orageuses. Ce mot n'existe que sous forme d'adjectif et veut dire tumultueux, ce qui correspond très bien à l'état d'esprit de ces jeunes femmes sujettes à des confusions violentes. Ce texte court, sans dialogue ou si peu, traduit les émotions que ces orageuses ont dans leur tête.
C'est un livre qui, s'il ne m'était pas parvenu dans le cadre des 68, que je n'aurai pas lu ou que je n'aurai pas fini à cause de cette confusion qui règne dans ses pages et surtout à cause de l'écriture qui m'a fortement déplu. Ce livre use et abuse d'un langage parlé. Son contenu est perturbant, déconcertant, mais aussi émouvant et pourtant tellement nécessaire. Lecture insoutenable mais je dirai même vitale pour comprendre ce qu'ont vécu ces femmes dans leurs corps, dans leurs têtes, pour tenter d'analyser leurs comportements et l'orage qui explose, résonne en elles. Elles sont démolies, saccagées. Si l'on n'a pas soi-même vécu un viol il est impossible d'imaginer, de comprendre par quelles étapes, quels sentiments ces jeunes femmes ou femmes sont passées. Comment peut-on pardonner à ces hommes, comment peut-on atténuer ces cicatrices faîtes à leur corps, comment expliquer ce que l'on a vécu et l'expliquer aux autres ? Un univers de noirceur qui explose à toutes les pages. le livre aborde tous les aspects du viol, montrent les préjugés qui sévissent encore et toujours. Un thème très actuel depuis quelques années avec la naissance du mouvement MeToo/ BalanceTonPorc qui encourage la prise de parole des femmes et qui veut faire savoir que le viol et les agressions sexuelles sont plus courants que ce qui est supposé et qui permet aux victimes de s'exprimer. Je ne sais si c'est possible, mais ce livre me laisse à penser que l'auteur a vécu ce qu'elle raconte dans sa chair.
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Il est très rare que je sois soulagée à la fin d'une lecture. Soulagée que le roman en question soit si court, même pas 150 pages pour celui-ci, Les orageuses, que Marcia Burnier signe aux éditions Cambourakis et que j'ai lu pour l'association des 68 premières fois. Enfin... lire n'est peut-être même pas le terme exact. Vivre conviendrait mieux tellement ces mots, ce récit m'ont pénétrée, envahie et bouleversé mon intime.

Les orageuses, c'est un gang de filles qui, toutes, ont subi des violences sexuelles ou ont été violées. Et à qui justice n'a pas été rendue. Soit parce que leur plainte n'a pas été entendue ou suffisamment prise en compte, soit parce que leur agresseur n'a pas été inquiété ou puni, soit encore parce que porter plainte est un tel acte de courage qu'elles n'ont pas pu ou pas su s'y résoudre, gardant leur douleur en elles et s'efforçant de vivre avec.

Alors ces filles, ces femmes, Mia, Inès, Lucie et toutes les autres se liguent pour non pas se venger "on ne dit pas vengeance" mais rendre justice, se rendre justice pour se réparer, essayer de reprendre pied, se sauver peut-être. Mais n'est-ce pas impossible?

Quand j'ai reçu ce premier roman de Marcia Burnier, j'ai été heurtée par son illustration de couverture peinte par Marianne Aqua. Ces visages qui n'en sont pas, marqués de souffrance, comme venus d'un monde autre, un au-delà qui ressemble à l'enfer.

La 4e m'a également fait peur. Et je m'y suis prise à deux fois pour le lire. Ces femmes abusées, meurtries dans leur chair, dans leur intimité, ces êtres de souffrance, ces survivantes, je les ai connues aussi. Je les ai accueillies lorsque j'enseignais le français il y a encore un an. J'ai parlé avec elles, je les ai écoutées, j'ai essayé de les aider mais n'était-ce pas un combat perdu d'avance?

Alors, oui, ce roman est dur mais aussi terriblement humain et d'un courage impressionnant. Et oui aussi, j'ai été soulagée qu'il ne soit pas plus long. Ce que nous donne à lire Marcia Burnier est amplement suffisant.

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Un premier roman habité par une colère légitime et incandescente.

Elles sont sept jeunes femmes qui ont en commun d'avoir été victimes de violences masculines, du harcèlement au viol. En commun aussi l'absence d'écoute réelle de la société. du sexisme ordinaire à la culture du viol, elles ont conscience qu'on attend d'elles qu'elles ne fassent pas de vagues, "qu'elles [vivent avec] qu'elles paient leur psychothérapie pendant que l'autre continue sa vie sans accroc, sans choc."

