Ça passera, ça aussi/
Milena Busquets
Alors qu'elle enterre sa mère, Blanca aperçoit un beau mâle en retrait dans le cimetière et se pose une question :
« Quel est le protocole à suivre pour draguer dans un cimetière. »
le ton de ce roman, d'entrée, est donné.
Blanca décide pour se changer les idées, suite à ce drame, d'aller passer les vacances d'été à la maison de famille de Cadaquès, au nord de Barcelone où elle habite en temps habituel.
Elle se fait accompagner de ses deux ex-maris, Guillem et Oscar, avec les enfants qu'elle a eus avec eux et aussi avec son amant, Santi.
Alors là va commencer un exercice de style osé avec des hauts et des bas, mais surtout des bas. Et puisque « le contraire de la mort, ce n'est pas la vie, c'est le sexe », alors allons-y gaiement.
S'adressant à sa mère dont le souvenir l'obsède autant que le sexe, Blanca nous décrit avec générosité ses allées et venues entre sexe, joints et bouffe.
Les personnages de
Milena Busquets se ressemblent décidément tous : habillés de jeans de préférences délavés, déchirés ou coupés, tous bronzés et amateurs de croquetas et de gaspachos.
« Enfants et adultes sont bronzés et ont l'air heureux. » Une page plus loin : « Tu es bien bronzé/Réponse : je suis toujours bronzé./Comment tu vas ?/Réponse : bien. » Une conversation intéressante …
Pour tout décrire en un mot ce récit, disons que c'est le vide sidéral. L'humour tenté y reste famélique, pauvre et sans attrait.
« Il aime les bêtes, les femmes, le poker et la marijuana. » et « Il aime les femmes et l'alcool ».
Comme le veut l'époque de nos jours, tout se joue sur l'apparence physique : les descriptions vestimentaires sont légion et détaillées ainsi que le bijoux portés. La psychologie des acteurs reste totalement inexistante. Tout dans l'apparence, tout ce qui se voit. Tout le monde est bien bronzé et en jeans nous est répété de page en page.
Aucun style pour relever le niveau de ce roman. Même quand Blanca se confie :
« J'ai réussi à être une petite fille jusqu'à quarante ans, deux enfants, deux maris, plusieurs liaisons, plusieurs appartements, plusieurs boulots. »
« Nico m'a dit que j'avais une tête de pâtée pour chat. »
Des phrases et des phrases qui n'apportent rien là où il ne se passe strictement rien :
« Tout en mangeant, je joue avec mon portable. Maintenant, je ne le perds plus tous les jours ! » Édifiant !!
Et des affirmation péremptoires : « le sexe me plait, il me cloue au présent…La plupart des amours durent soit deux mois, soit toute la vie ». Bon ! Si elle le dit !
Un des sommets du livre quand une amie de la famille arrive en pleurs ou presque :
« J'ai un chagrin terrible. Je viens d'apprendre que mon gynéco est mort…. (Snif )…C'est le premier homme à avoir mis ses mains dans ma chatte, qui meurt »…(Snif).
Seul l'épilogue émerge, évoquant l'amour de Blanca pour sa mère, cette personne fantasque, intellectuelle, libre et exigeante qu'elle a tant aimée et tant détestée, (mais que l'on aurait bien aimé connaître) et dont elle ne peut croire à la disparition, malgré une relation douloureusement complexe.
C'est à la suite de l'émission « La grande librairie » que j'ai choisi de lire ce livre. L'auteur,
Milena Busquets nous a présenté son livre avec talent. Personne sympathique et impertinente, charmante et brillante, elle a su nous donner envie de lire son roman. Hélas le talent d'un soir ne s'est pas confirmé dans son livre.