Elles vont mal, font cauchemar sur cauchemar, se sentent en insécurité partout, n'arrivent plus à envisager une relation de couple normale.
Il y a un esprit de défaite, de faiblesse insidieusement entré dans tous leurs pores depuis l'enfance. L'orage gronde quand ensemble dans un élan salvateur de sororité, une pulsion de vie qui les pousse à la guérison, elles vont reprendre leurs vies en main et décider de se faire du bien, de se réparer pour pouvoir à nouveau avancer tête haute. Dans des limites bien définies sans violence physique, leur "gang" va s'en prendre à chacun des agresseurs, un par un, et leur faire ressentir la peur, la honte, le traumatisme ...

C'est un joli roman féministe qui se lit facilement. L'écriture est fluide et efficace. J'ai ressenti cette colère et cette révolte devant l'inertie de la société. J'ai ressenti de l'empathie pour ces jeunes femmes qu'on découvre les unes après les autres au fil du roman, et aimé leur écoute mutuelle, la présence qu'elles se donnent comme une pause nécessaire, bienveillante et salvatrice.

C'est un roman coup de poing, un cri de colère, un manifeste pour la sororité parce qu'ensemble et solidaires, les femmes sont puissantes.
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Les Orageuses est un court premier roman militant qui surfe sur la vague du Me Too. Des jeunes femmes se regroupent pour essayer de se reconstruire après avoir subi des agressions sexuelles. Notre monde étant beaucoup trop laxiste envers les hommes elles décident de se venger à leur manière. C'est en formant un gang de filles vengeresses qu'elles vont se réparer. le partage de la parole, pourtant salvateur, ne leur suffit pas. le thème de ce roman n'est absolument pas sur le droit de se faire justice soi-même mais sur la solidarité et la reconstruction.
J'ai bien aimé le fait que ces femmes prennent chacune soin des autres, qu'elles créent un groupe solidaire, une sororité. Je comprends parfaitement leur douleur, leur besoin de vengeance, d'expulser violemment leur colère. Je n'en ai pas pour autant adhérer totalement au récit. Je ne sais pourquoi, j'ai compati mais je n'ai pas éprouvé une réelle empathie pour elles.
J'ai pris ce récit comme des témoignages, il m'a semblé plus documentaire que roman, chacune livrant son ressenti après l'agression et son impossibilité à se réparer. C'est court et cependant répétitif. le style de Marcia Burnier, âpre, incisif, s'accorde bien à la hargne éprouvée par les jeunes femmes. Même si je n'en ai pas spécialement aimé l'approche, ce récit est nécessaire, malheureusement il ne sera sans doute pas lu par beaucoup d'agresseurs.
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Un court récit en écho aux actualités féministes, féminicides de notre époque dont la profusion recèle autant de bonnes que de moins bonnes choses.Attachons-nous à ce récit de la croisade plus ou moins pacifique de cette bande de jeunes femmes unie sous la bannière de Mia en réaction à ce que chacune a pu subir comme violences réelles ou ressenties de la part d'hommes divers mais tous volontairement ou non conscients de la gravité de leurs actes. Lassées des lenteurs judiciaires comme de la difficulté d'obtenir justice et réparations autre que pécuniaires ou pénales, Louise, Leo, Mia, Lucie, Nina et Lila définissent une liste de sept hommes dont chacune a subi d'une manière ou d'une autre la violence et des rapports non désirés et mettent en place une expédition punitive pour faire changer la peur de côté.
141 pages au total où le lecteur découvre les histoires de chacune, leur blessure, leur réaction, les bouleversements qu'elles ont subies et continuent de subir et l'union de ces croisées pour faire changer la terreur de bord. En trouvent-elles pour autant le repos ou une certaine quiétude, pour moi cette question reste entière.
Oeuvre sensible, c'est une année de la vie de ses femmes que le lecteur suit. L'ensemble se lit facilement, pour moi pas forcément un plaidoyer nouveau, hélas
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Ce livre... ce livre est un coup de poing. Il remue les tripes, il prend à la gorge, et il fait aussi, paradoxalement, du bien à mettre ainsi en scène un gang de meufs résilientes et sorores. le thème est dur, elles sont toutes victimes de viol, et cherchent à se rendre justice par elles-mêmes ; en cela, ce livre est intéressant parce qu'il aborde (en si peu de pages) plusieurs sujets : la violence des femmes et son côté potentiellement dérangeant ; les défaillances du système judiciaire ; l'impunité des hommes et leurs considérations que leurs désirs l'emportent ; la moralité d'une telle action (se rendre justice) ; la culture du viol ; l'entente et le soutien de femmes entre elles pour aller mieux ; la résilience... Bref, c'est une lecture essentielle et percutante que je ne peux que conseiller, mais soyez armées et ayez une dose de mangas choupis à côté de vous pour surmonter votre plongée avec Les orageuses.
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Sous la très belle couverture des éditions Cambourakis que je découvrais, gronde et bouillonne la colère trop longtemps silencieuse ou inentendue des Orageuses, ces femmes, ces filles qui ont vu le loup se mettre en travers de leur route, de leur désir, de leur consentement et qui se sont trouvées, retrouvées, resserrées, réchauffées à la chaleur de leur rage commune, de leur douleur particulière. Mia, Esther, Lucie et les autres forment à elles toutes un groupe compact, collé-serré, agissant d'un élan unique pour abattre un bras vengeur sur l'impuni qui leur a fait ça.
Et c'est là, peut-être, que le bât blesse dans l'orageux premier roman de Marcia Brunier, tant sur le fond que sur la forme. La sympathie implicite, la compréhension spontanée, l'empathie instinctive viennent se heurter à cette masse sans contours distincts, à cette pulsion première et viscérale qui se lève pour répondre à cette autre qui les a frappées. Tout au long de ma lecture, plutôt agréable au demeurant, je n'ai cessé de tenter de cerner chaque personnage, sa personnalité, son histoire ainsi que l'organisation temporelle du récit sans parvenir à me représenter nettement ni les uns, ni l'autre ce qui m'a quelque peu laissée sur un sentiment d'inconfort qui, à mon sens, aurait dû rester la prérogative de la teneur du roman. Car, oui, il bouscule, oui, il interroge, même maladroitement, les citoyens, voire les féministes que nous sommes, en soulevant l'éternelle question de la vengeance, l'éternelle tentation de la loi du talion, de la justice rendue à soi-même, par soi-même, d'un lapidaire « oeil pour oeil ». Alors, quoi ? Viol pour viol ? Bien sûr, on comprend l'ampleur de leur rage impuissante face à la lenteur, voire la légèreté ou l'inefficacité d'une justice et de ses lois un brin frileuses. Bien sûr, elles ne vont pas, telles les mégères gendarmicides de Brassens, jusqu'à « couper les choses » de leurs agresseurs (pas ces choses-là en tout cas…). Bien sûr, on ne peut s'empêcher de se dire que, au regard de ce qu'elles ont subi, leurs gestes sont bien peu de chose et que, après tout, il n'y a pas mort d'homme. Non, pas cette fois. Mais, pour les morts d'hommes, justement, du coup, on fait comment ? On écrit des romans, peut-être, en mettant dans ses points toute la violence que les poings ne peuvent pas, ne doivent pas dire.
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"— Peut-être que parfois la vengeance vaut bien la justice, ajouta-t-il."
Michael Connelly, le Poète

"[Lucie] et les autres s'étaient vues sorcières, elles s'étaient vues magiques, elles n'étaient qu'une bande de filles ordinaires qui s'étaient réparées."

Le premier roman de Marcia Burnier, Les Orageuses, a été publié à l'automne 2020 dans la collection Sorcières des éditions Cambourakis. Autant le confesser tout de suite - faute avouée… -, je n'étais pas vraiment emballée par le sujet, craignant un récit de plus sur les violences faites aux femmes. Que l'on ne se méprenne pas, la parole se libère depuis quelques années et c'est tout à fait salutaire, mais – parce qu'il y a un mais – je trouve que les témoignages se multiplient et leur profusion, parce qu'ils l'émoussent et la diluent, nuisent à l'histoire personnelle de chacune de ces femmes. de même, par choix personnel, je ne lis pas les récits autobiographiques ; je n'aime pas entrer dans les entrailles des familles, même si je salue ce qu'il faut de courage pour oser briser le silence.

Le roman de Marcia Burnier choisit, et c'est habile, un angle différent en s'intéressant à ces femmes - elles pourraient être vous, elles pourraient être moi – qui, après avoir été agressées, décident de mettre fin elles-mêmes à l'impunité des hommes dont certains savent ce qu'ils font, là où d'autres n'en ont même pas conscience. Pourtant quelles que soient les circonstances, un non est un non. La fiction, à mon sens, a cet avantage de permettre au lecteur de s'identifier aux personnages, de rendre le récit plus immersif et, partant, plus prenant et convaincant.

Ce récit dérange. Se posent évidemment plusieurs questions morales que ces jeunes trentenaires n'éludent pas : peut-on se faire justice soi-même ? Est-il sain de combattre la violence par la violence ?

"Nina avait été la plus difficile à convaincre, elle avait peur que ça la rabaisse cette violence, elle crevait de trouille de ressembler à tous ces mecs."

Lui donner un autre nom suffit-il à justifier la vengeance ?

"On dit pas vengeance, lui avait dit Mia, c'est pas la même chose, là on se répare, on se rend justice parce que personne d'autre n'est disposé à le faire."

Quand l'assistance sociale piétine, quand la justice, une justice d'hommes, est en faillite, il reste à inventer d'autres solutions, car il est impossible de se rendre invisible indéfiniment, de vivre la peur au ventre, au littéral comme au figuré, et de ne jamais trouver ni le sommeil ni le repos. de là à prôner la loi du talion, "Oeil pour oeil, dent pour dent"… même s'il est clair que leurs expéditions punitives ne font que des dégâts matériels

"Elle voulait une vengeance qui laisse des traces, une vengeance chiante, pas juste des bleus qui disparaissent dans la semaine."

et ne sont qu'un remède pour aller mieux.

"Ce qu'elles voulaient, c'était des réparations, c'était se sentir moins vides, moins laissées-pour-compte. Elles avaient besoin de faire du bruit, de faire des vagues, que leur douleur retentisse quelque part."

Ne nous y trompons pas, Les Orageuses ne fait pas l'apologie de la violence, car comme le dit Nietzsche dans Par-delà le bien et le mal : "Quand on lutte contre les monstres, il faut prendre garde à ne pas devenir un monstre soi-même." D'ailleurs, les opérations rapides et efficaces que mène cette bande de filles contre les hommes qui les ont agressées ne sont pas ce que je choisis de retenir de ce texte. Mia, Lucie, Inès, Leo, Louise et Lila, à mon avis, valent mieux que ça.

"Elle prend le temps de bien les regarder toutes, sorcières mes soeurs, ces vengeresses, pétroleuses, prêtresses, toutes un peu abîmées mais qui ont réussi à se rafistoler comme elles pouvaient. Elle a une bouffée d'amour avant la violence et elle les regarde comme si elle regardait sa famille, Mia, Lila, Inès, Leo et Louise."

Famille : le mot est lâché que, personnellement, je préfère à sororité. Mia, Lucie, Inès, Leo, Louise et Lila se sont reconnues, dans leurs blessures à panser, dans leurs espoirs à nourrir. Ensemble, elles sont plus fortes. Elles se soutiennent pour faire face à la peur qui a fait son lit dans leur quotidien, et endurer la suspicion de personnes qu'elles croyaient proches, tel leur ami Flo. Grâce à leur bienveillance réciproque, elles reprennent peu à peu le contrôle de leur vie et le goût de vivre qui devrait toujours aller avec. Ensemble, elles taguent les murs de leurs agresseurs comme elles tatouent leur corps à elles, dessinant un avenir. Ensemble.

"Quand elle les avait revues, Mia avait trouvé la nuit plus claire, elle s'était dit qu'elles ensemble c'était comme un orage d'été, qui illumine un ciel trop lourdement chargé."

Ce roman de peu de pages est vif, le ton, enlevé, les phrases courent sans prétention, enjambant prestement les virgules, nombreuses. Un a priori idiot m'a fait penser que j'y trouverais beaucoup de dialogues, or ils sont rares. À la réflexion, ils auraient freiné le dynamisme de la narration, en en cassant le flux que l'on pense inendiguable. le texte a la vaillance de ses héroïnes, leur rage dans le combat et leur bienveillance dans l'amitié.

"[Lucie] se tient droite, les épaules en arrière, la tête haute, les poings desserrés. […] Personne n'apprend aux filles le bonheur de la revanche, la joie des représailles bien faites, […] qu'on ne tend pas l'autre joue aux violeurs, que le pardon n'a rien à voir avec la guérison."

Faire que la peur se lise dans d'autres yeux, avant de se redresser pour porter le regard loin devant soi. Si possible avec confiance.
Pour ceux qui l'ont lu, Confessions d'un gang de filles de Joyce Carol Oates (Stock, La cosmopolite, 1995) viendra à l'esprit. Immanquablement. Les Orageuses n'en a pas la sauvagerie. le propos de Marcia Burnier est ailleurs, car en exposant les fêlures de ces jeunes femmes, elle s'interdit d'en faire des petites dures bravaches. Non, elles ne sont pas dures, Mia, Lucie, Inès, Leo, Lila et Louise ; elles n'ont plus l'innocence ni les excès adolescents de Maddy, Goldie, Lana, Rita et Legs au temps de leurs équipées sauvages et musclées.
Marcia Burnier a sans conteste une écriture incisive et brute, et son roman, comme souvent avec les premiers, porte déjà en lui le germe de fictions futures.

1er roman, lu pour la session 2021 des #68premieresfois

Lien : https://www.calliope-petrich..
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Je n'ai pas réussi à m'attacher vraiment aux héroïnes mais, hormis cela, cette lecture est jubilatoire.
Ce récit de femmes violées dont le désir de vengeance prend le dessus est exaltant.
Des mots coulent une rage et une colère qui réclament réparation.
Explosif et apaisant.
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